Un certain jour, le Créateur
Voulut revoir notre planète,
Qu'il avait pourtant si bien faite
Sans retouche et sans erreur.
Il vit, en un clin d'oeil, sur la
ronde machine,
Neptune, ruisselant, au milieu des ondines ;
Dyonisos endormi sous un pampre vermeil ;
Le terrible Vulcain et Pan le tracassier ;
La charmante Cérès, dans un rais de soleil ;
Adam et Eve, assis, à l'ombre d'un pommier ;
Et, plus loin, sur le flan d'un superbe coteau,
Noé, tout accroupi, qui taillait une vigne.
Il se dit : « Celui-là a eu
assez de guigne,
Avec son arche sainte et la fureur des flots;
Il faut que je lui fasse, ce n'est pas sans raison,
Printemps, santé, joie et gaieté dans sa maison ! »
Il prit entre ses doigts une
goutte de vin d'Italie,
Puis une autre mûrie sur les monts d'Arcadie,
Et, aspirant un peu d'un vent venu des Gaules,
Levant ses mains divines à hauteur des épaules,
Il souffla... Une étincelle d'or entre ses doigts jaillit;
Un tout petit nuage blanc et rose s'ensuivit;
Et dans celle vapeur, synthèse à la fois
Des esprits hellénique, latin et puis gaulois,
Se dessina la silhouette d'un jeune homme,
Souriant et chantant, de pampres couronné.
Le Seigneur dit « C'est Bacchus
que je te nomme.
Tu seras le compagnon aimé du vieux Noë ;
Tu charmeras ses jours par ta folle jeunesse ;
Tu boiras, tu riras, pour chasser sa tristesse.
Il faut que sur la Sphère, le Vin fasse sa loi,
Et toi, beau, jeune et Dieu, tu en seras le roi ! »
C'est ainsi que Bacchus naquit sur
notre terre,
Pour chanter en nos tonnes et sourire en nos verres.
Vive
le Roi des Vins !
Vive le Vin des Rois !
P.
G.
|