Visages
de

Barsac.

Tome I.

Page 37.

 

 

La querelle 
des 
Hydropotes et des Vinipotes.

 

                       

   

Le Buveur d'eau :

 

Boire du vin, pourquoi ? Pour avoir au palais 
La sensation d'un or qui coule dans la bouche ?
Leur langue disent-ils est la pierre de touche 
De tous les meilleurs crus et des nectars ailés. 
Je bois de l'eau. Il y a longtemps que j'aime 
Le pur cristal changeant de cette liqueur blême 
Qui, courant sur la terre pour remonter aux cieux, 
Contient tous les plaisirs, ceux des hommes et des Dieux.

 

 

Le Buveur de vin :

 

Buveur d'eau, être abject qui dédaignes la terre, 
Ses joies et ses plaisirs, ses vices et ses hoquets, 
Tu ne connaîtras pas les délices d'un verre 
Que d'une main tremblante on met en son gosier.

 

Tu ne sauras jamais les vapeurs qui nous grisent, 
Les grandes voluptés de notre Dieu Bacchus :
Chaque goutte de vin chasse les heures grises, 
Et chaque goutte d'eau provoque mon rictus.

 

La liqueur que je bois, mais c'est le soleil même, 
Avec tous ses rayons, avec tous ses reflets, 
La liqueur que je bois, que tout le monde aime, 
A toutes les couleurs et parfums d'un bouquet.

 

Quant à toi, buveur d'eau, pâle visage blême, 
Qui détournes tes lèvres de ce nectar des rois, 

Ton crime est si honteux, que pas un cocher même 
Ne voudrait se commettre à trinquer avec toi.

P. G. (juillet 1942).
 
 

 

Un vigneron du XVIIIème siècle parle :
 

Je suis un vigneron, 
Je suis un bon luron, 
Qui travaille et qui chante. 

Si j'ai l'âme contente, 
C'est au bon vin que je le dois. 
Gloire à la treille, qui nous fait boire !
Faut pas se chauffer de son bois.

 

 

 

Réalisée le 8 avril  2004  André Cochet
Mise ur le Web le   avril  2004

Christian Flages