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Recueil      
  des      
    Brochures et écrits 
     

publiés

 
   

depuis 1839 jusqu'à ce jour  (1880.)

   

Henry de Lur-Saluces.

Dates.

Titre. Pages.

28 mai 1863

Lettre 

211/213

 au directeur du 

"Journal de Bordeaux".

Monsieur,

Je suis beaucoup plus l'homme de mon temps que vous ne paraissez le croire.

J'aime la controverse.

Vous m'avez attaqué, je vous ai répondu ; vous m'avez répondu je vous ai répliqué ; vous m'avez répliqué, je vous réponds encore et ainsi de suite…

D'ailleurs, cela me sert merveilleusement : je vous dirai dans un moment pourquoi.

Je veux d'abord répondre à ce qu'il y a de sérieux dans votre article de ce matin.

Vous supposez que je suis indigné de ce qui se passe dans le camp de mes confrères en tribulations électorales.

Vous vous trompez. Les violences de langage, toujours blâmables à mon avis, viennent en principe de vous.

Je suis profondément attristé, justement parce que je regarde le respect pour le pouvoir comme chose sainte, de trouver dans l'organe du gouvernement des attaques aussi déplacées qu'absurdes contre des bommes éminents qui ont joué un grand rôle dans mon pays.

Je le dis, Monsieur, le triste spectacle, c'est vous qui le donnez...

Et quant à la conciliation, prenant les choses sur un ton moins solennel, j'ajouterai que vous l'avez pratiquée avec le succès de ce personnage célèbre qui entrait dans l'eau pour ne pas se mouiller.

Page 212

Si bien que si le scrutin était remis à six semaines par exemple, j'oserais affirmer que le concurrent de M. le baron David, aujourd'hui dans les limbes aurait pleine chance de succès.

 Le baron David, candidat à Blaye en 1863, n’avait pas alors de concurrent.

Mais revenons à moi ; car aussi bien je vais m'occuper des autres, alors que ma pensée devrait tout entière être concentrée sur La Réole et Bazas.

A ce sujet, j'ai l'espérance que la correspondance échangée avec vous va m'être des plus utiles.

Voici comment :

Le reproche principal adressé par les électeurs de La Réole à mon honorable concurrent est qu'il ne répond jamais aux lettres qu'on lui écrit.

Or, les Réolais, qui sont gens d'esprit presque sans exception, feront sans aucun doute cette remarque.

Mais nous avons sous la main, diront-ils, un candidat qui répond, lui, alors qu'il ferait mieux de garder le silence et d'imiter ses collègues de l'opposition plus vivement attaqués. C'est donc qu'il ne peut se priver du plaisir de répondre.

Mais alors, c'est un homme précieux... Votons pour lui !...

Un dernier mot :

Vous terminez votre article en disant : qu'il y a autre chose pour moi dans l'avenir qu'une campagne sous la bannière de la mauvaise foi, et que je dois rester une des réserves de la France. 

Après les choses plus ou moins gracieuses que vous m'avez dites, j'avoue que celle-ci me confond.

Page 213

Jamais, même en dormant, il ne m'est arrivé de me placer sur un pareil piédestal.

Je suis abasourdi.

Toutefois, je vous en prie, veuillez remarquer qu'il y a vingt cinq ans que je suis candidat : quelques années encore, j'arrive à la limite d'âge ; et alors tout naturellement l'heure de la retraite aura sonné.

A cet égard, je ne puis rien.

C'est à la France à voir !

Comme vous avez mis deux jours à publier ma première lettre, trois à publier la seconde (ce qui fait que vous avez retranché au moins quatre arguments à l'adresse des électeurs de La Réole), je porte celle-ci. A la Gironde et au courrier de la Gironde, qui je l'espère, saisiront mieux le vif de la situation.

 

 

Table des matières.

 

Réalisée le 10 septembre  2005  André Cochet
Mise sur le Web le  septembre  2005

Christian Flages