Visages |
|||
Tome I. |
Page 43. |
||
La Pierre dure de Barsac à Bordeaux et aux Antilles.
|
|||
La pierre dure de Barsac, très résistante aux intempéries
et liante au mortier, a été recherchée pour la construction des
maisons. Pour le Grand-théâtre de Bordeaux, construit en
1780 par l'architecte Louis, on a utilisé la pierre dure de Barsac pour
les soubassements et pour le dallage. Voici quelques chiffres tirés du Rapport de l'architecte Paris au contrôleur général Terray, en date du 20 juillet 1774. Prix du pied cube de pierre de Barsac : 15 sols 6
deniers. Prix de la main-d'oeuvre, chaux et sable par toise
superficielle élevée de 20 pieds au-dessus des fondations : 174 livres
16 sols. Prix de la toise
quarrée de carrelage en pierre dure de Barsac : 31 livres. Lorsque nous écrivions ceci, dans notre morceau : Les murs de chez
nous, nous ne pensions qu'au soleil de Guyenne. Or, nous
venons d'apprendre récemment que notre pierre dure de Barsac, qui a émigré
aux Antilles, y subit l'épreuve du soleil tropical. Voici dans quelles conditions nos pierres de la
Gironde émigraient en Amérique. En exploitant les carrières, il arrivait que
certains blocs n'ayant pas les dimensions voulues, étaient taillés en
bordures de trottoir dites « pavé d'Amérique » que l'on transportait
à Bordeaux où ils étaient pris comme lest par les bateaux partant pour
les Antilles. Donc, quand les colons bordelais, planteurs de canne
à sucre ou de café, à la Guadeloupe ou à la Martinique, arpentent les
trottoirs de Basse Terre, de Fort de France ou Saint Pierre, ils ne se
doutent pas qu'ils piétinent une pierre extraite du sol natal
d'Aquitaine, deux fois française, par son origine et par son adoption. Et notre pierre, devenue coloniale, supporte allègrement
les morsures brûlants du soleil des Tropiques. P. G.
|
|||
Réalisée le 8 avril 2004 | André Cochet |
Mise ur le Web le avril 2004 |
Christian Flages |