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Recueil | ||||
des | ||||
Brochures et écrits | ||||
publiés |
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depuis 1839 jusqu'à ce jour (1880.) |
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Henry de Lur-Saluces. |
Dates. |
Titre. | Pages. | |
27 mars 1848 |
Circulaire |
185/186. |
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aux Membres du Club électoral de Preignac. |
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Messieurs, Je
viens de recevoir la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire
; vous me déclarez dans cette lettre que ma circulaire aux électeurs
de la Gironde vous a paru insuffisante, et vous me demandez de vous
dire, dans l'intérêt de ma candidature, si je suis attaché aux
institutions républicaines. Je
vais vous répondre avec une grande netteté. Deux
principes sont en présence, en France et en Europe, depuis plus d'un
demi siècle. La
révolution et la contre révolution. Que
la révolution s'appelle Charte de 1830 ou république de 1848, c'est
toujours la révolution. Le
but évident la pensée de la révolution française, c'est le triomphe
de la raison humaine, de la justice et des lois sur la force brutale et
les préjugés de toute sorte. Entendue
et comprise ainsi, nul n'est plus sincère partisan que moi de la révolution
française. Mais, à mes yeux, la cause de la révolution a toujours été mieux servie par la philosophie et la modération, que par la démagogie et la violence.
Lors
de la première république, la propagande armée établit en Europe de
nombreux gouvernements républicains, ils tombèrent bientôt. La
propagande des idées libérales dont la France était le foyer dans les
dix sept dernières années, a suffi pour préparer le renversement de
la plupart des gouvernements ennemis de la révolution. Maintenant,
si les institutions républicaines qui vont être données à la France
sont la traduction vraie des sentiments qui animent Lamartine, je réponds
à votre question : oui, je suis partisan des institutions républicaines...
Si
ces institutions étaient dictées par les clubs démagogiques de Paris :
non, je ne suis pas leur partisan, car elles ne seraient pas viables. Enfin,
Messieurs, je vous rappellerai ce que j'ai dit dans ma précédente
lettre. Je
regrette que la Charte de 1830 ait été violemment renversée ; entre
les mains d'hommes honnêtes et désintéressés, toutes les libertés
devaient nécessairement en sortir. Les
libertés régulièrement accordées sont définitivement acquises ;
celles que la force conquiert deviennent souvent un instrument de
despotisme entre les mains des vainqueurs. Toutefois,
si l'on peut, par de sages mesures, faire vivre ce qui est, on ne
ressuscite point ce qui n'est plus. L'assemblée
nationale ne peut donc avoir d'autre mission aujourd'hui que celle de
donner au pays une constitution républicaine, dans laquelle les départements
devront trouver le droit de choisir leurs administrateurs. Si
de plus amples explications vous paraissaient utiles, c'est avec le plus
grand plaisir, Messieurs, que je m’empresserais de vous les donner en
me rendant au milieu de vous.
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Réalisée le 10 septembre 2005 André Cochet Mise sur le Web le septembre 2005 Christian Flages