Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Louis VIII |
Année :1226 |
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Siège d'Avignon par Louis VIII.
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Le
règne de Louis VIII, placé entre ceux de Philippe Auguste et de .Saint
Louis, demeure pour ainsi dire effacé à côté des noms du vainqueur de
Bouvines et du vainqueur de Taillebourg. Cependant
Louis VIII ne resta pas étranger, durant son règne de trois ans, à la tâche
d'agrandissement que se léguèrent successivement les descendants de
Hugues Capet : d'abord il
envahit le Poitou, et obtint la soumission de La Rochelle, de Limoges, de
Périgueux ; puis il tourna ses armes vers le midi, où les Albigeois
tentaient de derniers efforts après une persécution de quatorze ans. Dans
cette expédition il fut en apparence l'instrument de la papauté, qui
voulait à tout prix réduire les états indépendants du midi, les comtés
de Toulouse, de Foix, de Béziers, centres de l'hérésie nouvelle ; mais
au fond Louis VIII combattit pour la France, pour l'accroissement de la
domination royale, et sa campagne dans le Languedoc, signalée par le
siège d'Avignon, prépara la réunion définitive des provinces méridionales
de l'ancienne Gaule à la couronne de France. Quand
Louis VIII monta sur le trône, une nouvelle génération de princes
allait continuer la guerre des Albigeois ; le célèbre Simon de, Montfort
était mort au siège de Toulouse, et ses adversaires, en voyant tomber
leur plus ardent persécuteur, avaient repris courage. Raymond
VII, comte de Toulouse, Roger Bernard, comte de Foix, jeunes pleins
d'activité et de bravoure, s'étaient unis à Raymond Trancavel, comte de
Béziers ; et leur cause, qui n'était plus celle de l'hérésie mais bien
celle du droit contre la force, reprit quelque avantage. Dans
ces extrémités Amaury de Montfort, voyant les fiefs conquis par son père
lui échapper successivement, vint à Paris et céda au roi de France tous
ses droits sur l'héritage de Simon de Montfort, et désormais la guerre
des Albigeois devint personnelle à la royauté. Elle
avait attendu ce moment avec une remarquable patience ; Philippe Auguste
s'était tenu à l'écart des partis
jusqu'à ce qu'ils fussent épuisés les uns par les autres, et que la
France n'eût à lutter contre aucune ambition fière et puissante. Cette
sage politique avait réussi, et Louis VIII allait en recueillir les bénéfices
; une croisade contre le malheureux pays des Albigeois avait été décidée,
le roi de France fut chargé de la conduire. Le
comte de Toulouse, cependant, avait offert sa soumission au pape dans les
termes les plus humbles : "Régner,
avait il dit, c'est obéir à la sainte Église. Nous
obéirons donc humblement et dévotement en tout et pour tout aux ordres
du pape, sans toutefois porter atteinte à la domination de nos seigneurs
le roi de France et l'empereur." Mais
ces supplications furent inutiles ; on voulait enfin briser l'organisation
démocratique, les municipalités libres du midi par la féodalité du
nord. "Vainement Raymond supplia le légat, dit Mathieu Paris, de venir visiter chacune des cités de sa province, et de questionner chacun sur sa foi ; et s'il trouvait quelqu'un qui différât de la croyance catholique, il protesta qu'il était prêt à faire de lui la plus sévère justice suivant le jugement de l'Eglise. Quant à lui, il était prêt à subir l'examen de sa foi ; et s'il avait péché, d'en faire publiquement pénitence. Mais le légat rejeta toutes ces demandes avec mépris ; on
imposa au comte de Toulouse des conditions impossibles, on exigea qu'il
renonçât à son héritage pour lui et les siens : sur son refus, il fut
excommunié ; et Louis VIII poursuivit activement son expédition, sa
croisade contre la nationalité provençale, "que
les Français s'engageaient à anéantir" disaient avec colère
les habitants. On
réunit une armée considérable, qui comptait, rapporte-t-on, plus de
cinquante mille cavaliers, et Louis VIII, accompagné du cardinal légat
qui dirigeait la croisade, marcha sur le Languedoc en suivant la vallée
du Rhône. A
l'approche de ces forces immenses, de cette armée que le roi de France
conduisait en personne, la terreur devint générale dans le midi ; on se
rappelait les rigueurs, les cruautés des précédentes guerres, et on
redoutait de semblables excès ; les villes et les seigneurs se hâtèrent
de céder et envoyèrent des otages. Raymond
seul, qui n'espérait ni grâce ni pitié, se prépara à combattre. Louis VIII, après avoir descendu le Rhône, se trouva devant Avignon, qu'il fallait traverser pour entrer dans le Languedoc. Cette
ville, excommuniée depuis douze ans, s'était fait remarquer dans la
guerre des Albigeois par son énergie ; défendue par des tours
nombreuses, environnée de hautes murailles, elle était capable d'une
longue résistance. Bien
qu'elle dépendît du comte de Toulouse, elle offrit cependant au roi de
France passage pour lui et son armée par les faubourgs ; celui-ci exigea
qu'elle se livrât complètement et voulut traverser la cité en
triomphateur : Avignon ferma
ses portes et l'armée des croisés se disposa à faire le siège de la
ville hérétique. Ce
premier engagement devait avoir sur l'expédition une grande influence ;
la résistance d'Avignon allait en partie décider de celle du midi, et,
si le roi de France se voyait obligé de reculer dès le début de la
croisade, le succès de cette campagne religieuse et politique à la fois
pouvait être gravement compromis : aussi Louis VIII se disposa à agir vigoureusement. Avignon
fut investie par trois côtés, le roi et ses barons firent le serment de
ne se point éloigner que la ville ne fût réduite, et le siège commença
vers les premiers jours du mois de juin et se continua jusqu'au milieu du
mois d'août. On
avait élevé autour d'Avignon de fortes machines de guerre : les
balistes, les pierriers lançaient incessamment des projectiles parmi les
assiégés ; les béliers battaient les murailles sans qu'on eût encore
ouvert de brèches. Plusieurs
fois l'assaut fut tenté inutilement, les Avignonnais se défendait
courageusement : cependant les maladies enlevaient chaque jour de nombreux
soldats à Louis VIII, son armée diminuait ; néanmoins il ne pouvait se
décider à lever le siége. Enfin
il fit dresser à la hauteur des murailles de grandes tours en bois dont
les ponts-levis s'abattaient au sommet des remparts d'Avignon ; l'armée
fut dirigée sur trois points principaux et on donna le signal d'un assaut
général. La
lutte fut acharnée, les assiégés se défendaient avec une fureur égale
a l'ardeur des assiégeants ; ils tenaient
vaillamment sur les remparts, sur les plates formes des tours crénelées
d'Avignon, où les défenseurs se succédaient sans relâche ; les flèches
et les pierres se croisaient dans l'air, les soldats tombaient, les
meilleurs chefs succombaient, sans qu'on voulût s'éloigner d'aucun côté
; enfin Gui, comte de Saint Paul, ayant été frappé d'une pierre lancée
par une baliste, Louis VIII ordonna la retraite. Les
Avignonnais restaient encore maîtres de leur ville, mais le. siége, ils
le savaient, n'était point terminé ; leur vigoureuse défense avait épuisé
leurs ressources, ils n'avaient plus d'espoir d'être secourus
: ils offrirent de se rendre ; leurs portes s'ouvrirent enfin au
roi de France, à qui, deux cents des plus honorables citoyens furent livrés
comme otages. Par
l'ordre du roi et du légat les fossés de l'intrépide cité furent comblés
; trois cents maisons fortifiées, garnies de tours, qui étaient dans la
ville, furent détruites ; on ruina les murailles, et Avignon demeura démantelé
et sans défense. Après
cette exécution rigoureuse la cité fut absoute et reçut un évêque. La
prise d'Avignon décida du succès de la guerre ; Louis VIII parcourut la
Provence, et toutes les villes, forteresses et châteaux qui environnaient
Toulouse se soumirent à son autorité ; pour la première fois un
gouverneur commanda au nom du roi de France dans les provinces méridionales
de la Gaule, jusqu'alors indépendantes de la souveraineté du nord. En
revenant à Paris, le roi de France fut attaqué à Montpensier en
Auvergne, de l'épidémie qui avait sévi contre son armée ; il mourut au
mois de novembre 1226 en faisant jurer aux seigneurs qui entouraient son
lit de mort de reconnaître pour roi son fils Louis, âgé de onze ans. Louis
VIII avait commencé la conquête du midi, la reine Blanche, cette femme
courageuse et intelligente qui défendit avec tant de fermeté la couronne
de son fils, de ce jeune prince qu'elle formait aux plus nobles vertus, à
la piété et à la justice, acheva, au milieu des troubles de sa régence,
l'œuvre de son époux et la consolida par un traité signé à Paris en
1229. Raymond VII se soumit, désarmé, et souscrivit à tout ce qu'on
exigea de lui. Dès lors le midi fit réellement partie de la France, bien qu'il n'en ait accepté le nom que trois siècles plus tard. Sa
civilisation, déclina, sa langue et ses mœurs s'altérèrent, son
commerce et son industrie dégénérèrent ; ce furent les idées, les
habitudes, les lois des conquérants qui prévalurent ; mais cependant
l'esprit d'indépendance était tellement énergique, d'origine si
ancienne, qu'il se conserva et protesta longtemps par des révoltes et des
murmures contre la domination du nord. |
Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre2005
André Cochet
Mise sur le Web lenovembre2005
Christian Flages