Nuits du patrimoine.

 

Avec la collaboration de:

renaissance des cités d'europe"

Barsac le 18 septembre 2004.

 Le château Menota
à
Barsac.

 

Jean Luc Harribey, 

historien de l'architecture.

 

 

Situé à l'ouest du bourg de Barsac, le château MENOTA, dont l'entrée principale se dissimule derrière un écrin de frondaisons, est un édifice singulier. 

A la physionomie toute médiévale, il s'apparente aux châteaux cours à plan régulier qui virent le jour au 12e siècle et furent très en vogue aux 13e et 14e siècles. On en a d'ailleurs de très beaux exemples dans notre région.

 

MENOTA, de nos jours, se présente comme un édifice apparemment homogène.  

 

 

MENOTA s'inscrit dans un plan barlong de 54x46 mètres, son entrée principale s'ouvrant dans la courtine sud-est. Cette façade, qui est celle d'arrivée, est très caractéristique, avec sa longue courtine aveugle, à faible élévation, à peine 4 mètres, couronnée de merlons fantaisie du 17e siècle. 

Elle est percée en son centre de la porte principale couverte d'un plein cintre. Elle reçoit un simple décor de pilastres à impostes dont le profil mouluré en doucine se poursuit en archivolte soulignant l'arc. 

A chaque extrémité de la courtine se trouvent deux tours de plan circulaire dont les parois maçonnées ont la particularité de présenter un léger fruit. Ces tours reçoivent une toiture conique en tuiles canal et sont couronnées d'un épi de faîtage en terre cuite vernissée. 

Si la tour est cantonne l'angle des courtines, celle du sud, est engagée à demi dans les bâtiments d'exploitation. Ce dernier qui forme la face sud-ouest, a deux niveaux et renferme chais et cuviers. 

La face nord-ouest qui est le revers du logis, n'a aucun flanquement. Elle est dominée par une tour carrée, en moellons irréguliers de parement et couronnée d'un crénelage à petits merlons.

 

La cour intérieure est vaste, 32 x 32 mètres. Face à l'entrée se trouve le logis. Il a deux niveaux et est percé de nombreuses ouvertures, croisées et demi-croisées. Au rez-de-chaussée une baie triple est plus récente, alors que la porte d'entrée qui s'ouvre sous un arc plein cintre, surmonté d'un jour, présente les moulures caractéristiques du 17e siècle.

 

Ce logis qui est le bâtiment le plus élevé, hormis la tour carrée, se prolonge à l'ouest et au nord d'une aile plus basse, à un niveau. Celle de l'ouest qui conserve une porte moulurée identique à celle du logis, vient butter contre les bâtiments viticoles.

 

Celle du nord, légèrement en retrait se prolonge en retour jusqu'au milieu de la face nord-est. Elle conserve également une porte identique. On observe sur l'ensemble des bâtiments d'exploitation, diverses baies, étroites, couvertes d'un plein cintre, dont certaines ont conservé leur ferrure. Dans la cour, à l'angle est, se remarque le puits à margelle à panse renflée.

 

MENOTA un édifice qui sous son homogénéité apparente est en fait le résultat de campagnes d'aménagements et de restructurations successifs.

 

L'analyse des constructions en place fait apparaître clairement qu'il y a eu plusieurs campagnes de travaux. 

 

La plus importante a eu lieu au tout début du 17e siècle sous l'impulsion d'Isaac de LURBE, avocat de Bordeaux et procureur syndic de cette même ville. C'est lui qui donne l'aspect de MENOTA avec un réaménagement complet de l'édifice, logis, porte de la courtine, bâtiments d'exploitation, et courtine et couronnement.

 

Une autre campagne voit l'extension de l'aile sud-ouest par adjonction du grand bâtiment viticole à deux niveaux, qui vient s'appuyer contre la courtine. Celle-ci est toujours visible à l'intérieur, étant devenue un refend, de même qu'une partie de la tour d'angle.

 

Cet état de MENOTA, est celui parfaitement visible sur le plan cadastral de 1850. Si la campagne due à Isaac de LURBE est parfaitement identifiable, l'extension du bâtiment viticole est, certes réalisée avant 1850, mais comme elle ne présente aucun élément identifiable, elle peut remonter au plus tôt à la deuxième moitié du 18e siècle. Peut-être s'agit-il d'un rajout du aux PIGNEGUY qui acquirent MENOTA au milieu du 17e siècle.

 

L'autre rajout parfaitement lisible est la tour carrée. Elle a été construite au début du 20e siècle par les anciens propriétaires. Elle ne présente aucun intérêt architectural. Elle se veut simplement être représentative de la symbolique médiévale, en rappelant la tour maîtresse, avec ici un simulacre des attributs défensifs que sont les mâchicoulis et le crénelage.

 

Cependant ces différents travaux et aménagements qui ont contribué à parfaire la physionomie actuelle de MENOTA ont été établis à partir d'un édifice existant, dont le logis et une partie des courtines semblent être le noyau primitif. 

Le logis à deux niveaux est dans la lignée de ces manoirs qui virent le jour du 15e au 17e siècles, manoirs eux-mêmes dérivés des maisons fortes ou salles médiévales, dont un exemplaire exceptionnel, la SALLASSE, se trouve à Barsac. 

Souvent ces manoirs avaient, en avant, une cour entourée de courtines assez basses, ainsi celles de La SALLE à Pujols étaient encore visibles au milieu du 19e siècle. 

MENOTA, qui remonte sans doute au 16e Siècle, se présentait avant les travaux d'Isaac de LURBE, comme un logis précédé d'une cour ceinte de courtines.

 

MENOTA, un édifice dans un contexte particulier et sous l'influence des grandes seigneuries d'origine médiévale.

 

BARSAC est le siège d'une prévôté royale dont l'origine remonte au moins au 12e siècle. Si au départ elle était très étendue, elle se réduit après démembrements successifs à six paroisses en 1783. Il s'agit de Barsac, Bommes, Preignac, Sauternes, Pujols et Cérons. 

Par exemple, en 1306, Budos en fait partie. 

En 1309 elle en est détachée après obtention de la haute justice par Raymond Guillaume de Budos. Il n'y a pas de siège représentatif de cette prévôté et par la même de château du prévôt puisque souvent celui-ci était un tenant d'une grande famille. 

Au sein de ce territoire vont naître peu à peu des domaines qui vont devenir des sortes de micro seigneuries dont le siège va être signifié et symbolisé par le château, ou au départ par une construction qui va se donner un air de château. 

 

 de données qui constituent une véritable chaîne d'activités. Il y a un domaine agricole, plus ou moins vaste, en production et la vigne en est un des éléments. 

 

L'extension la plus marquée se situe au 17e siècle; il suffit de voir le nombre d'édifices construits ou réhabilités à cette époque. 

 

Un autre facteur non négligeable, est la présence sur de longues périodes des propriétaires. Leur possession devenant ici quasiment leur résidence principale. Cela a eu pour conséquence d'avoir un logis important. Mais tout en en étant l'élément central, il est parfaitement intégré dans l'ensemble architectural, logis, dépendances, qui compose le château. 

Ainsi dans cette zone, selon la taille et les ressources issues du domaine le château s'organise en cours. D'une cour unique, ayant en fond le logis et deux ailes de dépendances en retour, on passe à deux cours et à trois cours pour les plus vastes que sont MALLE et ARMAJAN, ce dernier étant le plus représentatif et le plus abouti. 

En dehors de l'organisation du domaine, les propriétaires qu'ils soient nobles ou bourgeois ont ressenti le besoin de s'affirmer face au pouvoir du prévôt. Quoi de plus naturel que de se tourner alors vers une certaine architecture castrale, se donner une allure de château. 

Pour un certain nombre de constructions le château médiéval, semble être le meilleur exemple. Il est vrai qu'autour de la prévôté il y a bon nombre d'édifices importants, comme FARGUES, BUDOS, VILLANDRAUT, LANDIRAS. 

Edifices significatifs car associant au mieux dans une enceinte à plan régulier, ( plan Philippien ), habitat, défense, symbolisme et prenant en compte les besoins directs du domaine lié au château car ils ont tous des basse-cours importantes. 

Cette influence médiévale se note sur plusieurs châteaux qui s'organisent autour d'une cour close, qui ont adopté le principe de courtines avec couronnement de merlons purement symboliques et décoratifs et flanque

LES CHANTS
DES CHATEAUX DE BARSAC

Château de Menota.

Air: Les Mandarines.

Quand j'ai bu l'ambroisie
D'un c
élèbre cru d'ici,
Les femmes sont jolies
Toutes
, les laides aussi.
Mon
âme se dilata.
Et je suis l'Amour vainqueur !
Quand je bois du Menota.
J'ai du soleil plein le coeur !

ment de tours rondes.

 

On note ainsi MENOTA à Barsac, YQUEM à Sauternes, qui possédait une avant cour attenante encore visible en 1865, LAFAURIE-PEYRAGUEY à Bommes, dont le noyau central pourrait en partie être un reste de la maison forte que Jean COLOMB fit construire en 1288.  SAINT-CRICQ à Cérons dont la grande façade flanquée de pavillons est du 17e siècle et dans une mesure moindre COMMARQUE et LAMOTHE à Sauternes.

 

Il conviendrait aussi de rajouter à cette liste ARMAJAN, dans son état ancien qui est connu par un dessin et RAYNE-VIGNEAU avant les travaux du 19e siècle qui ont entraîné la destruction de l'édifice primitif. 

 

L'utilisation du vocabulaire architectural médiéval, notamment les notions de mur et courtine, de couronnement crénelé, de merlon, de tour se retrouve dans d'autres édifices comme MALLE ou SUDUIRAUT ou sur les murs de clôture des jardins ou des vignes. 

 

A Barsac apparaît la notion de clos. Ainsi lorsque le Président PICHARD vend au Président FILHOT son domaine de COUTET, vers 1786, il est fait mention de quatre clos de vignes.

 

L'architecture de MENOTA qui dans l'essentiel est du 17e siècle, est une particularité de l'ancienne prévôté de Barsac, où on a continué à utiliser le vocabulaire architectural médiéval, principalement la courtine crénelée et la tour de flanquement dominante. 

 

Il semble que le château ayant le plus influencé, soit BUDOS, car outre les éléments déjà cité, il y a aussi les dimensions, le logis principal face à l'entrée et la disposition en U autour de la cour.

  

Réalisée le 17 novembre 2004  André Cochet
Mise ur le Web le  19  novembre 2004

Christian Flages

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