Cet homme est un héros inconnu : Gerhard Kratzat. 748

Autres billets de l'auteur.

Cet homme est un héros inconnu.

Gerhard Kratzat est né en 1909 à Burg/Dithmarschen (Allemagne).

Entre le début de l'année 1942 et décembre 1943, il a demeuré à Pechbonnieu, s'absentant de temps en temps pour des durées variables (de quelques jours à deux-trois semaines) afin de remplir les missions qui lui étaient confiées et dont nous ne savons rien.

C'est là qu'il fera la connaissance de Clara Malraux et d'Edgar Morin et adhèrera à leur mouvement MRPGD (Mouvement de Résistance des Prisonniers de Guerre et Déportés – le réseau "Charette").

Durant son long (18 mois) séjour à Pechbonnieu, il sera le témoin quotidien des allées et venues qui parcouraient cette maison (fréquentée par au moins quatre organisations de résistance), d'autant plus que les "pensionnaires" dormaient ensemble dans la grande chambre de derrière et que les repas se prenaient en commun.

Le 5 mars 1944 à l'hôtel Toullier (Paris) la Milice mettra la main sur lui. Très rapidement, ses geôliers s'aperçoivent qu'il est d'origine allemande et le remettent aux autorités d'occupation qui le convoient à Lyon où siège la juridiction devant laquelle il doit comparaître.

Pendant 4 mois cet homme sera "interrogé" "Ce qui est terrible, écrit Clara Malraux, c'est qu'on l'a torturé horriblement" [ … Et pourtant j'étais libre, Grasset, 1979 p156].

Johannes Gerhard Kratzat a été condamné à mort par le tribunal de campagne de l'état-major principal de liaison 590 à Lyon le 30 juin 1944.  www.roterhusar.org/ggrechts/stolper/gerhardkratzat3.xhtml  

Il est exécuté le 12 juillet 1944. Sa dépouille est emmenée dans un convoi funèbre le 29 juillet 1944. On ne connaît pas l'itinéraire de ce convoi, mais aujourd'hui le corps de Gerhard Kratzat est inhumé au cimetière militaire allemand de Dagneux dans l'Ain.

Un acte d'héroïsme qui a duré 4 mois.

A aucun moment, pendant ces 4 mois passés entre les mains de ses geôliers-tortionnaires, Gerhard Kratzat n'a prononcé un seul nom, décrit une seule opération exécutée, dévoilé une seule des activités du MRPGD, révélé la cache de Pechbonnieu.

Grâce à son mutisme, le refuge de Pechbonnieu n'a jamais été inquiété jusqu'à la Libération et il a pu continuer à recevoir des résistants, des Juifs (enfants et adultes) et toutes sortes de clandestins. Il est hautement probable que la découverte de la maison Robène par les autorités d'occupation aurait eu également de graves conséquences pour tout le village (qui était complice par son silence).

Ses compagnons du réseau "Charette" ont pu poursuivre leurs missions, et il en est de même de toutes les organisations de résistance qui utilisaient cette retraite.

L'historien Thomas Pusch (je le remercie de ses communications) signale que, avant de rejoindre la Résistance Française, Gerhard Kratzat avait participé à la guerre d'Espagne au sein des Brigades Internationales. Il contribuera d'une manière décisive à l'exfiltration de la brigade Abraham Lincoln, composée d'Américains du Nord. Ajoutons que toute sa vie a été consacrée aux luttes pour la liberté et la démocratie puisqu'il avait été, après les lois de Nuremberg en 1935, déchu de sa nationalité allemande en raison de son militantisme anti-nazi.

Mon amie Bettina Marchal-Gier a bien voulu traduire pour moi un bon nombre de documents d'époque (dont je ferai état dans une prochaine publication) et je tiens à la remercier publiquement.

 

A lire aussi :

La chambre de derrière. Pechbonnieu 1940-1944, Laurent Robène, L'Harmattan 2018, Broché - format : 13,5 x 21,5 cm. 14 novembre 2018 • 212 pages   ISBN:978-2-343-15837-2.

Convoi funèbre.   /  Portrait.   /   fiche.

Laurent Robène.
Laurent Robène
 robene.laurent@gmail.com
  748/748a / b /  748c.png .

 Pechbonnieu, un village de Justes ? 31140 (Haute Garonne).  741

Autres billets de l'auteur.

Le vendredi 1er octobre, Pechbonnieu célébrait les Justes de la commune.

Et si la famille Robène, Lucien, Blanche et leurs deux filles, étaient au centre de l'action résistante du village (dissimulation et hébergement de Juifs, de résistants, de réfractaires au STO, et autres clandestins), rien n'aurait été possible sans le silence complice de toute la population.

Les époux Robène ont été reconnus « Justes parmi les Nations » par le comité Yad Vashem en 2018.

C'est pourquoi un panonceau commémoratif a été déposé devant la façade de la mairie et la terrasse qui précède son entrée a été baptisée « Parvis des Justes ».

La maire, Sabine Geil-Gomez explique : «  La plaque commémorative du parvis des Justes destinée à honorer les habitants de Pechbonnieu est placée sous un érable. Les druides considéraient l’érable comme le messager, capable de parler aux hommes et aux femmes par le biais de ses branches que le vent agite. Il symbolise l’indépendance et la liberté ».  

De son côté, Marguerite Robène-Denègre, fille des époux Robène et témoin de cette période (elle est née en 1931), a rappelé, dans une brève allocution l'ambiance de cette période. « 1940. La France vient de perdre la « drôle de guerre ». l'occupation allemande ne va pas tarder. Pechbonnieu 380 habitants ; c'est une population essentiellement rurale. L'habitat est très dispersé. Seul, le centre du village présente une petite agglomération : la mairie, flanquée des deux écoles, l'église, et les artisans nécessaires à la vie : l'épicerie, 2 boulangeries, le café-tabac, le forgeron, le menuisier, le charron et quelques maisons habitées par des gens retraités ou qui travaillent ailleurs.

C'est parmi ceux-là que s'inscrit la famille Robène, ma famille.

Nous étions une famille ouvrière : papa était contremaître à l'usine aéronautique Latécoère, maman était mère au foyer ; les deux fillettes Lucette et moi-même Marguerite fréquentions assidûment l'école de Pechbonnieu. Papa était absent toute la journée , mais le soir à son retour nous étions heureuses de jouer avec lui...Maman très active, ouverte, mais discrète, veillait sur nous tous avec une grande lucidité .

C'est dans ce cocon que sont apparues des personnes étrangères. Pour nous fillettes, à part les connaître par leur prénom, choisi par maman, nous ignorions tout sur eux et sur leurs activités. Nous savions seulement combien il fallait mettre d'assiettes sur la table du souper.

Bien sûr les hôtes arrivaient à la nuit et repartaient au petit matin vers leurs activités toulousaines. Celui que nous appelions Pierre est celui de nos hôtes qui m'a le plus marquée. Dans la circonstance qui nous réunit aujourd'hui, je relève sur ce panneau son véritable nom Gérard Kratzat.

Il était jeune et d'allure élégante, avec de grands yeux clairs. S'il n'était pas en mission, confiné à la maison, il était avec ma sœur et moi d'une grande gentillesse, une sorte de discrète affection, qui devait peut-être lui rappeler son enfance, sa famille. Comme les autres, il s'absentait parfois, plusieurs jours ou semaines et revenait fatigué. Un jour il n'est pas revenu : j'ai su, beaucoup plus tard qu'il avait été arrêté, torturé, exécuté, il n'a jamais révélé son asile de Pechbonnieu !

Dans un petit village où tout se sait, comme Pechbonnieu, quelques informations circulaient sous le manteau. Mais les occupants allemands n'ont jamais rien su.

Le silence bienveillant et complice de tous les Pechbonniliens a permis la réussite de toutes les actions organisées dans la maison Robène jusqu'à la Libération. Ce devait être, je crois, leur façon de participer à la résistance à l'occupant. En particulier les époux Salles, épiciers, grands-parents de notre ami Denis Bacou : en voisins, ils avaient bien remarqué des va-et-vient ; en fournisseurs d'aliments contingentés, ils ont fermé les yeux sur des tickets inappropriés, ou se sont montrés généreux quand ils en avaient l'occasion.

Mes parents, plus ou moins éloignés de la religion, étaient pourtant en très bons termes avec le curé, l'abbé Despax. Celui-ci avait ouvert les portes de l'église à la jeune juive musicienne, qui vécut de longs mois avec nous. Les assidus de la messe dominicale ne s'étonnaient pas de cette artiste en herbe qui avait redonné vie au vieil harmonium, ni du fait que la famille Robène avait soudain 3 filles au lieu de 2.

Les institutrices de cette époque, Mme Frèche et Melle Raufaste, ont aussi participé à la résistance, en particulier s'abstenant de révéler aux occupants les noms des enfants juifs.

Merci à Pechbonnieu, merci à tous ces gens qui ne sont plus ; Je suis touchée de l'hommage rendu à Gérard Krazatz à l'égal de celui de mes parents et surtout de tous les Pechbonniliens. Je n'entrerai pas dans des détails qui sûrement vous intéresseraient. Autour de mes souvenirs et de ceux de ma sœur, un auteur a reconstruit un contexte historique et documenté. Il faut le lire.

Je vous remercie de votre indulgente attention.

Marguerite Robène-Denègre.

Voir quelques images de la cérémonie.

A lire aussi :

La chambre de derrière. Pechbonnieu 1940-1944, Laurent Robène, L'Harmattan 2018, Broché - format : 13,5 x 21,5 cm. 14 novembre 2018 • 212 pages   ISBN:978-2-343-15837-2.

Couverture  de l'ouvrage.   /  Portrait de l'auteur. 

Laurent Robène.

Appel à témoins, sauvetage d'enfants en gare de Montauban avril 1944.... ? 681

de Laurent Robène.       robene.laurent@gmail.com

«Pour faire reconnaître "Juste parmi les Nations" Gerhard Kratzat, adjoint d'Edgar Morin. 

J'ai diffusé cet appel à témoins sur près d'une quarantaine de groupes facebook qui traitent les uns d'histoire en général ou de la seconde guerre mondiale ou de la Résistance ; les autres de généalogie, de la Shoah et de la déportation ou encore des groupes régionaux : Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne, Occitanie, etc ...

Robert Badinier (délégué régional de la Fondation de la Résistance) et moi-même avons résolu de faire reconnaître "Juste parmi les Nations" la seule personne identifiée qui a participé à ce sauvetage, Jean, comme l'appelle Clara Malraux dans le texte. (Ci-après)

Seulement, il faut des témoins, ou des enfants de témoins, ou des gens qui peuvent avérer que cette action a bien eu lieu.

Quant à Jean, il s'agit de Gerhard Kratzat, adjoint d'Edgar Morin.

Il a été arrêté à Toulouse en mars 1944, emmené à Lyon (peut-être au fort Montluc, mais ce n'est pas certain), torturé puis exécuté en juillet. Il n'a pas parlé. Ni du wagon d'enfants juifs, ni de la cache de Pechbonnieu, sauvant ainsi aussi les hôtes (mes grands-parents) et les résidents.

Cette histoire est un peu compliquée, le sujet (et l'enjeu) ne sont pas simples.

Or, dans les années 80, Edgar Morin et Clara Malraux ont mentionné plusieurs fois leurs séjours et passages à Pechbonnieu dans la maison Robène.

Clara Malraux raconte : (Et pourtant j’étais libre, Grasset, 1979.)

« Jean me dit : _ Nous venons de faire un drôle de travail. Tu sais […], il y avait un train en gare [de Montauban] qui devait emmener des Juifs en Allemagne … au milieu, un wagon plein d’enfants, une cinquantaine … ils avaient cessé de pleurer. On a détaché cette voiture des autres et on l’a poussée sur une voie de garage. Les cheminots sont des gars bien … le lendemain matin, le convoi est reparti sans les gosses ... une trentaine est déjà casée, j’en ai déposé un à Pechbonnieu».«[...] dans sa ferme, poursuit-elle, trouvaient pêle-mêle refuge des enfants juifs, des réfractaires, des réfugiés, des résistants, ... ».

C'est à partir de ces témoignages que la descendance des époux Robène a entrepris de collecter des témoignages et de plonger dans divers fonds d'archives pour faire reconnaître Blanche et Lucien comme « Justes parmi les Nations ». Ce fut chose faite par Yad Vashem en mai 2018, et le nombreux matériau documentaire assemblé au cours de ces recherches a alimenté la rédaction du livre, préfacé par Edgar Morin, « La chambre de derrière, Laurent Robène, novembre 2018, L'Harmattan ».

L'épisode que rapporte Clara Malraux se situerait avant avril 1944. Et même s'il est vraisemblable que ce train n'avait pas l'Allemagne pour destination directe, mais Drancy, je cherche ce que sont devenus les enfants libérés de ce convoi.

C'est pourquoi je vous remercie d'avance de me contacter si quelqu'un parmi votre entourage, votre famille, ou vous-même, ou quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît ..... avait un souvenir de cette action à Montauban, ou en avait entendu parler, ou savait que tel oncle , ou autre parent, avait été dans cette situation.

Ou même seulement si vous en savez quelque chose.

La chambre de derrière. Pechbonnieu 1940-1944, Laurent Robène, L'Harmattan 2018, Broché - format : 13,5 x 21,5 cm. 14 novembre 2018 • 212 pages   ISBN:978-2-343-15837-2.

Couverture  de l'ouvrage.   /  Portrait de l'auteur.   /  Autre billet de l'auteur.

Laurent Robène.

Graines de lettres germées, fleurissent, essaiment .....!********  666 

Edgar Morin à Montauban.

Vendredi 7 février, Montauban recevait Edgar Morin, sociologue, ethnologue, philosophe, bref un de nos grands penseurs contemporains, initiateur de la pensée complexe, docteur honoris causa d'une vingtaine d'universités à travers le monde.

Brigitte Barèges, maire, ne s'est pas trompée sur la qualité du visiteur : « Je salue l'homme qui nous dit qu'il faut vivre la poésie », en lui remettant la médaille de citoyen d'honneur de la ville de Montauban.

Après sa conférence, consacrée à la période de la résistance d'abord, puis aux dangers du monde contemporain dans une deuxième partie, Edgar Morin a dédicacé ses livres auprès d'un nombreux public, sous l'égide de la librairie La Femme-Renard.

Cette visite a été l'occasion de retrouvailles singulières. En effet, en 1943, Edgar Morin avait été chargé avec Clara Malraux, par Michel Cailliau, neveu du général de Gaulle, d'organiser le MRPGD (Mouvement de Résistance des Prisonniers de Guerre et Déportés) dans la région toulousaine.

Et pour ce faire, il logeait dans un village non loin de Toulouse, Pechbonnieu, où Clara, résidente régulière de la villa des Pâquerettes à Montauban, le retrouvait de temps en temps. La maison Robène, où il habitait, était le domicile de la famille Robène : le père Lucien, son épouse Blanche et leurs deux filles Lucette et Marguerite.

En même temps, cette famille hébergeait et cachait d'autres résistants de plusieurs organisations différentes et des Juifs, enfants et adultes. Edgar Morin avait un adjoint qu'il aimait beaucoup, Jean Kratzat, allemand, ancien marin de Hambourg, qui avait fait la guerre en Espagne et s'était replié sur Toulouse.

Pendant ses moments d'inactivité, Jean méditait en façonnant des objets, le plus souvent des têtes humaines, avec de la terre qu'il allait chercher à la briquèterie voisine. La famille Robène a toujours conservé les quelques sculptures que Jean a laissé.

En juin 1944, Jean a été arrêté puis conduit à Lyon au fort de Montluc où il a été torturé, et fusillé. Il n'a jamais parlé de la cache de Pechbonnieu. C'est un visage modelé par Jean Kratzat que la famille Robène a offert à Edgar Morin qui en ignorait jusqu'à l'existence : « c'est Jean qui a fait ça ? dit-il en caressant le visage rugueux, je n'avais rien de lui ».

L'émotion a été très forte aussi pour Marguerite Robène-Denègre, qui avait 12 ans en 1943, avait côtoyé ce grand jeune homme de 22 ans, et qui ne l'avait jamais revu depuis. Ces épisodes de la Résistance toulousaine ont été racontés dans le livre « La chambre de derrière », de Laurent Robène, paru en novembre 2018 préfacé par Edgar Morin, chez L'Harmattan ».

  Portrait de l'auteur.   /  Autres billets de l'auteur.

Laurent Robène.

Graines de lettres germées, fleurissent, essaiment .....!******** 666

Laurent Robène.

« La chambre de derrière ».

Cet ouvrage est  particulier car il qui éclaire une tranche de vie réelle sous l'occupation allemande.

 

La Résistance dans la région toulousaine, Pechbonnieu, village résistant méconnu.

1940 : Pechbonnieu est un village de 400 âmes à une vingtaine de kilomètres au Nord de Toulouse. C'est chez une famille de cette bourgade que, jusqu'à la fin de la guerre sans discontinuer, des Juifs (enfants et adultes), des réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire), des résistants, des parachutistes anglais et même des déserteurs de l'armée nazie vont trouver refuge pour une nuit ou plusieurs mois.

Dans cette maison, on rédigeait et imprimait des tracts, on préparait des transferts vers l'Espagne, on soignait les clandestins malades ou blessés, exerçait des opérations de messagerie, procurait de vrais-faux papiers, Edgar Morin et Clara Malraux organisaient le MRPGD (Mouvement de Résistance des Prisonniers de Guerre et Déportés) en région toulousaine.

Cette famille, les Robène, composée du père, Lucien, de la mère, Blanche, et de leurs deux filles, Lucette et Marguerite, se dispersera à l'issue de la guerre : les parents divorcent et chacun part de son côté, Blanche avec ses filles. Ni Blanche, ni Lucien n'ont jamais fait état de leur activité de résistants, et les villageois sont restés muets sur cette question, de telle sorte que ces épisodes auraient pu tomber dans l'oubli.

Or, dans les années 80, Edgar Morin et Clara Malraux ont mentionné plusieurs fois leurs séjours et passages à Pechbonnieu dans la maison Robène.

C'est à partir de ces témoignages que la descendance des époux Robène a entrepris de collecter des témoignages et de plonger dans divers fonds d'archives pour faire reconnaître Blanche et Lucien comme « Justes parmi les Nations ». Ce fut chose faite par Yad Vashem en mai 2018, et le nombreux matériau documentaire assemblé au cours de ces recherches a alimenté la rédaction du livre, préfacé par Edgar Morin, « La chambre de derrière, Laurent Robène, novembre 2018, L'Harmattan ».

Dans cet ouvrage, l'auteur décrit avec minutie les activités d'une communauté villageoise sous le régime de Vichy d'abord, puis sous l'occupation à partir de novembre 1942, et c'est dans ce décor de vie quotidienne que se déroulent des actes de résistance jusqu'ici méconnus.

Le lecteur découvrira en filigrane au fil des pages les deux thèses qu'avance et soutient l'auteur.

D'abord, bien que le couple Robène ne soit lui-même affilié à aucun groupe, réseau ou mouvement de résistance (en quelque sorte, ils agissaient en free-lance), plusieurs de ces groupes, réseaux ou mouvements connaissaient le refuge de Pechbonnieu et l'utilisaient.

L'auteur a établi qu'au moins quatre organisations différentes fréquentaient la maison Robène et il n'est pas interdit de penser qu'il y en avait d'autres, sans que cela ait laissé de traces. D'autre part, et malgré le secret nécessaire à l'exercice de telles activités au sein d'un bourg, il s'avère que tout le village était au courant de ce qui se passait dans cette maison et que personne n'a jamais rien dit, aucune dénonciation.

Au contraire, l'auteur a relevé plusieurs manifestations d'une complicité active et consciente. Une histoire dont ce village, Pechbonnieu, peut-être fier.

Le livre est en vente à la librairie Chaumerliac à Moissac et sur commande dans toutes les bonnes librairies. Il est également présent sur tous les sites de vente en ligne.

La chambre de derrière. Pechbonnieu 1940-1944, Laurent Robène, L'Harmattan 2018, Broché - format : 13,5 x 21,5 cm. 14 novembre 2018 • 212 pages   ISBN:978-2-343-15837-2.

Laurent Robène sera à 7 à Lire, le salon de Nègrepelisse.

 

Couverture  de l'ouvrage.   /  Portrait de l'auteur.   /  Autre billet de l'auteur.

Laurent Robène.

Graines de lettres germées, fleurissent, essaiment .....!******** 660

Laurent Robène.

« La chambre de derrière ».

Cet ouvrage est  particulier car il qui éclaire une tranche de vie réelle sous l'occupation allemande.

 

Laurent Robène est né en 1952 et, après une courte carrière comme cuisinier, il s'est dirigé vers la comptabilité et son enseignement, puis l'ingénierie de la formation.

Cet auteur s'est toujours intéressé à l'histoire locale de son département de résidence (la Mayenne) et a publié de nombreux articles au sujet notamment des corporations de métiers sous l'Ancien Régime et la Libération, dans une revue trimestrielle, l'Oribus, dont il est devenu ensuite rédacteur-en-chef.

C'est après avoir pris sa retraite du monde de la formation qu'il s'est engagé sur une piste ouverte par sa tante, puis abandonnée. Cette piste, sur la base des seuls témoignages de Clara Malraux et Edgar Morin, le conduira à raconter la vie quotidienne de Pechbonnieu, village proche de Toulouse, pendant la période 1940-1944.

Aucun historien régional n'a mentionné Pechbonnieu comme un lieu notable de la résistance. Et pour cause : personne n'en a parlé. Ni les villageois eux-mêmes, qui ont peut-être évoqué entre eux à la veillée les faits de résistance de leur village, mais sans leur donner davantage d'écho, ni les acteurs principaux.

Et pourtant, de 1940 à 1944, sans discontinuité, une famille du village a hébergé et caché plusieurs dizaines de Juifs (enfants ou adultes), de réfractaires au STO, de résistants, de parachutistes anglais et même des déserteurs de l'armée nazie.

Chez eux, on imprimait des tracts, on organisait des transferts vers les Pyrénées et l'Espagne, Edgar Morin et Clara Malraux organisaient le MRPGD (Mouvement de Résistance des Prisonniers de Guerre et Déportés) en R4 (région toulousaine). Et toutes ces activités se faisaient avec le silence complice de toute la population.

Personne n'a jamais dénoncé ces actes clandestins aux autorités. Au cours des années 80, Clara Malraux et Edgar Morin ont pourtant mentionné en plusieurs écrits leurs passages et séjours dans cette maison de Pechbonnieu. A partir de ces évocations, de recherches bibliographiques et dans divers fonds d'archives, le petit-fils de cette famille, a pu reconstituer la vie de ce village pendant cette période.

 Ces recherches ont abouti à la publication du livre « La chambre de derrière », Laurent Robène, Editions l'Harmattan, novembre 2018, avec une préface d'Edgar Morin. .A la fin de la guerre, les époux Robène se sont séparés, puis ont divorcé et aucun des deux n'a jamais fait état de ses activités de résistant pour obtenir quelque récompense, chacun est resté silencieux. Ils ont été reconnus « Justes parmi les Nations » par le comité Yad Vashem en mai 2018.

Au fil des pages, le lecteur sera plongé dans la vie quotidienne des familles d'un village sous le régime de Vichy d'abord, puis sous l'occupation à partir de novembre 1942. Et il ne manquera pas de repérer les deux thèses qu'avance et soutient l'auteur. Tout d'abord, bien que la famille d'accueil de Pechbonnieu n'ait été enregistrée dans aucun mouvement de résistance (en quelque sorte, ils étaient « free lance »), le refuge abritait des personnes provenant de plusieurs réseaux ou mouvements. L'auteur a pu établir qu'au moins 4 organisations différentes utilisaient l'abri de Pechbonnieu. D'autre part, ce livre démontre que tout le village était au courant de ces activités, des commerçants aux paroissiens, du maire (ou plutôt le président de la délégation spéciale) à l'institutrice. Même le délégué cantonal de la Milice a fait silence.

Le livre est en vente à la librairie Chaumerliac à Moissac et sur commande dans toutes les bonnes librairies. Il est également présent sur tous les sites de vente en ligne.

La chambre de derrière. Pechbonnieu 1940-1944, Laurent Robène, L'Harmattan 2018, Broché - format : 13,5 x 21,5 cm. 14 novembre 2018 • 212 pages   ISBN:978-2-343-15837-2.

Laurent Robène sera à 7 à Lire, le salon de Nègrepelisse.

 

Couverture  de l'ouvrage.   /  Portrait de l'auteur.

Laurent Robène.