Visages |
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Tome II. |
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Rocambole. |
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SOUVENIR D'ENFANCE. |
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... Un soir de mai 1898, dans le jardin de la Villa Saint Georges, à l'heure du crépuscule...
Je
suis à la recherche de mon chat Rocambole, lequel a pour consigne de
regagner l'habitation, chaque soir, dès que sonne le couvre-feu.
Mon petit compagnon est obéissant, d'ordinaire,
mais, aujourd'hui, mes appels coutumiers demeurent sans écho; l'intéressé,
que grisent les effluves printaniers, ne m'accorde qu'une oreille distraite
: il fait si bon muser dans les massifs aux mille merveilles ! Et je me trouve dans l'obligation de réitérer,
crescendo, plusieurs «Rocambole» sonores pour que l'interpellé daigne
enfin répondre à l'invite pressante. Nous nous apprêtons à regagner la maison quand, de
l'intérieur d'icelle, nous parviennent des cris analogues à ceux qui
doivent résulter, sur les confins du Far-West, de l'envahissement d'une
concession de Visualisables par un tribu de guerriers Pawnies. Et nous tombons aussitôt sur un concert en chambre
inattendu; c'est un quatuor féminin dont les exécutantes essaient de
traduire à leurs hôtes, avec une véhémence digne d'éloges, le motif de
leur récente irruption désordonnée en la demeure présente. La participante n° 4 conserve, pour l'instant, un rôle
passif, ayant jugé opportun de s'évanouir dès l'entrée en scène. Pour une fois, ces dames n'exagèrent rien, et leur
frayeur ne saurait être feinte; un chien enragé divague dans les environs. Nos loquaces visiteuses, qui se rendaient à l'office
du mois de Marie, ont perçu tout à l'heure, de la toute proche Croix de
Suau, l'annonce terrifiante qui les a fait se précipiter dans le premier
refuge accessible. « Au chien enragé ! Le chien enragé ! » Vision infernale, s'il en fut, provoquant des sueurs
froides chez les plus courageux et qui possède le privilège de faire
instantanément le vide dans le périmètre de son audition. Point de doute ! assurent-elles, en parlant toutes
ensemble comme il se doit. Le chien fou est à nos trousses. Nous venons de
l'entendre sans doute possible, et par trois fois au moins : « Aou can
hoou ! Aou can hoou ! Aou can
hoou ! » Aou can hoou ! » (version gasconne de : « Au chien enragé ! »).
A
cette dernière précision, tout s'illumine; un rire colossal, inextinguible
s'empare spontanément des habitants de la villa, y compris le jeune auteur
involontaire de la tragi-comédie. Cependant que les victimes nous
contemplent, ahuries, ne réalisant pas encore la vérité. Soyez
sans crainte aucune, charmantes voisines, de l'Haouilley, de Suau et de Pléguemate
! Le
danger est inexistant : pas plus de chien enragé dans les environs qu'un
troupeau d'hippopotames dans le ruisseau de Frandelet ! Les
cris de: « Aou can hoou !» n'ont
jamais été poussés, mais seulement ceux de : « Rocambole » que j'ai
lancés à l'adresse de mon chat favori. « Rocambole « Aou can hoou
! » Regrettable identité de sons ayant entraîné
l'amusante méprise. Hâtez-vous, Mesdames, vers l'église voisine. Le
mois de Marie pourrait commencer sans vous. MON CHER PETIT ROCAMBOLE. Bien discutables, sans doute, les liens pouvant
m'attacher à une humble petite bête, et d'une autre origine que les
sentiments d'affection réclamés par les humains !
penseront d'aucuns. N'empêche que ton tendre et vivace souvenir est de
ceux que savourent encore, en dépit de la dureté du siècle, les impénitents
rêveurs, ayant su conserver intacte, à l'épreuve des années, la
sensibilité de leur coeur d'enfant... N. de l'A : Cette nouvelle, d'essence locale, possède, par
surcroît, le mérite inattaquable d'être, rigoureusement vraie. Son auteur prend la"liberté de croire que les
êtres (et les choses) même et surtout les plus déshérités, ont droit,
tous, sinon à l' « Amour », du moins à la « Pitié » ! « Le Manoir », Barsac. ANDRE
PASCAUD. |
Réalisée le14 avril 2004 | André Cochet |
Mise ur le Web le avril 2004 |
Christian Flages |