Visages
de

Barsac.

Tome I.

Page 39/40/41.

 

 

Déclarations de récoltes en vin.

(Mairie de Barsac)

Blanc   Rouge
Années Superficies
en ha
Récolte en hl. Stock
antérieur
R.M. Obs. Hectares Hectos
1910 443  3.801 5.739 8,58   129 1.131
1915  449

2.751

  6,1  Guerre   100  460
1920 534 13.231 7.496 24,7   111 3.561
1925 603 22.485 9.207 37,8      
1930 683 8.828 11.976 12,9 Mildiou 45 458
1935 673,2 11.995,5 18.818 17,8   51 1.096
1936 683 12.583 14.408 18,4      
1937 656,7 12.512 15.241 19 Qu: Extra    
1938 652 8.206          
1939 698 25.102 8.303 35,8 Médiocre    
1940 653 10.947 17.482 16,7      
1941 681 10.756 6.522 15,7      
1942 675 10.918 11.327 17,1   48,9 885
1943 786,25 Barsac 12.723
Bx Sup.1.360
         
1944   13.623          
1945   1.691     Gelées 1/2 mai    

 

 

REMARQUES SUR LES CHIFFRES CI-DESSUS :

   

 

1°)  Nombre des déclarants. 

210 en 1908, 
240 en 1934, 
225 en 1942 dont 160 en A.C. Barsac. 

Donc peu de changements dans les exploitants agricoles.

 

2°) Superficie du vignoble. 

Le blanc passe de 443 hectares en 1910 à 681 en 1941, d'où une augmentation en blanc de 238 hectares, soit plus de 50 %. 

Quant au rouge, il passe de 129 hectares en 1910 à 48 en 1942; diminution de 81 hectares.

 

3°) Quantités récoltées. 

Pour le blanc, la moyenne annuelle passe de 3.801 en 1910 à 10 et 12.000 hectolitres; elle a plus que doublé.

 

On rencontre :

 

2 très grosses récoltes : 

1925 (22.845 hl.) 
1939 (25.102 hl.);

 

5 grosses récoltes : 

1920 (13.231 hl);  
1922
(14.975 hl); 
1924 (14,996 hl);
1929 (15.970 hl);
1934 (19.221 hl);

 

10 bonnes récoltes entre 10.000 et  13.000 hl: 

1927, 1928, 1931, 1932, 1935, 1937, 1940, 1941, 1942, 1943.

 

En résumé, sur 36 récoltes: 17 au-dessus de 10.000 hl. et 19 au-dessous de 10.000.

Rendement moyen communal à l'hectare : Les extrêmes, 6 hl en 1915 et 37,8 en 1925.

Le rendement de 25 hl. n'a été dépassé que 5 fois sur 36 déclarations : en 1925, 37,8; en 1939, 35,8; en 1934, 28,3; en 1922, 27,4 et en  1924, 26,3.

Entre 25 et 10 hl, nous trouvons 24 déclarations et au-dessous de 10 hl., 2 seulement.

Le décret du 11 septembre 1936, qui réglemente l'appellation contrôlée de Barsac, fixe la moyenne quinquennale de chaque producteur à 25 hl à l'hectare.

 

 

REMARQUES SUR LES DECLARATIONS DE RECOLTE
à
 BARSAC :

 

 

Si l'on fait, la récapitulation des crus par superficie, on trouve :

 

Vignobles en Hectares.

 Nombre
 de  à  
20  32  3
20 10 16
10 6 14
6 4 19
4 2 27
2 1 33
1 0,5 32
0, 0,25 13
- de 0,25   12
 
52 au-dessus de 4 ha 30 %
60 de 1 à 4 ha 36 %
57 de moins d'un ha 33%

 

 

MORCELLEMENT DU VIGNOBLE.

 

En 1936, pour la Bourgogne, les 10.260 hectares de la Côte d'Or, vignes fines et ordinaires se répartissent entre 20.874 vignerons, soit un demi-hectare en moyenne par exploitation, avec un rendement moyen à l'hectare de 20 à 25 hectolitres.

Dans la région de Sauternes et de Barsac, le vignoble est-il aussi morcelé que dans la Côte D'Or ?

En 1926, le vignoble de la région se répartissait ainsi :

 

  Nbre de Déclarants Superficie en Ha. Moyenne du déclarant.
Barsac 220 680 3
Sauternes 68 364 5
Preignac 200 341 1,5
Bommes 83 217 2,5
Fargues 47 128 2,8
Moyenne de la région     2,8

 

Donc, chez nous, le vignoble est 5 fois moins morcelé que dans la Côte D'Or, 2 ha 8, au lieu de 0,5; et le rendement moyen à l'hectare n'est que de 15 hectolitres.

La vigne, surtout celle qui produit des vins fins, tend à appartenir au vigneron, seul capable de lui donner tous les soins nécessaires et de lui vouer un zèle suffisant. De plus en plus, la vigne est aux mains de qui la travaille. (G. Roupnel.)

 

CONCLUSIONS.

 

A Barsac, le vignoble est passé de 450  hectares à 700, soit 50 % d'augmentation, et la récolte est plus que doublée, passant de 5.000 hectolitres annuels à 10 et 12.000 hectolitres.

La monoculture en vigne blanche a été trop en faveur ; les prairies naturelles et artificielles ont presque disparu, ct les bètes de trait, boeufs et chevaux, n'ont ni pacage, ni foin; les fourrages doivent venir d'ailleurs, et quand les transports manquent, les animaux sont condamnés à mourir de faim.

Les Barsacais ont oublié ce sage prècepte d'agronomie :

Pour avoir du bon vin, il faut du fumier;
Pour avoir du fumier, il faut du bétail;
Pour avoir du bétail, il faut des prairies;
Donc, pour avoir du bon vin, il faut des prairies.

 

 

 

LA QUALITE.

 

Le décret-loi du 11 septembre 1936 sur l'appellation contrôlée de Barsac exige un degré minimum, un moût contenant 221 gr. de sucre par litre et un vin de 12,5 d'alcool réel plus 0,5 de liqueur Baumé.

Un vin qui ne fait pas ce minimum perd l'appellation Barsac et doit se replier sur l'appellation Bordeaux s'il fait au moins 9,5 d'alcool.

La réglementation des Sauternes et des Barsac est la plus sévère de tout le vignoble girondin et même de tout le vignoble français.

 

Voici quelques comparaisons :

 

  Rendement moyen à l'hectare Degré minimum
Barsac et Sauternes  25 hl. 13
Cérons 40 hl. 12,5
Sainte Croix du Mont 40 hl. 12,5
Médoc 38 hl. 10
Saint Emilion 42 hl. 10,5
Saumur 45 hl. 9
Chablis  40 hl. 10

                  

Si l'on a choisi ces données d'analyse de l'alcool et de la liqueur, c'est que ces éléments principaux sont aisément mesurables et contrôlables.

Ce degré minimum 12,5 + 0,5 est presque toujours largement dépassé par les Barsac qui atteignent couramment 14 + 3 et même 15 + 5 comme en 1929, 1937 et 1942. 

Entre le degré minimum 12,5 +  0,5 et le 14 + 3, il y a toute une gamme de vins de qualité, plus ou moins secs, demi-liquoreux, liquoreux, plus ou moins veloutés et parfumés. 

En empruntant à Poncelet son langage des saveurs musicales, nous dirons que les accords parfaits peuvent être réalisés pour les Barsac par les types suivants : 

12,5 + 0,5 = 13 

13 + 1 = 14 

13,15 + 2 = 15,5 

14 + 3 = 17 

15 + 4 = 19

Suivant la richesse du moût, exprimée couramment en degrés Baumé apparents, on cherchera à réaliser le type préféré et possible; on surveillera la fermentation au pèse-moût (ou par analyse chimique); on l'arrêtera au moment voulu avec l'acide sulfureux, et si elle est paresseuse on pourra l'accélérer eu réchauffant le moût dans les tonneaux avec un réchauffeur électrique.

Ces chiffres indiquent plutôt la puissance d'un vin que sa qualité gustative. Sans doute, un fort degré, en alcool et en liqueur entraîne tout un cortège d'autres éléments de qualité : glycérine, dextrane, éthers, parfums; mais ce qui fait la finesse, le velouté et le bouquet, c'est l'équilibre de ces divers éléments. 

Voici, d'après Gayon et Laborde (Vins, page 362), les analyses de 3 grands crus de Sauternes de l'année 1900 réputée exceptionnelle :

 

  Alcool  Sucre réducteur    Acidité totale  Glycérine Degré initial du moût
Château d'Y 13,6 71,4 5,00 18,15 18
Château    F 14,4 23 4,40 13,84 15,8
Château    C 13,4 83,3 5,25 19,65 18,3

        

Ce sont des vins bien équilibrés qu'on doit chercher à imiter.

Voici, d'après G. Rodiès, les quatre points principaux sur lesquels doit porter l'examen d'un Sauternes et d'un Barsac :

La couleur (ou robe), qui doit être or vert clair et d'une limpidité cristalline;

Le bouquet, qui doit exhaler l'ambre;

Le fruit, qui se distingue par son onctuosité, sa liqueur et sa saveur nettement accusée d'amande;

Le corps, dû a l'exquise finesse d'un alcool à degré élevé.

 

« Qualité passe avant quantité. » (Devise du Syndicat Viticole de Barsac.)

 

 

Réalisée le 3 avril  2004  André Cochet
Mise ur le Web le   avril  2004

Christian Flages