Visages |
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Tome I. |
Page 49. |
La Vigne vit, elle meurt, elle sauve...
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La Vigne vit : Tels nos
ancêtres, les Gaulois, qui relevaient et attachaient leurs cheveux au
sommet de leur tête, la vigne, que, pendant de longs siècles, on a taillée
en gobelet, voyait ses bras relevés et attachés à un échalas; Comme
les vierges sages de la cathédrale de Strasbourg qui gardent leur robe
agrafée et cachent pudiquement leur lampe dans leur sein, Elle
cachait ses grappes dans son épais feuillage. Depuis
qu'on la taille à long bois, elle est devenue plus coquette : on la
poudre de jaune et de bleu, et, pour mieux recevoir la caresse du soleil,
elle écarte ses bras sur le fil de fer; comme la Vierge consentante qui dégrafe
sa robe et laisse tomber sa lampe à ses pieds pour sourire au séducteur,
elle étale ses pampres sans modestie et sans pudeur.
La Vigne meurt :
Dans
notre cheminée, O vigne
bien aimée, Lorsque
tu retombes en cendrée, Après
avoir flambé en rouge ou vermeil, Pour
nous, tu ressuscites le soleil : C'est
devant Un feu
vif de sarment
Que la
maman, Sur ses
genoux, tenant
Son cher
ange, Change
Ses
langes blancs. C'est
devant Les
charbons ardents D'un cep
centenaire, Que la
grand'mère, Octogénaire, Marmottant
sa prière, Parfois
dormant, Réchauffe
son corps chancelant. La
Vigne sauve : On a
dit, et avec juste raison, que le, vin de Champagne, pillé et bu par les
Allemands, en septembre 1914, avait retardé leur marche victorieuse et
contribué pour une large part, au miracle de la Marne. Dans notre conte, Le roi des merles, nous avons fait contribuer un sarment de sauvignon à la lutte contre la barbarie teutonne de la dernière guerre. (Voir le conte page 60)
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Réalisée le 8 avril 2004 | André Cochet |
Mise ur le Web le avril 2004 |
Christian Flages |