Les
Châteaux du Sauternais
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LE
LIVRE D'OR DU SUD-OUEST. 1925/1926 |
Mémoire de Bommes, livre 4 |
Cette région, aujourd'hui parfaitement délimitée, est celle que l'on a communément nommée, eu égard à l'excellence de ses produits, « la région des grands vins blancs ».
Elle n'en est pas moins bien petite, puisqu'elle se réduit à cinq
communes, groupées autour de la plus célèbre d'entre elles, Sauternes, à
laquelle on accède par la gare de Langon, à moitié chemin sur la route qui
mène à ce très curieux vestige du passé : les ruines de Villandraut.
Depuis que la réputation des vins de Sauternes a fait le tour de l'univers, ce qui remonte à loin, tout ce qui appartient à la célébrité mondiale est, à tour de rôle, venu visiter notre région.
Après le grand duc Constantin en 1859, ce fut le grand duc Boris,
combien de fois jusqu'au jour fatal de la révolution bolchevique; ce fut le
lord maire de Grande Bretagne, il y a quelque quarante ans; l'amiral japonais
Goro Idjouin, en 1906, accompagné de tout l'état-major du Tsu-Ku-Ba; enfin,
en 1922, S.M. le roi d'Espagne.
En 1924, le « Club des Purs-Cent » est venu, lui aussi, sous la présidence de ce grand artiste en toutes choses, M. Poiret.
Or, nul n'ignore que ce groupement, si hautement qualifié. s'est donné
à tâche de restaurer en France ce grand art qu'est la gourmandise et qui,
sans un effort très spécial, s'acheminait vers une invraisemblable décadence,
vers le divorce de la bonne chère et des libations, sous le couvert du
snobisme, aidé par cette folle grimée en moraliste, la vague de tempérance.
Mais revenons à Sauternes. L'on pense bien qu'une célébrité comme la
sienne, inouïe dans les annales de la réclame, n'a pas été sans susciter
d'immenses jalousies. Aussi, son Syndicat est-il le siège d'un labeur
constant contre l'usurpation de notre appellation par des non ayants droit.
Nous ne saurions donc trop attirer l'attention du lecteur sur les deux
points suivants:
Seules, les communes de Sauternes, Bommes, Barsac, Preignac et Fargues
ont droit à cette illustre appellation Sauternes, qu'un label syndical
viendra d'ailleurs consacrer sous peu. Il ne sort pas annuellement plus de
40.000 hectolitres de vins ayant droit à l'appellation Sauternes.
En second lieu, que l'on n'oublie pas que chaque propriétaire,
pratiquant la mise en bouteilles, a ses marques personnelles déposées. Ces
marques figurent sur ses étiquettes, sur ses bouchons et sur ses capsules.
Et, ceci dit, quelques mots encore sur le vin de Sauternes lui même.
Chacun le connaît, sans doute, avec ses 15 degrés d'alcool, ses 5 à 6 degrés
de sucre, sa sève, son moelleux, sa transparence aux reflets d'ambre, avec, hélas!
en revanche, son prix sur le marché.
Mais ce que l'on connaît moins, c'est
précisément la raison de sa cherté. Elle se rattache à une qualité
évidemment exceptionnelle; mais, de ce fait, répond beaucoup moins à la
demande du consommateur, qui est considérable qu'à un prix de revient qui,
lui, est littéralement exorbitant.
Que l'on sache donc que le vin de Sauternes doit sa qualité, non
seulement à la perfection de son sol silico-argilo-calcaire, de ses cépages,
le Sémillon et le Sauvignon, à la science de ses viticulteurs, aidés par le
soleil qui gratifie leurs coteaux de faveurs très particulières; il la doit,
au premier chef, à ce que ses producteurs sacrifient tant et si bien sa
quantité à sa qualité que le rendement s'en trouve réduit au chiffre d'un
tonneau à l'hectare, deux tout au plus dans les années de très grande
abondance.
Cela tient à une taille particulièrement sévère, puis au caractère
très spécial de notre vendange, où l'on n'attend pas seulement la maturité
du raisin pour le cueillir, mais sa pourriture. Tel est le point capital.
Tel est notre secret. Au moment où le raisin est ramassé, chez nous,
grain par grain d'ailleurs, de doré, juteux et rebondi qu'il était au moment
de sa maturité, il s'est littéralement flétri, sous une nuance acajou,
s'est réduit au dixième de son volume et n'emprisonne plus, sous une peau
terriblement chiffonnée, qu'un résidu de confiture.
Aussi bien, n'est-ce pas une simple image que cette définition bien
connue: " Le vin de Sauternes,
c'est de l'or en bouteille. "
Comte DE LUR SALUCES.
Le château Yquem appartenait naguère à la
famille de Sauvage d'Yquem, qui l'a transmis en 1785 par mariage, à celle des
marquis LUR SALUCES
Le domaine comprend 148 hectares dont 90 sont plantés en vignes
blanches et produisent le premier des grands vins de Sauternes, le premier des
vins blancs du monde.
Sa réputation, depuis longtemps universelle, a pris, depuis une
quarantaine d'années, des proportions telles qu'aujourd'hui la clientèle se
dispute ses vins à des taux fabuleux.
L'on a déjà cité, dans bien des ouvrages, les années 1859, 1861,
1884, 1890 pour avoir atteint le prix, énorme pour l'époque, de 6.ooo francs
le tonneau en primeurs.
On se rappelle aussi le tonneau d'Yquem. vendu 20.000 francs au Grand
Duc. Constantin, de passage à Bordeaux.
Nous sommes, aujourd'hui, bien loin de ces prix, quelle qu'en soit
l'importance, puisque le fameux 1921, dont la qualité, il est vrai, dépasse
tout ce qu'Yquem avait jamais produit, se traite, à l'heure actuelle, sur la
base de 50.000 francs le tonneau.
Aussi a-t-il fallu instituer à Yquem, un service spécial pour les dégustations,
celles-ci ayant atteint, pour la seule période allant de mai à novembre
1924, le chiffre fabuleux de 1.500, justifié par les signatures couchées sur
le livre d'or du château, où les plus humbles négociants de l'univers
entier voisinent avec les représentants les plus éminents du commerce et
avec les célébrités mondiales de tous ordres.
S.M. le roi Alphonse XIII, faisant, en 1922, l'honneur au Comte de LUR
SALUCES de visiter son cru, lui rappelait que pas un dîner n'était donné à
la cour d'Espagne sans qu'une année d'Yquem y figurât. Il ajouta même,
complétant sa confidence par la plus gracieuse des précisions, que la cuvée
préférée de S.M. la Reine Mère avait été celle de 1887
A son tour, S.A.I. le Grand Duc Boris racontait, cette année même, au
propriétaire d'Yquem, comment il avait pu sauver, du pillage de ses caves par
les bolchevicks, la magnifique collection de ses Yquem, comprenant des échantillons
de toutes les années du cru, depuis 1854 jusqu'à l'année fatidique de la Révolution.
La qualité exceptionnelle de son sol, l'exposition au soleil de ses
coteaux dominant la région, la sélection de ses cépages, des précieuses
traditions de culture, de vendange et de vinification, tels, sont les éléments
constitutifs, pour Yquem, de la richesse de ses vins et de sa fabuleuse réputation
sur le marché.
Le
château GUIRAUD.
Le château GUIRAUD est l'une des grandes illustrations
du Sauternais, puisqu'il est le seul premier cru avec le château
Yquem, dont les vignes sont situées
dans la commune même de Sauternes.
Sur
les 200 hectares de superficie du château GUIRAUD, 60 sont plantés de
vignes, mais c'est, si l'on peut dire, la fleur du terrain qui a été
choisie, après de savantes éliminations, pour recevoir les ceps sélectionnés
qui donnent le précieux nectar.
Naturellement, ces vignes sont l'objet de soins assidus et ceux-ci connurent le succès, puisque en 1894, le domaine obtenait la Médaille d'Or de la Société d'Agriculture de la Gironde, et au Concours général de 1910 en Gironde, un objet d'art de spécialités.
Ajoutons que les propriétaires du château GUIRAUD, soucieux. de la
haute réputation de leur cru si goûté pour sa finesse, son corps et la
splendeur de son bouquet, n'accordent la suprême consécration de. la mise en
bouteille que lorsque l'année en est digne.
Parmi les récompenses décernées au château
GUIRAUD, mentionnons : Paris, 1878, Médaille d'Or; Paris, 1900, Grand Prix;
SaintLouis, 1904, et Liège, 1905, Grand Prix également.
Dans une dépendance située sur les bords du Ciron
les propriétaires ont un troupeau de race bordelaise pure, dont les
animaux sélectionnés ont eu les plus hautes récompenses dans de nombreux
concours.
Château
SUDUIRAUT.
Une terre, qui appartint jusqu'à la fin du XVIIIe siècle à la famille du Roy, à laquelle vint s'ajouter, le siècle suivant, une autre terre, celle de M. de Castelnaud (Pugneau), forme en majeure partie le célèbre domaine de SUDUIRAUT (ancien cru du Roy), proche du fameux Yquem et situé sur Sauternes et Preignac, à leur jonction avec Bommes et Fargues.
Laissant de côté la beauté du site et celle d'un splendide parc
dessiné par Le Nôtre, nous nous occuperons pour cette fois de ce qui
constitue le vignoble de ce domaine, vignoble dont les titres de noblesse se
retrouvent dans de vieux documents où ils sont cités "comme les
premiers des vins de la région et recevant comme marque de cette consécration
une prime fixe."
Les vignes occupent 100 hectares du domaine de Suduiraut. Le terrain
admirablement favorable aux vignes blanches; le choix rigoureusement judicieux
des cépages, les soins éclairés et de tous les instants donnés à la vigne
et au vin ont maintenu la haute réputation de ce Ier cru classé dont les
vrais amateurs vantent à l'envi la belle couleur « paillée», la suavité
de l'arôme, la finesse de la sève racée et le moelleux partout célébré.
Disons en outre qu'une dizaine d'hectares plantés de cépages fins sont
consacrés à SUDUIRAUT à la culture de la vigne rouge, donnant des vins de
Graves estimés et connus sous le nom de château Castelnaud.
Le vignoble de SUDUIRAUT a reçu de multiples et hautes récompenses. En 1867, c'est la Société d'Agriculture de la Gironde qui en proclame la « tenue remarquable qui en fait un modèle d'exploitation».
En 1890, le Comice de Podensac confirme ces justes éloges. En 1867, les propriétaires du domaine reçoivent la Médaille d'Or ministérielle; en 1887, le Premier Prix du Conseil général de la Gironde; en 1890, la Prime d'honneur (Médaille d'Or) du Comice de Podensac; aux grandes Expositions de Paris (1867,1878,1879, 1889) des Premières Médailles leur sont décernées.
Mais nous n'avons point la place de noter ici toutes les récompenses
gagnées par le domaine de SUDUIRAUT. Nous mentionnerons pour finir que la
Commission du Concours régional, tenu à Bordeaux en 1897, décerna à M.
PETIT de FOREST une Médaille d'Or grand module « pour reconstitution lente,
de son vignoble en américains greffés, en vue de maintenir la haute qualité.
de ses produits et pour la bonne organisation de ses chais voûtés».
Le
château de RAYNE VIGNEAU.
Le château de RAYNE VIGNEAU, Cru d'une universelle renommée, a un passé
: glorieux. Il eut à l'Exposition universelle de 1867 le très grand honneur
de faire triompher le Sauternes dans un match célèbre. Il est curieux de
citer à ce propos un extrait du rapport de M. A. Sourget, secrétaire du
Comité départemental, rapport publié par le journal de Bordeaux du 27
juillet 1867:
"Les jurys dégustateurs des vins du Rhin, influencés peut-être
à leur insu par le milieu dans lequel ils opéraient, prétendaient pour ces
vins à une supériorité sans rivale et offrirent à plusieurs reprises, à
l'appui de leur opinion, une dégustation comparative avec nos vins de
Sauternes. Il ne pouvait venir à l'esprit de notre délégué de reculer
devant un pareil défi, et lorsqu'il fut assuré que tout se passerait dans
les conditions d'impartialité qui étaient pour lui la meilleure chance de
succès, il consentit à entrer dans la lice."
"Notre salon de dégustation devait être le théâtre choisi pour cette
épreuve solennelle, et vous croirez sans peine, Messieurs, que ceux de vos
compatriotes à qui il fut donné d'y assister étaient, malgré leur
confiance complète en leur noble champion, en proie à la plus vive et à la
plus naturelle émotion. Le président de la classe 73, qui était prussien, désigna
lui-même les deux bouteilles de vin du Rhin, qui furent apportées. Nous leur
opposions deux bouteilles de château Vigneau Pontac 1861."
"Vingt des dégustateurs les plus expérimentés de tous les
groupes, parmi lesquels figuraient des délégués de la Prusse, étaient les
juges du camp. Deux verres contenant les deux vins concurrents leur furent présentés
sans désignation distinctive, et les voix furent recueillies. Elles étaient
unanimes, et le vainqueur fut reconnu sans contestation."
"Est-il besoin de dire que c'était le Sauternes ?"
D'autre part, dans Bordeaux et ses vins, de Cocks et Feret, nous lisons
que: «Le château de Rayne Vigneau commande un domaine de 100 hectares, dont
60, consacrés à la vigne blanche, comprennent des croupes argilo-graveleuses
admirablement exposées et complantées de cépages de choix. Ce beau
vignoble, soigné de la façon la plus parfaite, produit un des meilleurs vins
du pays, ayant obtenu des Médailles d'Or aux Expositions universelles de
Paris, 1867 et 1878 et à toutes celles où il a figuré. »
La reconstitution en vignes greffées, commencée en 1893, fut achevée
en 1914. Les résultats en furent surprenants, et quelque impossible que cela
paraisse, les vins en ont été améliorés. Les années 1921, 1922, 1923 et
tout particulièrement l'année 1924 du château de RAYNE VIGNEAU peuvent être
considérées comme les meilleures du nouveau siècle.
Une caractéristique curieuse des terrains de ce vignoble est qu'ils recèlent
en abondance des pierres rares de provenance présumée pyrénéenne
(affleurement de tertiaire) et ce, au dire de géologues et de savants réputés.
Ceux-ci y ont identifié jaspe, saphirs blancs, cornalines, serpentines,
agates variées, calcédoines, pierres à camées, cristaux de roches rubanés
et brodés, opales dites de Hongrie, dragées de quartz, ainsi que nombre de
roches acides, granits divers, amphibolite, trachytes, psammites, phtanites,
basaltes, et aussi des poudingues, des hématites, des limonites, etc.
On conçoit l'influence miraculeuse de ce riche sous-sol sur les vignes
de RAYNE-VIGNEAU, et l'on connaît ainsi le secret du bouquet à nul autre
pareil de ce cru fameux.
Château
RIEUSSEC.
Le domaine de Rieussec, contigu à celui du château Yquem, est situé
dans les communes de Fargues et de Sauternes. Il est assis sur les coteaux
argilo-graveleux qui dominent la rive gauche de la Garonne sa superficie est
de 75 hectares, d'un seul tenant, dont la plus grande partie, 50 hectares, est
consacrée à la vigne blanche en parfait état de culture et en plein
rapport.
Les cépages, choisis et cultivés avec les plus grands soins,
produisent un vin doré, moelleux, à grand degré, et grande sève, au
bouquet des plus délicats.
Ce vin, particulièrement recherché par les connaisseurs, les nombreux
titres de gloire qui lui ont été décernés dans tous les concours d'Europe
n'ont fait qu'affirmer sa juste renommée.
Ce magnifique domaine vient d'être acquis par le descendant d'une de
nos plus vieilles familles du Sud-Ouest, le Vicomte du Bouzet, qui a pris à
coeur sa tâche et veut consacrer tous ses efforts à améliorer encore ce
premier cru, pour lui voir atteindre le maximum de la qualité.
Le château Rieussec vient d'être doté d'une vacherie modèle et d'une
écurie dont les magnifiques chevaux de trait font l'admiration des étrangers.
Château RABAUD PROMIS.
Le
château RABAUD PROMIS, construit au XVIIIe siècle par Victor Louis,
architecte du Duc de Richelieu,
s'élève sur le domaine de
Rabaud, au confluent des vallées de la Garonne et du Ciron.
Ce
domaine, au terrain privilégié par ses croupes argilo-graveleuses, fut
apporté en mariage, en 1660, par Marie Peyronne de Rabaud à Messire Arnaud
de Cazeau.
Devenu
en 1819 la propriété de M. Deymes, il fut vendu après quarante-cinq ans à
M. Henri Drouilhet de Sigalas.
En
1894, M. Adrien PROMIS, d'une ancienne famille de viticulteurs girondins, en
devint le copropriétaire, et en 1903 le domaine fut partagé en deux
parties, dont l'une prit le nom de RABAUD‑PROMIS
qui doit être exigé sur l'étiquette et le bouchon de chaque bouteille.
Placé sur une de ces collines qui paraissent narguer le soleil et d'où
le regard embrasse un panorama de plus de 5o kilomètres, le château
RABAUD‑PROMIS commande un vignoble blanc aux cépages savamment sélectionnés,
d'une étendue de 18 hectares. Les vins que produit ce vignoble de choix
sont pleins de chair et de moelleux; ils acquièrent en vieillissant un arôme
merveilleux qui n'a d'égal que la finesse et qui classe le
RABAUD‑PROMIS au rang des grands premiers crus de Sauternes.
Une installation technique, dont un cuvier avec pressoirs et foudres en
chêne verni, est à remarquer dans ce domaine, ainsi qu'une belle cave voûtée
où vieillissent les vins destinés à la miseen bouteilles.
Ce domaine fut, à la fin du XVIIIe siècle. la propriété du
sieur François de la MONTAGNE, Membre du
Parlement de Bordeaux, personnage important, très populaire, qui donna au château
son nom, sous lequel celui-ci devint un des plus connus parmi les crus du
Sauternais.
La route de Preignac à Sauternes le traverse, laissant d'un côté le
château et son parc; de l'autre un vignoble de 30 hectares en rapport qui
confine la limite nord du château Suduiraut premier cru, à l'extrémité du
coteau descendant de Bommes et comportant les crus réputés de Peyraguey,
Rabaud et Suduiraut. Le cuvier possède une installation moderne permettant de
traiter la vendange par les procédés les plus perfectionnés.
Château
RAYMOND LAFON.
Les
vins portant la marque du château RAYMOND LAFON sont justement estimés des
gourmets et leur apparition sur les tables est le signe d'une délectation
imminente.
On n'ignore point, en effet, que le vignoble du château RAYMOND
LAFON d'une Importance de 10 hectares, est placé dans les meilleures
conditions pour donner des grands vins de Sauternes.
Une partie de ses vignes fameuses est entremêlée avec celles si célèbres du château Yquem, une autre partie pousse sur les terrains réputés de l'ancien cru château d'Arche.
Cette situation privilégiée assurerait seule
la faveur dont jouit le RAYMOND LAFON; mais M. Louis PONTALLIER, qui a hérité,
en 1914, du domaine, veille aussi avec un soin jaloux, à l'entretien de son
vignoble comme aux travaux si délicats de la récolte et à ceux qui
conduisent le précieux nectar jusqu'à la bouteille dont la vue nous ravit.
Les vins du château RAYMOND LAFON, très prisés pour leur finesse et leur moelleux, ont obtenu partout les suffrages enthousiastes des jurys.
A l'Exposition de 1878, ils obtenaient une Médaille d'Argent; à celle de 1879, une Médaille d'Or avec certificat d'origine. En 1882, Bordeaux, en 1889, Paris, leur décernaient des Médailles d'Or en même temps que les crus classés. L'Exposition de Bordeaux de 1905 leur offrait une autre Médaille d'Or et Liège, la même année, leur conférait un Diplôme d'Honneur.
L'Exposition
de Bordeaux, en 907, les plaçait Hors Concours et nommait M. PONTALLIER,
membre du jury. Et les vins du château RAYMOND-LAFON figuraient dans l'exposifion
collective des grands vins de Sauternes qui obtint un Grand Prix.
Remarquables hommages, en vérité: mais bien
dus à ce cru délectable.
Château
CLIMENS.
Premier
cru de Barsac le Château Climens fut acquis en 1885 par M. Gounouilhou.
Depuis
quelques années déjà et
lorsque le château appartenait
à M. Alfred Ribet d'importantes
améliorations avaient été apportées à ce domaine célèbre.
Après les atteintes du phylloxera on s'employa activement à reconstituer ce précieux vignoble dans ses parties ravagées. Cette reconstitution est maintenant complète. Par ailleurs, les procédés de culture ayant bénéficié des progrès de la science, le château CLIMENS est devenu, en même temps que le premier cru de Barsac, l'un des plus appréciés du Sauternais.
Aussi
bien la situation éminemment favorable de ses 27 hectares sur des croupes
argilo-calcaires du Haut-Barsac, l'harmonieuse composition de ses vignes,
comportant quatre cinquièmes de Sémillon et un cinquième de Sauvignon et de
Muscadelle, en font un des cru les plus recherchés des vrais amateurs.
Au
surplus, faire l'éloge du château CLIMENS semble inutile. Il n'est pas un
gourmet digne de ce titre qui ne connaisse ce cru fameux dans le monde entier.
Aussi leur joie est-elle complète lorsqu'ils voient figurer
ce vin sur les tables.
Le
nom du château CLIMENS, c'est l'assurance d'une délectation magnifique.
Château de MYRAT.
Le
château de MYRAT, d'un aspect grandiose, est un des plus anciens domaines de
Barsac.
Il
a une étendue d'environ 30 hectares dont la plus grande partie est complantée
en cépages blancs de choix : Sémillon, Sauvignon, Muscadelle, sur un sol
graveleux et pierreux,
admirablement exposé aux influences solaires.
En bonne année, ce cru de premier ordre peut produire de 40 à 45
tonneaux d'un vin qui possède les qualités supérieures, le caractère
particulier qui distinguent les vins des grands crus de Barsac.
Médaillés à plusieurs grandes Expositions, ils ont obtenu le Diplôme
d'Honneur à celle de Bordeaux, 1907.
Château
de CARLES.
Le cru de Carles, dont la qualité dominante des vins permet à elle seule de donner à cette propriété le nom de château de CARLES est un des meilleurs et des plus anciens vignobles du Haut-Barsac dont Fernand BARBE est le propriétaire depuis 1906.
Limitrophe des crus les plus en renom du Haut-Barsac, les châteaux Climens, Coutet et Myrat, et situé dans la partie la plus élevée de la commune, le cru de CARLES produit un vin très racé ayant beaucoup de corps, d'une extrême finesse et d'une distinction qui soutient avantageusement la comparaison avec les meilleurs crus du pays.
Réalisée le 15 mars 2002 | André Cochet |
Mise ur le Web le mars 2002 |
Christian Flages |
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