ARRET DE LA CORT MAJOR |
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Date du texte original: 1643 |
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La Gascogne ( Michel GRASCHENNEL) | |
Centre
culturel de Bayonne. |
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Pas de date de l'article. |
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Retour au répertoire. | Mémoire de Bommes. Livre 8 |
Vérification de virginité par des matrones. |
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C'est avec certaines réserves que
nous présentons ce texte très connu en Béarn. En effet, nous n'avons
pas encore réussi à en retrouver l'original. Nous avons été obligés
de rectifier les graphies fautives de l'exemplaire que nous avons eu
sous les yeux. Cependant son authenticité ne
nous semble pas faire de doute: D'ailleurs Simin Palay en avait eu
connaissance ainsi que le prouve l'article "mautoucasseya", de
son dictionnaire. J'ai hésité également à donner une traduction, pas uniquement pour des raisons de convenance, mais aussi parce qu'il est impossible de rendre toute la saveur et la couleur du texte béarnais. Je m'y suis risqué quand même.
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XXIVe de jener 1634, enter Arnaud
de CUPIT, |
24 Janvier 1634, entre Arnaud
de CUPIT, |
EN FEYT: Lodit CUPIT ha declarat que los mesprets que Berthoumiou habè deu countrat de maridadye passat enter la hilhote heretèra deudit CUPIT et Joanou hilh deudit Ber apres s'esta proumetuts en maridadye, dat la proumesse de ha espousalicis lo terz mes permer bienent, qu'aqueg temps passat et bist lo redouliqué deusdits Ber, pay et hilh, qu'ha dat au soberdit CUPIT d'apera en Cour a las fiis de ne plus retardar las espousalicis demandant que sien heytes dimartz prosmar bienent en la gleyze de la paropi on sa hilhote se trobara bestide de blanc et flocade a detz hores deu matii, faute de que lodit Ber sie condamnat en mille floriis de domadyes, interests et despens.
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EN FAIT: Ledit CUPIT a déclaré que le mépris que Berthoumiou avait du contrat de mariage passé entre la fillette héritière dudit CUPIT et Joanou fils dudit Ber, après s'être promis en mariage et donné la promesse de faire les épousailles dans un délai de trois mois, que ce temps étant passé et vu le refroidissement desdits Ber, père et fils, a conduit le susdit CUPIT à en appeler à la Cour afin de ne plus retarder les épousailles, il demande qu'elles aient lieu mardi prochain en l'église de la paroisse où sa fillette se trouvera vêtue de blanc et fleurie à dix heures du matin, faute de quoi ledit Ber soit condamné à mille florins de dommages, intérêts et dépens.
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D'aute part, Bertoumiou deu Ber present, ha declarat que Joanou, son hilh, habe granes resoos per no prenne a molher la dite hilhote herètère deudit CUPIT, que slere apercebut que bet dimenje matil, en goardan las baques, lo long deu coustad de Gabastoo, la hilhote deu Ber slere lexade barreya sus l'herbe per un joen moussu com si bolen ha au truque melic, que tau infidelitat au son pretendant qui ey de maysoo auneste sere de cornalut preyudici a soue reputacioo, per que sos parents Io renegaren.
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D'autre part,
Berthoumiou du Ber présent a déclaré que Joanou, son fils, avait de
bonnes raisons de ne pas prendre pour femme ladite fillette héritière
dudit Cupit. Il s'est en effet aperçu qu'un dimanche matin, en gardant
les vaches, le long du côteau de Gabaston, la fillette du Ber s'était
laissé renverser sur l'herbe par un jeune monsieur comme s'ils
voulaient jouer à tape-nombril, qu'une telle infidélité à son prétendant
qui est d'une honnête maison, lui ferait une réputation de cornard et
que ses parents le renieraient.
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Per
consequent, eth demande, enta saber si la pece noubiau de ladite hilhote
ey estade desgauchide et desmantibulade, que sie bisitade per quoate
matrones deu los de Morlaàs qui soles at counecheran en las formes
acoustumades, rendudes qui seran au loc de Gabastoo, en l'oustau de la
hilhote heretère de CUPIT enta proceda a l'aberament, biste et
examinade la pèce noubiau de la hilhote heretère de CUPIT, per, si lou
cas ey, annula lo contrat passat e condamna lo soberdiit aux despens.
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Par conséquent,
il demande, pour savoir si la "pèce noubiau" de ladite
fillette héritière a été gauchie et démantibulée, qu'elle soit
visitée par quatre matrones du lieu de Morlaàs qui seules en connaîtront
dans les formes accoutumées, en se rendant au lieu de Gabaston, en la
maison de la fillette héritière de CUPIT pour procéder à vérification,
après avoir vu et examiné la "pèce noublau" de la fillette
héritière dudit CUPIT, de façon, le cas échéant, à annuler le
contrat passé et condamner le susdit aux dépens.
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NOUS, los
dodze Baroos, sedents en la domendyadure deu loc de Bezing, audides l'ue
et l'aute partides, abants dise dret, aberat per quoate matrones deu loc
et bile de Morlaàs et qui-s seran portades en l'oustau aperat CUPIT, au
loc de Gabastoo oun ey la hilhote heretère deu CUPIT, sera heyt
aberament de l'estat de la pece noubiau de la hilhote heretère, en tau
fii que, sus so qui sere bist e reportat per lasdites matrones, per nous
sie heyt dret a las partides aixi que de rasoo, despens reserbats inquo
labets.
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NOUS les Douze
Barons, siégeant en la domenjadure du lieu de Bezing, entendues l'une
et l'autre parties, avant
de dire le droit ; (avons décidé) qu'il sera procédé à vérification
par quatre matrones du lieu et ville de Morlaàs qui se transporteront:
en la maison dudit CUPIT, au lieu de Gabaston, la fillette héritière
de CUPIT, qu'il y sera fait vérification de l'état de la "pèce
noublau" de la fillette héritière, à telle sorte, que, selon ce
qui sera rapporté, par lesdites matrones, nous fassions droit aux
parties ainsi que de raison, dépens réservés jusqu'alors.
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ASSO reportan las matrones:
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Voici ce que rapportent les matrones: |
NOUS : Jeane Anfrère,
Arnaude Fossoutoo, Bernadine Lagoalhete, Berthoumile Condouret, matrones
deu loc et bile de Mourlaàs, per mandament de la Cour Mayour, sedent au
loc de Bezing, nous em transpourtades au loc de Gabastoo, en l'oustau
deud. CUPIT, oun arriban audit loc, habem trobat la daune Arnaudine deu
CUPIT qui hielabe deban la porte, a la quoau habem demandat oun ere sa
hilhote heretère; ere nous ha respounut qu'ere au soulè fens soun
lheyt. Autalèu, nous habem abitat noustes cierges et qu'em mountades au
soulè oun habem troubat au lheyt la hilhote, lou rideu estremat et lou
mandament de la Cour mentabut, habem arrecoumandat a la hilhote d'arrebira
l'aprigue, de-s bouta l'ue came ensa, l'aute enla de tau maneyre que sa
pece noubiau de plaa se presentasse, a so que la hilhote a aubedit. Lo
tot examinat e sens mautoucasseya, habem recounegut que los peluchots de
la dite pece noubiau eren arrebirats, lo birebidau desbiat, lo mantelet
espaparit, so qui nous a dat a counegue que y abèn houdilhat et que la
pece noubiau ere desgauchide et desmantibulade.
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NOUS: Jeane Anfrère, Arnaude Fossoutoo, Bernadine Lagoalhete, Berthoumile Condouret, matrones du lieu et ville de Morlaàs, par mandement de la Cour MAJOR siégeant au lieu de Bézing, nous nous sommes transportées au lieu de Gabaston, en la maison dudit CUPIT, où en arrivant audit lieu nous avons trouvé la Dame Arnaudine de CUPIT qui filait devant la porte. Nous lui avons demandé où était sa fillette héritière; elle nous a répondu qu'elle était à l'étage dans son lit. Sur les lieux nous avons allumé nos cierges, nous sommes montées à l'étage et nous avons trouvé la fillette héritière au lit. Le rideau tiré une fois et lu le mandement de la Cour, nous avons recommandé à la fillette de retourner la couverture et de se mettre jambes écartées que sa "pèce noubiau" se présente bien. A quoi la fillette a obéi. Le tout examiné, sans mauvais traitement, nous avons reconnu que les petits poils de ladite "Pèce noubiau" étaient retournés, le "birebidau" dévié, le "mantelet" dispersé (?), ce qui nous a donné à penser qu'on y avait fourgonné et que la "pèce noubiau" était gauchie et démantibulée.
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En fe
de que. NOTUM SIT, qué la Cour Majour, bist lou reportat, per lasdites
matrones, de lasquoaus las paraules no podin esta que bertaderes, per sa
qui counéixen plaa so qui-s seg deu yoc de truque-melic, decide de
prononcia que lo contrat de maridadye entre Yoanou de Ber et l'heretère
deu CUPIT ey e sera annulat, que cade partide se maride dab tout aute
qui boulhe. los despens compensats. E los Barons an signat. |
En foi de
quoi, NOTUN SIT, que la Cour Majour, vu le rapport desdites matrones,
dont les paroles ne peuvent être que véritables car elles connaissent
bien ce qui s'en suit du jeu de "tape-nombril", décide
de prononcer que le contrat de mariage entre Joanou de Der et l'héritière
de CUPIT est et sera annulé, que chaque partie se marie avec tout autre
qu'elle voudra, les dépens compensés. Et les Barons ont signé.
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