Nuits du patrimoine.
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Avec la collaboration de: |
renaissance des cités d'europe" |
Barsac le 18 septembre 2004. |
Fifre
et Tambour |
Eric et Nathalie Roulet. |
Une
ancienne tradition de musique de rue a pu persister et connaît actuellement un
certain développement: c'est la ripataulèra.
Cette pratique du fifre, du tambour et de la grosse caisse s'étend actuellement sur le sud de la gironde.
Mais
il s'agit d'une position de repli: l'aire d'extension de la ripataulèra
a certainement été plus importante, couvrant, selon toute probabilité, toute
la plaine gasconne depuis le médoc jusque dans le Gers.
Cette
survie est due à la volonté acharnée de quelques musiciens, qui ayant acquis
la conscience d'être les derniers, ont décidé d'enseigner et d'étendre leur
savoir. Situation exceptionnelle qui résulte de la rencontre entre ces derniers
musiciens et quelques ethnologues qui ont su valoriser leur pratique.
En outre, leur action a pu bénéficier d'un contexte favorable : il y a eu conjonction du besoin de musique de rue et du sentiment diffus, mais présent en Bazadais (région de Bazas, en Sud Gironde), de la nécessité de sauvegarder la tradition gasconne: le fifre et le tambour accompagnent rituellement certaines manifestations populaires.
Pas de présentation des boeufs gras le jeudi de carnaval sans fifres et tambours, pas de maillades, plantation du pin à l'issue des élections sans fifre et tambour etc.
Le
fifre est une flûte traversière de petite taille, sans clefs,
traditionnellement percée de six trous.
Actuellement
un trou de pouce est souvent ajouté, qui en facilite l'usage et rapproche le
doigté de celui de la flûte traversière. Le fifre possède deux octaves et
demie, poussant parfois jusqu'au suraigu, mais il reste un instrument
diatonique.
Il n'est en aucun cas un instrument spécifiquement gascon, de nombreuses régions d'Europe possèdent une tradition de fifre et de tambour, parfois très proche de celle de la Gascogne: Haut Languedoc, Provence, Flandres, Suisse...
Car
le couple fifre et tambour, fut entre le 16e et le 19e siècle l'outil privilégié
de la musique militaire. Le mot fifre lui même provient de l'allemand pfeiffer,
l'instrument aurait été introduit dans les armées françaises sous François
1er par les gardes
suisses.
Doit-on pour autant en déduire que l'introduction du fifre en Gascogne est consécutive aux pratiques militaires ?
Rien n'est démontré, le répertoire Bazadais est un savant mélange de danses traditionnelles et de musique d'origine militaire ... l'influence de l'armée est évidente, mais peut-être pas unique.
Alors même que les fifres manufacturés se vendaient sur les foires et les marchés, de nombreux témoignages soulignent l'existence d'une industrie locale de fabrication de l'instrument, notamment à partir du sureau: indice d'un usage plus ancien d'une flûte traversière primitive ?
Comme dans la tradition militaire, il ne joue jamais seul, et accompagné d'un tambour et d'une grosse caisse: l'ensemble forme la ripataulèra.
Dans
le domaine de la musique gasconne, cette formation est une exception ... entre
le fifre et le tambour une certaine complicité règne...
Réalisée le 17 novembre 2004 | André Cochet |
Mise ur le Web le 19 novembre 2004 |
Christian Flages |