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La
GARONNE André
REBSOMEN FERET
et fils éditeurs |
Passage concernant: BUDOS |
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Ne
nous attardons pas trop en ces parages et rendons-nous tout droit au village
de Budos perché sur le sommet du coteau et dominant la vallée de la Garonne
au nord, au sud et à l'est, celle du Ciron.
Notre
première visite sera pour l'église paroissiale et pour son abside romane.
Extérieurement ce chevet se présente avec neuf pans séparés par un groupe
de trois colonnes accouplées et se divise en trois zones horizontales. un
soubassement et deux étages.
Le
premier étage, séparé du soubassement par un gracieux cordon couvert de
feuillages, est percé de trois fenêtres encadrées d'une petite arcade
cintrée reposant sur des chapiteaux finement fouillés. A l'intérieur,
quelques chapiteaux sculptés figurant des entrelacs et des oiseaux
soutiennent la base des arcades qui entourent ces mêmes fenêtres.
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Mais la curiosité archéologique de cette église consistait en quatre chapiteaux à figures qui ornaient jadis son portail du XIVe siècle. Aujourd'hui, le portail modernisé n'en conserve plus que deux, représentant la luxure et la gourmandise. La luxure est personnifiée par une femme qui serre avec force deux dragons pendant que des diables à pattes de grenouilles lui peignent les cheveux.
La
gourmandise est symbolisée par un personnage joufflu mangeant un os, un singe
et un chien l'accompagnent. Les deux autres chapiteaux sont enchâssés dans
le mur du presbytère. L'un figure la colère: deux hommes en robe longue se
battent. Sur l'autre, un diable à grosse tête étreint un personnage qui
porte une bourse au cou: c'est l'avarice. Ces oeuvres naïves, emblèmes des
combats de l’âme chrétienne, rappellent le thème favori des prédicateurs
de l'époque.
En
prenant la route qui se dirige à l'ouest du bourg nous gagnons, au milieu des
pins, les ruines de l'ancienne chapelle Saint‑Pierre. Jadis, le jour de
la fête de ce saint il s'y pressait un grand concours de fidèles, mais des
abus s'étant glissés dans ces cérémonies, la fête fut supprimée en 1763.
Aujourd’hui, cette petite église ne garde plus que trois murs en ruines,
l'abside a disparu et les ramures verdoyantes des arbustes et des arbres
remplacent les voûtes de pierre.
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Si
nous poussons une pointe vers le nord-ouest du bourg, nous découvrirons, à
gauche du chemin, un tertre boisé, aux taillis touffus: c'est un tumulus
appelé Tuco de la motte de quarante mètres de diamètre à la base. Taco ou
tuc, truc, veut dire, en patois, lieu élevé, hauteur. De cet endroit on
jouit d'une vue superbe sur la vallée de la Garonne et la petite vallée du
Tursan, qui se jette dans le Ciron en face de Bommes.
Revenus
maintenant au village, nous nous acheminons vers le nord en suivant la grande
route qui s'incline peu à peu vers la vallée. Déjà nous apercevons les
ruines élevées du vieux château de Budos, encore quelques pas, et nous
serons au pied de ses remparts. En des rapides notes rappelons son histoire.
C'est
en 1273 que le premier seigneur de Budos dont fassent mention les anciennes
archives, Géraud de Budos, rend hommage au roi d'Angleterre. Raymond de Budos
lui succède: ce Raymond avait épousé Jeanne de Goth, soeur du Pape Clément
V. Son fils, Raymond Guillaume, baron de Budos, était, grâce à l'autorité
de son oncle, gouverneur d'Avignon.
Trouvant sa demeure trop peu importante, il demanda à Edouard I d'Angleterre l'autorisation de la créneler, de l'entourer de murs, de tours et de fossés. Par respect pour le pape, le roi accéda à la demande qui lui était présentée, et son successeur, Edouard II, lui octroya la haute et basse justice avec tous les droits royaux dans la paroisse de Budos.
Le sire de Budos acquit aussi d'autres seigneuries, entre autres celle de la Motte d'Ayran et la baronnie de Portes Bertrand en Vivarais. Il mourut, laissant ces biens à son fils, André, qui prit parti pour les Anglais. Ce dernier abandonna aux Français les terres que ceux-ci lui confisquaient, compensant ces pertes par de nouvelles acquisitions.
Il
mourut à son tour, laissant une nombreuse lignée de vingt-deux enfants
mâles. Son héritier, Thibaut, rend hommage au Prince de Galles, en 1363,
dans la cathédrale de Bordeaux, mais, en 1377, il cédait aux troupes de Du
Guesclin et du duc d'Anjou et passait dans le parti français. Pendant ce
temps, Richard Il d'Angleterre confisquant Budos, donnait la seigneurie de son
sujet rebelle à Jean de Stratton, et en 1400 à Henri Bowet.
André de Budos, fils de Thibaut, animé des sentiments les plus
cordiaux pour la France, guerroyait avec une telle ardeur qu'il méritait
d'être surnommé le Fléau des Anglais, malgré la perte de ses biens.
En
effet, les Bordelais, pressés par Henri V d'Angleterre de faire le siège de
quelques châteaux qui tenaient pour les Français, firent avancer leurs
milices, commandées par un jurat, vaillant capitaine et habile homme de
guerre, Vigoros Estèbe. Menant de Fabars était à la tête des troupes,
anglaises
Pour
mieux réduire la forteresse, on avait décidé de se servir de la grande
bombarde qui lançait des boulets de pierre de cinq quintaux, engin de guerre
assez imposant pour l'époque, et d'y joindre deux canons plus petits. Un
gabarier devait amener cette artillerie jusque sous les murs de Budos en
remontant la Garonne, puis le Ciron.
Mais
André de Budos, effrayé, céda: il livra son château et donna son fils en
otage. Les Bordelais en furent pour leurs préparatifs de siège.
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Le
roi d’Angleterre prit alors possession du château de Budos et le concéda
au duc de Glocester, vers 1433, puis à François de Montferrand, en 1440.
Après
la conquête de la Guyenne, Thibaut, fils d'André de Budos, rentra dans le
château de ses pères. Il devint, sous Louis XI, capitaine de deux
compagnies, puis maître d’hôtel et chambellan de Charles VIII. Son fils,
Jean, se distingua au siège de Perpignan et guerroya en Italie avec François
ler. Jacques de Budos, son héritier, se bat en Italie sous Henri II, et
Charles IX lui confie le commandement de plusieurs places fortes. Sa fille «
la plus belle et la plus accomplie dame de son siècle » épouse le
maréchal, puis connétable de Montmorency.
En
1571, Jacques de Budos vendait le château de Budos à Raymond de la Roque
pour 30.000 livres.
Pendant
les guerres de religion, il fut bien gardé et demeura aux catholiques, mais
lors de la Fronde, le sieur de Lasserre, capitaine de cavalerie, dont nous
avons déjà parlé en retraçant l'histoire de Langon, et qui bataillait
contre les soldats du Parlement, s'empara, en 1652, du château de Budos qu'il
saccagea. M. de Balthazar, lieutenant général des armées du Prince de
Condé, envoya quelques troupes contre lui qui le firent prisonnier.
Depuis
cette époque jusqu'à la Révolution, Budos demeura dans la famille de la
Roque, connue dès le commencement du XIVe siècle et qui tirait son nom du
bourg de La Roque situé au nord-est de Cadillac. Le dernier baron de Budos
avant la Révolution fut Charles Armand de Laroque, qui était aussi baron de
Montferrand et, en cette dernière qualité, premier baron de Guyenne.
Actuellement le comte de Beauregard est propriétaire du vieux château.
Ce
qui reste aujourd'hui de l'ancienne habitation de tant de nobles seigneurs
offre au visiteur un aspect bien dévasté, mais rempli de détails du plus
haut intérêt. Décrivons-le rapidement.
Le
plan du château a la forme d'un vaste quadrilatère flanqué à chaque point
cardinal d'une tour, fort élevée, portant les boulins des hourds et percée
de meurtrières cruciformes.
Trois
de ces tours sont rondes: celle de l'ouest, qui fut un colombier, est
Octogonale. Au milieu de la façade sud-est se dresse une autre tour carrée
sous laquelle s'ouvre la porte d'entrée. Cet ensemble est bordé, de braies
très apparentes, puis d'un large fossé dont les lignes reproduisent celles
des remparts.
La
plus curieuse partie de cette forteresse est la porte d’entrée,
relativement bien conservée.
Tout
d'abord, au bord de la grande route, on remarque les murs démolis d'une
petite tour carrée, jadis fortifiée, placée à l'extrémité d'une
barbacane aujourd'hui disparue. De ce point à la porte d'entrée de la
façade sud‑est dont nous parlions à l'instant, s'allongeait un couloir
entre deux murs dont il ne reste plus que les fondations. L'axe de ce passage
était en oblique par rapport à la façade du château.
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A
son extrémité se présentait le fossé que l'on franchissait au moyen d'un
pont-levis, remplacé plus tard par le pont de pierre que nous voyons
maintenant. De ce pont-levis, il demeure, dans le haut du pied droit de la
porte d'entrée, les deux pierres échancrées formant les coussinets sur
lesquelles reposaient les tourillons de son tablier.
Le seuil franchi, un assommoir pouvait arrêter l’envahisseur. Des soldats, postés dans un chemin de ronde crénelé qui enveloppe la tour à la hauteur du sommet des courtines assuraient le service de ce moyen de défense.
Une herse venait ensuite, puis une porte consolidée par des barres qui s'enfonçaient dans des trous, de niveau inégal, creusés dans les murs latéraux. On se trouvait ensuite dans une sorte de vestibule voûté en ogive.
A droite et à gauche, des meurtrières à ouverture cruciforme et pattée défendaient les fossés. Tout contre, deux petites portes ogivales permettaient aux hommes de garde de passer sur lesbraies.
Avant et après ces ouvertures on observe les traces de rainures et de trous carrés, seuls restes des deux dernières portes. Au-dessus de ce rez-de-chaussée s'élèvent trois étages: le premier servait d'arsenal, les deux autres, munis de meurtrières, constituaient des postes retranchés d'utile défense.
Une fois qu'on est rentré dans la cour, la végétation variée qui s'y presse semble vouloir arrêter le visiteur et lui dérober la vue de ces murs délabrés. Malgré tout, écartons branches et ramures et parcourons ce vaste emplacement carré, entouré jadis, en face, à droite et à gauche, des appartements seigneuriaux, comme à Villandraut.
Une
poterne, semblable à celle de ce dernier château, ouvrait sur la façade
nord-ouest, un peu reportée vers le nord. Dans l'intérieur de la tour sud,
on voit encore les traces des deux étages qui s'élevaient au-dessus du rez-de-chaussée,
et sur les murs on remarque un revêtement en plâtre chargé de moulures
Louis XV à rinceaux qui semblent un véritable anachronisme dans ce château
du XIVe siècle.
Continuant
notre route nous nous dirigeons vers le Ciron en passant par Fonbanne et en
laissant à droite les restes sans intérêt de l'ancienne maison noble de
Margaride. Fonbanne est célèbre
par sa source abondante et limpide, dont le débit est de 350 litres par
seconde. Ces eaux sont amenées à Bordeaux, depuis 1887, par un aqueduc de 31
kilomètres de longueur.
Nous
allons maintenant traverser le Ciron sur le pont de la Magdelaine, ainsi
nommé d'une petite construction en ruines qu'on découvre tout auprès du
Ciron, sous les arbres et dans un coin très pittoresque. C'est une simple
enceinte rectangulaire bâtie en belle pierre. On l'appelle la chapelle de la
Magdelaine.
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Réalisée le 10 janvier 2002 | André Cochet |
Mise sur le Web janvier 2002 |
Christian Flages |