Inventée pratiquement sous sa forme actuelle par le peuple celte quelques décennies avant l'ère chrétienne, la barrique en bois fut découverte par les romains lors de l'occupation de la Gaule.

Le bois utilisé est appelé merrain. 

Bien entendu toutes les essences d'arbres ne sont pas adaptées à la conservation des produits alcoolisés. 

Le bois ne doit pas communiquer de mauvais goût au contenu, doit être assez compact pour assurer une étanchéité, solide pour résister aux diverses manipulations. 

Les deux essences se prêtant le mieux à cet usage sont le chêne rouvre et le châtaignier dans de moindre cas.

En tonnellerie on n'emploie que le bois de coeur, un chêne de 50 cm de diamètre au pied assure la fabrication de quatre fûts de 500 litres.

Le secret de l'étanchéité d'un tonneau passe par la subtile fabrication des douelles à l'aide de la doloère : hache dissymétrique à long tranchant.

Après les opérations d'écourtage, d'évitage, de dolage et de jointage, les douelles sont prêtes à être assemblées.

Après ce travail s'effectue la régularisation à l'aide d'un gros rabot retourné appelé colombe.

Le tout tient grâce à la pression d'un cercle de tête et deux cercles de bouge. Afin d'assurer la liaison de la partie inférieure des douelles, une fois le tonneau monté en rose, il est amené au poste de chauffe. Déposé au-dessus d'un feu très vif durant environ trois-quart d'heure, jusqu'à ce que la partie extérieure devienne chaude.

On augmente rapidement la souplesse du chêne à l'aide d'un linge humide. Le brûlage du bois modifie la constitution du chêne. 

Les composés glucidiques (cellulose, humicellulose) et polyphunolique

 (lignines, tanins) vont être agrandis, en libérant des molécules odorantes (odeur de vanille, d'amande) qui conféreront aux vins des arômes très particuliers.

La base du fût est ensuite cintrée à l'aide d'un étreignoir puis bloquée par les cercles complémentaires.

Il convient ensuite de parer l'intérieur en rognant un peu de bois sur une quinzaine de centimètres afin d'éviter les aspérités. Le tonnelier ensuite crée une rainure destinée à accueillir le fond. Le fond est assuré avec le bois de funsalles, un jonc au montage assurera l'étanchéité de l'ensemble.

C'est au dernier moment qu'on perce le trou de la bonde, les fûts à vin sont percés à la vrille pour placer un robinet.

Le chant des Tonneliers.

I.

C'est vraiment un rude métier
Que celui d'ouvrier tonnelier;
Et l'on ne peut bien le connaître,

Qu'avec la leçon de l'ancêtre,

Après l'école, il faut qu'on aille

Avec lui, vite, à l'atelier

Tout jeune faire sa futaille,

D'apprenti, passer tonnelier.

Refrain.

Des compagnons de la doloire,

Des tonneliers, des tonneliers,

Nous venons raconter l'histoire

Des tonneliers,

Chantons en leur honneur la gloire

Des tonneliers, des tonneliers,

En attendant qu'on verse à boire,

Aux tonneliers, aux tonneliers.

II.

Dès l'aurore, on entend le bruit

De son marteau jusqu'à la nuit;

Il va, vient, s'active et s'applique

A faire au plus tôt sa barrique.

Sur son front la sueur ruisselle;

Frappe, allons, ne l'épargne pas !

La tâche est pénible et rebelle,

Ta fortune est dans tes seuls bras.

III.

Mais à peine est‑il achevé,

Voilà mon travail enlevé;

Ma barrique a passé ma parole.

Qui sait où le destin l'emporte ?

Du médoc devient‑il la tonne?

Tes flancs auront du sang vermeil.

Si, du Barsac, à toi se donne,

Tu posséderas le soleil.

IV.

C'est vraiment un rude métier

Que celui d'ouvrier tonnelier,

Car je donne au métier que j'aime

Mes forces, mon sang, tout moi-même,

Si je n'ai pas en récompense

Du labeur le prix mérité,

J'ai du moins mon indépendance:

Mon travail, c'est ma liberté.

Au dernier refrain au lieu de nous allons raconter, nous avons raconté.