Les
Châteaux du Sauternais
XVIe
et XVIle siècles.
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Naissance
des domaines |
Mémoire de Bommes, livre 8. |
Sommaire: | La famille SAUVAGE. | Sous HENRY IV. |
La Cour Royale. | Courtiers et Négociants. | |
Investissement à YQUEM. | Epilogue. | |
XVIe et XVIIe siècles en Sauternais. |
Si
le Sauternais est universellement connu pour la qualité de ses vins blancs
liquoreux, bien peu de personnes qui résident sur son territoire en
connaissent son histoire.
Nous profitons de cette période de
vacances. donc de détente, pour relater (en trois volets) l'essentiel de
l'origine de ce vignoble réputé et des notables de l'époque, à qui, l'on
doit, en fait, certaines appellations d'aujourd'hui.
Nous pourrons constater également au cours de cette lecture, la citation à maintes reprises de notre commune de PREIGNAC.
La famille
SAUVAGE.
La famille qui domina cette époque
est la famille de SAUVAGE.
Il s'agit à l'origine de notables
bordelais issus de la grande bourgeoisie, l'un d'eux Arnaud SAUVAGE, fut Maire
de Bordeaux de 1359 à 1365.
Bernard
Sauvage, Bourgeois, marchand de Bordeaux, s'est installé à Beaurech comme
seigneur de la maison noble de la Taste. De son épouse, Clémence de Jousset,
il a deux fils qui s'intéressent au Sauternais.
Pierre
Sauvage, fils aîné, fait fortune vraisemblablement dans le commerce et vers
1560, il acquit la maison noble du Soler (ou du Soley), à Barsac sur un petit
noble ruiné au cours des guerres de religion.
La
Maison du Soler c'est l'ancêtre de Luzies, l'ancêtre du château Nairac.
LA
COUR ROYALE
Dans Barsac, certaines terres dépendaient
du Soler: à la Fauresse, à la Sauvaneyre, Lousteau de Fauvieilh, ainsi qu'à
Preignac: à Médudon, Guimballet, la Passade, Artiguetosan; rassemblant des
terres, il s'occupa de les mettre en vignoble pour une « tenure » par des
paysans. (terrier des droits féodaux aux Archives départementales N° 560).
Pierre de Sauvage construisit
le château d'Armanjan, à Preignac. Il eut le grand honneur, mais
aussi la charge financière de recevoir la cour royale, Charles IX, Catherine
de Medicis lorsqu'elle fit son voyage à travers la France qui dura deux ans
et qui passa à Bordeaux, en 1565.
Récompense morale, Pierre de
Sauvage fut anobli en 1566. Il fit son testament en 1570 et mourut le 22 décembre
1572.
Son tombeau, beau cénotaphe
Renaissance, figure dans l'église de Preignac où il a été replacé après
la reconstruction de l'église en 1831. Gravée dans la pierre, on peut y lire
une longue inscription vantant ses mérites et ceux de son épouse Jeanne de
LOS.
Ils eurent plusieurs enfants. deux
fils qui s'intitulèrent, l'aîné, seigneur d'Armanjan, le cadet seigneur de
Lamothe d'Assaut, et six filles.
L'une d'elles s'appelait
Guillemette, elle épousa Jean de Guichamer, elle lui transmit des terres et des droits sur la propriété. Les
Guichamer furent plus tard seigneurs d'Armajan et de Lamothe.
Investissement
à YQUEM.
L'autre frère, Jacques de Sauvage,
fit fortune dans les charges de finances: il fut secrétaire audiencier en la
chancellerie de Bordeaux, et par la suite, trésorier général de France en
Guyenne; c'était une fonction qui conférait la noblesse. C'est lui qui
acheta Yquem vers 1592, qu'il transmît à sa descendance.
Il rédigea son testament en 1609, un de ses fils fut à son
tour trésorier général de France, l'autre, Raymond, officier d'infanterie,
hérita du château Yquem.
On peut penser que d'importants
investissements furent faits à Yquem pour sa reconstruction sous le règne
d'Henri IV, ainsi que pour le regroupement des terres à vignes autour du château.
Dans l'église de Preignac, le
tombeau du seigneur de Sauvage, avec en vieux français: " Ci gist
noble et vertvevs Pierre Savvage, escvier et seignevr Darmaian et Lamothe a
vescv avec sa tres chaste espovse jeane Delos sans debat 32 ans 4 mois 22
jovrs et deceda la 22 decembre 1572. "
XVIe
et XVIle siècles en Sauternais
Fleury
de Rolland était le seigneur de la maison noble du Pont (aujourd'hui château
de Rolland).
En
1514, il fit son testament en faveur de son fils, Adrien, qui fut jura de
Bordeaux, juge de la prévôté de Barsac et donc propriétaire de cette
maison noble. Juges de père en fils, la famille, en investissant et en
construisant, développa le vignoble autour du château.
Magistrat
en 1573, le conseiller Jacques de Guerin, époux de Catherine de Pontac, est
propriétaire du château Coutet, à Barsac, où il fait des travaux et des
plantations. Son fils, Charles de Guerin, baron de Saucats, continua l'aménagement
du vignoble du château.
Isaac
de Lurbe est un avocat bordelais, il est également syndic de la commune de
Bordeaux, dans les années 1600, il fait construire le château Menota dans
Barsac. meurt en 1644, à l'âge de 77 ans, en laissant une nombreuse famille.
Un peu plus tard, c'est Pigmeguy, un bourgeois de Bordeaux qui a acheté
Menota.
Des
familles locales, de moindre fortune, investissent aussi dans le vignoble:
c'est la famille Roborel (Xavier Roborel de Climens en a rédigé l'histoire).
Trois générations, Jacques
Roborel, notaire royal, dès 1538 achète des terres, son fils Guirault,
procureur du Roi à Barsac, son petit-fils, Jean Roborel, avocat, pendant une
cinquantaine d'années constituèrent un domaine fait de parcelles éparses
qui fut planté en vignes, il s'appela Climens.
Sous
HENRI IV
Le règne d'Henri IV fut très
favorable au développement des campagnes. La paix religieuse, la poule au pot
et la naissance d'une administration plus ramifiée en province furent
favorables au commerce et à l'agriculture. Le parlement de Bordeaux maintient
Jean de Rolland, juge à Barsac et Charles de Guerin, à Coutet. Ils
augmentent leurs vignobles.
Paul Bernard du Mirat, conseiller
à la sénéchaussée de Guyenne est à Cantegrit dès 1640 où il édifie un
domaine qui par la suite portera son nom: château de Myrat
Jean de Forquié, financier,
notaire et secrétaire du Roi maison et couronne de France a une propriété
de vignoble à Preignac, en bordure de la grande route (RN 113), qui deviendra
plus tard Montalier.
Un autre financier, Antoine de
Guichamères, contrôleur en la comptablie est aussi propriétaire à Preignac.
Conseiller au présidial de
Guyenne, Bertrand de Lamourous, en épousant Suzanne de Lurbe, en 1607, s'intéresse
au vignoble et deviendra la souche d'une grande famille barsacaise.
S'enrichissant, la bourgeoisie
rurale se développe:
Raymond Peyraguey est propriétaire
à Bommes en 1618, son voisin Gaillard
de Vigneau aussi s'occupe de ses vignes comme Jean Rabaud et leurs noms sont
perpétués jusqu'à aujourd'hui.
Prenant une importance sociale,
politique et économique, ils sont devenus des spécialistes du droit mais également
des spécialistes dam la gestion des domaines.
Jean
d'Yteronde, avocat en 1630, était
le propriétaire de ce qui est devenu le château Guitteronde, sa fille
Laurence s'est alliée à François de. Sauvage, seigneur du Pavillon (une
jolie gentilhommière à Preignac).
Cependant, c'est à un avocat
bordelais, Jacques de Malle, que revenait la palme de la gestion et ses livres
de comptes donnent forts renseignements sur la production et les prix de
vente.
Jacques de Malle, né vers 1590, était le fils d'un important marchand de
Bordeaux, établi rue Carpenteyre dans la paroisse de Saint Michel,
Arnaud de Malle qui était jurat de Bordeaux, en 1630.
C'est au
début du XVIIe siècle que fut construit, à Preignac, le château qui porte
toujours son nom; Jacques de Malle se trouva donc nanti d'un important domaine
qu'il s'employa à gérer et à exploiter avec méthode, ainsi qu'en témoignent
les cahiers et livres de comptes. (Dont la Revue des archives historiques de la
Gironde en publia des extraits en 1900 dans son tome 35.)
Il notait
ses productions annuelles de vin blanc ainsi que ses ventes; pour ces dernières,
il ne s'agit que des productions vendues aux courtiers ou négociants
auxquelles il convient d'ajouter les quantités pour la ouillage, la
consommation familiale et peut-être l'éventuelle vente au château.
Pour
l'année 1643, la récolte était moyenne: 54 tonneaux, 2 barriques; 1645 année
record: 110 tonneaux; 1649, petit rendement - 38 tonneaux seulement;
1654 remplit 45 tonneaux et 2 barriques.
Les prix
de vente notés sont variables selon les années, est-ce en fonction de
la qualité ? D'une petite ou conséquente production ? Peut-être les deux ?
Il est cependant possible d'en tirer quelques avis à l'aide des prix suivants
et de l'importance de la récolte.
L'année
1643 = 44 écus (soit 132 livres);
En 1651
et 1654 = 36 écus (108 livres) et
1645,
l'année de forte production = 18 écus (54 livres), ces prix étaient au
tonneau.
Courtiers et Négociants.
Les
circuits de vente sont également notés, Jacques de Malle traitait avec les
courtiers et les négociants.
Les
courtiers qui avaient la connaissance des langues étrangères détenaient le
monopole des ventes de vins pour le compte des producteurs.
Parmi les courtiers bordelais, dès 1644, on trouve les noms de Jean du Comet, Jean Decoud, Jean Bazas et Jacques Verdery.
Durant les douze années mentionnées
(1643/1654), il vendait une partie de sa production à divers négociants
étrangers tels que les Ecossaiss Bronne et d'Inglis, l'Anglais Cary ou les
Flarnands Crol et Dehaer, de Rotterdam, Vandiest, Vetris, d'Amsterdam.
Une écriture mentionne la vente de la production de 1654 à un bourgeois et marchand: Roberteau, le tout embarqué au port de Preignac sur le galion de Jacques de VaIery et dans les chaloupes de Pelongey, de Courbin dont la propriétaire était Mme Fiton, de Preignac et dans celle du Meste.
Un surplus de quatre barriques
étaient également embarqué pour le ouillage durant le transport ce qui
laisse penser qu'il était à la charge du propriétaire.
Courtier
acheteur de vin, Jacques Verdery vendait aussi des barriques; en 1654 il
proposait dix douzaines de barriques pour 540 livres. La veuve, Jeanne de
Guichaneres a continué la tenue des livres comptables.
Il y eut
de mauvaises années, le curé de Barsac note des inondations en 1606 et 1618,
que le 16 septembre 1615 une température excessive a brûlé force vendanges
et le grand froid de l'hiver 1623/1624 qui gela les vignes qui en grande
partie en moururent.
De 1628
au début de 1632, 222 personnes sont mortes dans la paroisse de Barsac avec
en plus celles mortes par la contagion et 200 petits enfants.
Malgré
toutes les difficultés rencontrées dans cette première moitié du XVVIIe siècle,
il dut y avoir une activité extraordinaire. Le commerce Bordelais et
Langonnais marchait à fond avec les Anglais et les Hollandais.
C'était
l'époque de Shakespeare, des « Trois Mousquetaires » de Monteverdi, de
Georges de la Tour et de Rembrandt
De la
lecture des différents écrits, des noms de lieux et de personnes, ainsi que
de l'importance de la production se dégage l'impression qu'à cette époque
beaucoup des domaines étaient déjà constitués et que la régularité des
ventes à l'étranger peut attester que ces vins blancs commençaient à jouir
d'une certaine renommée.
Auteur inconnu et sans date.
Parudans Sud Ouest
Réalisée le 17 mars 2002 | André Cochet |
Mise ur le Web le mars 2002 |
Christian Flages |
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