Visages
de

Barsac.

Tome I.

Page 65.

 

 

 

 La mort du bouchons.

                       

 

Le bouchon, ce petit bonhomme, 
Qu'on enfonce dans le goulot, 
Dit toujours comment se nomme 
Le terroir de son château.

 

Pendant des mois et des ans, 
Il garde en sa prison transparente 
Le vin rouge ou le vin blanc 
Qui se bonifie dans l'attente.

 

Jusqu'au jour où, libérée, 
L'âme de ce cru déclose 
Va tomber dans un gosier 
Et lui dire mille choses.

 

Le pauvre bouchon transpercé
Gît sur la table ou par terre;
Qu'il achève de râler
Vite ! Vite qu'on l'enterre 1

 

S'il fut page d'un grand seigneur, 
Et bon geôlier de ses trésors, 
S'il est tombé au champ d'honneur, 
C'est pour nos grands crus qu'il est mort!

 

Bossuet nous l'a bien dit :
« Tu retourneras en poussière. » 
T'iras peut-être en Paradis ? 
Sur ta tombe, vidons nos verres.

P. G.... 1945.

 

 

 La mort de la bouteille.

 

« Combien de temps pensez-vous qu'il faille, faire la cour à la bouteille que vous voyez pour obtenir ses faveurs ?

Elle est toute pleine d'amour céleste, et, cependant, regardez comme elle se laisse faire !

Elle n'a reçu, j'imagine, aucune éducation; elle n'a aucun principe : voyez comme elle est bonne fille ! 

Un mot a suffi pour la faire sortir du couvent; toute poudreuse encore, elle s'en est échappé, pour me donner un quart d'heure et mourir après avoir failli passer, tout entière, sur mes lèvres dans la chaleur de son premier baiser ! »

(D'après Alfred de MUSSET)

 

 

 

 

Réalisée le 8 avril  2004  André Cochet
Mise ur le Web le   avril  2004

Christian Flages