Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Louis IX |
Année : 1250 |
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Captivité de Saint Louis.
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Bien
que Saint Louis ait constamment réuni à un égal degré les vertus éminentes
qui ont fait à son nom une éternelle gloire, cependant, en quelques
circonstances certaines parties de son caractère semblent dominer et se
montrer avec plus d'éclat. Ainsi,
à Taillebourg, Louis IX est surtout le roi chevalier, combattant plein de
courage et d'ardeur pour l'affermissement de sa couronne. Sa
justice apparaît dans toute sa touchante simplicité, quand sous les
ombrages de Vincennes, ou dans le jardin du Louvre, il admet chacun à son
audience et prononce sur le bon droit, sans considérer ni le rang ni la
fortune. Sa
piété, sa résignation chrétienne ne se sont jamais manifestées mieux
qu'aux deux croisades où il s'engagea pour la délivrance des lieux
Saints. On
dirait en quelque sorte que Dieu lui suscite les cruelles épreuves qui
ont signalé ces grandes expéditions afin d'en faire sortir sa vertu plus
sainte et plus respectable. La
seconde fois qu il abordera en Afrique, il doit y donner l'admirable
exemple de sa mort ; la première fois il témoigne durant sa captivité,
une constance dans sa foi, une soumission à la volonté divine et une
fermeté qui étonnent et fléchissent les infidèles eux-mêmes. Les
chrétiens venaient de perdre Jérusalem, ce but de tant d'efforts et de
voeux. Les
Mongols avaient repris sur la croix cette précieuse conquête, lorsque
Saint Louis, presque mourant encore, fit voeu d'entreprendre une croisade
pour la délivrance des lieux Saints. C'était
à la fois un acte de dévouement et de reconnaissance envers Dieu, qui
l'avait enlevé à une mort imminente ; durant cette maladie, on avait désespéré
de sa vie : une des dames qui le gardaient, le voyant étendu sans voix et
sans mouvement sur son lit de douleur, voulait même jeter le drap sur son
visage, quand, par miracle, pour ainsi dire. il revint à la vie. Dès
qu'il alla mieux il fit placer sur son lit et sur ses vêtements la croix
rouge, et annonça sa résolution. Sa
mère. les prêtres, ses plus intimes officiers le pressaient d'y
renoncer, mais il fut inflexible ; et quatre ans après cet engagement, en
1248, il réalisait son dessein et s'embarquait à Aigues-Mortes, laissant
à la reine Blanche, sa mère, le gouvernement du royaume. Les
commencements de l'expédition furent heureux, ,la flotte française
atteignit sans obstacle l'île de Chypre, désignée pour le rendez vous général
des croisés ; Saint Louis y passa l'hiver et arriva au printemps de l'année
1149 en vue des côtes d'Égypte, où devaient se porter ses principales
attaques. Damiette
se rendit immédiatement, et le roi en fit le centre de ses opérations et
son dépôt d'approvisionnements. Après
quelques mois de séjour l'armée chrétienne marcha vers le Caire ; et
c'est alors que se succédèrent cette suite de revers dont la captivité
du roi de France devait être la fatale issue à la déroute de Mansourah,
où le comte d'Artois, frère de Saint Louis, emporté par son ardeur, périt
misérablement en compromettant avec lui l'élite de l'armée. Les
croisés sortirent de ce péril à force de courage ; mais ils y perdirent
une partie de leur enthousiasme et de leur confiance, tandis qu'au
contraire les musulmans étaient encouragés par ce premier succès. Après
un second, engagement également désastreux pour les soldats du Christ,
on se décida à songer à la retraite ; mais il était déjà trop tard. Les
chemins étaient interceptés, les galères de transport encombrées de
blessés et de malades ; car la contagion avait semé ses mortelles
influences parmi les croisés. On
voulut obliger Saint Louis à monter sur les vaisseaux ; il s'y refusa : "j'aime
mieux mourir, dit il, que .d'abandonner mon peuple." Et
se plaçant à l'arrière garde, il protégea jusqu'au dernier moment la
marche de ses soldats. Malgré ses souffrances et son épuisement il se défendait
encore et donnait l'exemple du courage à ceux qui l'entouraient lorsqu'un
héraut d'armes s'écria ou par trahison ou par lâcheté, que Louis
ordonnait de se rendre. Alors
la déroute fut complète. le corps de bataille se laissa prendre sans résistance
; tout fut froidement égorgé par les Sarrasins, qui ne conservèrent que
le roi, ses barons et ses chevaliers dont ils espéraient obtenir de
riches rançons. Saint
Louis était le prisonnier de ces infidèles qu'il avait espéré
soumettre mais, dans cette extrémité, sa fermeté ne fut pas un instant
abattue, il conserva son indépendance ; et, en face des menaces et des
insultes des mamelucks, il demeura maître de lui même et fidèle à sa
foi. Aux
demandes impérieuses du sultan d'Égypte, alors qu'on le plaçait entre
la torture et la déloyauté, il répondait avec calme : "Dieu t'a rendu maître de mon corps ; mais mon âme est entre ses mains, et tu ne peux rien sur elle." Cette
inflexibilité, mêlée de tant de résignation, l'emporta sur les
exigences et l'orgueil du vainqueur, et un traité d'échange fut conclu,
par lequel Saint Louis rendait Damiette pour prix de sa liberté, et
payait pour celle de ses compagnons de captivité neuf cent mille besants
d'or. Toutefois
le roi ne se soumit à ces conditions qu'autant que la reine Marguerite,
sa femme, maîtresse de Damiette, les accepterait, "Comment,
s'écria avec dédain le mahométan, un homme peut-il se soumettre à une
femme ?
C'est ma dame et ma compagne" repartit le roi. C'était
en Saint Louis le dernier reflet de ce respect profond que le moyen âge
vouait aux dames. L'heure
de la liberté semblait arrivée, les prisonniers avaient été embarqués
et descendus jusqu'à Fariskur, lorsqu'une révolte des mamelucks qui coûta
la vie au sultan d'Égypte Touran Schah, renouvela les épreuves cruelles
que le roide France avait subies. Un
moment les prisonniers crurent qu'ils allaient mourir : les mamelucks
enivrés de leur sanglant triomphe, se refusaient à maintenir
l'engagement du sultan ; ils accablaient les malheureux croisés
d'outrages et de menaces. Ils
pénétrèrent en foule dans la tente de Saint Louis, et l'on put douter
si jamais la France reverrait le Saint roi. Les
sabres brillèrent au dessus de sa tête, les poignards effleurèrent sa
poitrine, sans que cependant il en fût ému. Fais-moi
chevalier ! dit le chef de ces soldats transportés de leur victoire. Fais-toi
chrétien répond le héros avec une tranquille sérénité et je
te ferai chevalier. Tant de vertu, tant de calme au milieu des dangers, domptèrent l'ardeur furieuse des mamelucks. Ils
cédèrent à l'ascendant de ce grand caractère et le traité précédemment
conclu fut reconnu et accepté. Tous
les obstacles paraissaient enfin surmontés, quand le serment qu'on
exigeait du roi faillit rompre encore une fois les négociations. Les
émirs demandaient à Saint Louis de déclarer s'il manquait aux
conventions : " qu'il fût honni autant que le chrétien qui renie Dieu et sa loi, et qui, en mépris de Dieu crache sur la croix et marche dessus." Le
roi refusa de s'engager par des paroles si contraires à sa foi ; il
risquait sa liberté, sa vie même dans cette lutte, mais il préférait
les sacrifier toutes deux plutôt que de flétrir par ce serment
outrageant ses plus chères croyances. Vainement l'envoyé des émirs lui annonça à quel ressentiment il s'exposait : "Sire,
lui disait-il, soyez certain que si vous ne le jurez ils vous feront
couper la tête et à tous vos gens." « Saint Louis demeura inébranlable, et les musulmans durent se satisfaire de la parole de ce prince franc qu'ils nommaient "le plus fier chrétien qu'on eut jamais vu en Orient " Damiette
fut livrée, la rançon des chrétiens payée avec une scrupuleuse
exactitude ; et le roi de France put regagner la Syrie, où les chrétiens
possédaient plusieurs places de refuge. Saint
Louis avait perdu une partie de son armée, il rachetait sa liberté par
de durs sacrifices, et cependant on peut dire qu'il revenait parmi les
siens en vainqueur et plus grand qu'avant sa défaite. Jamais
la vertu et la force du chrétien ne s'étaient montrées avec plus d'éclat
; au Caire, le roi de France, par son courage au combat, sa fermeté et sa
pieuse résignation dans la captivité, laissait une renommée plus
brillante que celle qu'eût pu lui donner aucune victoire. Sa personne avait inspiré un tel respect que, dit Joinville. "les amiraux avoient délibéré de le faire soudan de Babylone, et ce dessein n'échoua pour autre chose que parce que ils disoient que le roi étoït le plus ferme chrestien qui se pût trouver et que, si ils le faisoient soudan, il les occiroit tous ou ils deviendroient chrestiens." Après
sa délivrance, Saint Louis ne se crut pas encore dégagé de son voeu ;
il resta quatre années en Terre Sainte, délivrant les captifs, réparant
les fortifications de Césarée, Sidon, Jaffa, Ptolémaïs, et s'efforçant
par tous les moyens de relever l'influence chrétienne en Orient. La
mort de la régente le rappela enfin en France. Cette
triste nouvelle lui parvint à Saytte ; pendant deux jours il ne voulut
voir personne et demeura seul, abîmé dans sa douleur, pleurant cette mère
bien aimée qui avait conservé sa couronne et fortifié sa naturelle piété
de ses religieux conseils. Lorsqu'il
revit Joinville, son serviteur et son ami, il n'eut que la force de s'écrier
:"Ah! séneschal, j'ai perdu ma mère " et ses larmes
coulèrent de nouveau et la prière s'échappa de ses lèvres. |
Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre2005
André Cochet
Mise sur le Web lenovembre2005
Christian Flages