Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Childeric |
Année : 451 |
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Sainte Geneviève arrête Attila devant Paris. Après avoir
traversé l'Allemagne, ne laissant derrière lui que la ruine et la désolation,
Attila pénétra dans les Gaules en 451, suivi de cette multitude
furieuse, enivrée de ses sanglants succès, qu'il avait amenée des bords
du Danube. C'était le
dernier mais le plus terrible flot de ce torrent de barbares qui, depuis
trois siècles, parcourait l'Europe en effaçant sur son passage et les
villes et les nations. Jusqu'alors les
peuples qui des profondeurs de l'Asie se précipitaient vers l'Occident s'étaient
pour ainsi dire aisément rassasiés de leurs triomphes ; et, à mesure
qu'ils approchaient du monde civilisé, leur farouche courage
s'amollissait : ils avaient fini par s'arrêter étonnés des splendeur de
l'Empire Romain, essayant d'imiter ses mœurs et les merveilles de sa
civilisation. Mais, cette
fois le vainqueur était impitoyable, il dédaignait les recherches du
luxe ; aux grandeurs des cités de l'empire romain, à leur palais de
marbre, à leurs magnifiques monuments, il préférait la solitude de son
village de bois, peint et tapissé; aux kiosques nombreux, aux couleurs
variées: les vastes espaces des vertes prairies du Danube convenaient
mieux à ses libres allures que les villes resserrées par une ceinture de
murailles. Dans sen camp,
où s'entassaient les richesses que Rome lui envoyait humblement en
tribut, Attila, abandonnant à ses compagnons les vaisselles d'or et
d'argent, les étoffes de pourpre et tous les brillants trophées de la
victoire, recevait, assis sur un escabeau, devant une table chargée de
plats de bois et de mets grossiers, les envoyés des empereurs d'Orient et
d'Occident. Étranger à
tout ce qui émeut le coeur de l'homme, il se plaisait dans la terreur
qu'il inspirait et se donnait lui-même avec une sombre fierté le surnom
de Fléau de Dieu. Sa figure, son
extérieur, tout en lui, d'après le portrait qu'en ont tracé les
historiens, répond à la terrible renommée qu'il a laissée : sa taille
courte et ramassée, sa large poitrine, attestaient la force; son nez écrasé,
son front large, percé de deux yeux ardents, ses cheveux épars,
rappellent à la fois son origine et sa destinée. Rien d'humain
ne semble enfin avoir pénétré dans cette âme, animée seulement du
besoin de la destruction, et qui s'éteint devant Rome après avoir
accompli sur l'Europe entière son oeuvre d'extermination. La Gaule, tant
de fois dévastée par les barbares, vit avec consternation approcher cet
inflexible exterminateur, qui disait : « L'herbe ne croît
plus partout où le cheval d'Attila a passé » et répondait aux
ambassadeurs de Théodose « Croyez-vous qu’il puisse exister une
forteresse ou une ville s'il me plaît de la faire disparaître du sol ? Un hasard, prétend-on,
avait conduit les Huns vers l'Occident; une biche leur avait indiqué une
route à travers les Palus-Méotides : un hasard également avait armé
Attila. Un pâtre se
blesse au pied dans un pâturage ; il découvre une épée sous l'herbe,
il la porte au chef tartare : Attila la saisit, et jure ses droits à
la domination du monde. « L'étoile
tombe la terre tremble s’était-il écrié, je suis le marteau de
l'univers ». La constance même
de ses succès, l'inflexibilité plus qu'humaine de son coeur, tout
remplissait les esprits d’un mystérieux et craintif étonnement, et
paraissait révéler au monde une mission fatale. La présence
d'Attila s annonça dans les Gaules, comme d'habitude par le pillage, le
massacre et l’incendie. Il menait avec
lui une meute dévorante, qui n'attendait qu'un signe du maître pour se
ruer sur les cités. Trèves, la métropole
du Nord, Metz et une foule de villes furent ruinées par cette effrayante
invasion, et ce fut précédé de ces sinistres éclats qu'il se présenta
sous les murs de Paris ou plutôt de Lutèce. Quand ils
virent s’étendre sous leurs remparts cette foule de barbares, dont on
portait le nombre à cinq cent mille hommes, les Parisiens considérèrent
avec terreur sur les deux rives de la Seine ces hommes étranges, d’un
aspect farouche, à peine couverts d une misérable tunique, coiffés d'un
grossier bonnet de peau, qui à cette heure étaient les maîtres du
monde. Epouvantés à
leur approche, ils ne songent même pas à résister ; la fuite leur
semble l'unique chance de salut, et, réunissant toutes les barques qu'ils
peuvent trouver, ils se préparent à abandonner Paris aux Huns. Dans cette
population désolée un coeur seul garde sa confiance, une voix s'élève
pour engager les habitants à se défendre ; c'est celle d'une jeune fille
de dix-neuf ans à peine, consacrée à Dieu dès son enfance, de sainte
Geneviève, Née vers 422
au village de Nanterre près de Paris, sainte Geneviève n'avait encore
que sept ans lorsque saint Germain d'Auxerre, qui se rendait en
Angleterre, la distingua parmi ses compagnes et lui annonça à quelle
sainte mission le ciel la réservait. Veillez sur
cette jeune fille, dit-il à ses parents, au jour de sa naissance le ciel
a dû se réjouir, car elle est venue au monde pour le salut de plusieurs.
Elle sera
grande devant Dieu et devant les hommes. « Geneviève ne trompa point ces
pieuses prévisions. A quinze ans
elle avait pris le voile; et, retirée à Paris dans la demeure de sa
marraine, elle se livrait aux exercices de la plus rigoureuse austérité,
quand l'arrivée d'Attila la fit sortir de sa retraite. Se rappelant
sans doute l'œuvre de salut que saint Germain lui avait prédite, elle
assemble les femmes, les exhorte à empêcher l'abandon de la cité pure
et sans tache où jamais l'ennemi du Christ n'a pénétré, les entraîne,
et les conduit au baptistère prier Dieu de réveiller la foi et le
patriotisme éteints dans le coeur de leurs époux, de leurs frères et de
leurs enfants. Puis se rendant
au milieu de l’assemblée des citoyens " Pourquoi
fuyez-vous ? leur dit la
courageuse vierge, celui qui a dit à la mer : Sépare tes flots; et au
Jourdain Remonte vers ta source, ne saura-t-il pas élever une digue entre
vous et le torrent ? " Paris n'a rien
à craindre de ce roi barbare qui se prétend la terreur du genre humain
et le fléau de Dieu. Votre ville
sera conservée, tandis que celle où vous voulez vous retirer sera pillée ou saccagée. Ayez confiance en Dieu,
implorez son secours, et ne trahissez point par votre fuite la cause du
ciel et de la patrie. Mais ses
efforts sont inutiles, une invincible crainte a frappé les Parisiens ; et
la multitude. dominée par la peur. accable sainte Geneviève d'outrages,
l'appelant fausse prophétesse et sorcière. Bientôt des
injures on passe aux menaces, des cris de mort partent du milieu de
l'assemblée. A la Seine s'écrie-t-on,
à la Seine l'hypocrite, qu'elle soit punie de ses mensonges ! Déjà sa perte
paraissait certaine, on s'excitait à la lapider ou à la noyer, quand
l'archidiacre d'Auxerre pénètre dans la foule, apportant à sainte
Geneviève, de la part de saint Germain des eulogies, présents que
les évêques adressaient en signe de respect et d'amitié. Cet hommage.
rendu si publiquement à la vertu de sainte Geneviève. change aussitôt
les dispositions des Parisiens : ils écoutent les conseils de la vierge
de Nanterre et se préparent à défendre la cité contre l'invasion des
Huns. Mais ils
n'eurent pas même à combattre ; les prières de sainte Geneviève
avaient été exaucées : pour la première fois Attila recule et se détourne
de sa route, durant la nuit il part avec ses sauvages compagnons ; Paris
est épargné, et la haine que la veille sainte Geneviève inspirait se
change en une admiration profonde. Attila, le
terrible dominateur des peuples, que les maîtres de Rome n'abordaient
qu'en tremblant, qui traînait à sa suite tant de tribus soumises, s'arrêtait
devant une jeune fille qui n'avait pour elle que la ferveur de sa foi. C'était le
triomphe de la religion de l'esprit et du dévouement sur la force matérielle
victoire touchante qui inaugure dans la Gaule les premiers temps du
christianisme et place sous une douce et pure protection cette contrée
qui, plus tard, devait être la France. Sainte Geneviève,
après avoir, dans une autre occasion, sauvé de la famine Paris assiégé
par Childéric, en se mettant courageusement à la tête de ceux qui
allaient chercher des vivres ; après avoir vu les barbares, dans la
personne de Clovis, adopter le christianisme, et sauvé la Gaule des
erreurs de l'hérésie, sainte Geneviève mourut en 512, laissant dans les
plus saintes légendes ce nom honoré par quatre-vingts années de vertu
et de piété. Paris
reconnaissant plaça le cercueil de sainte Geneviève à côté de celui
de Clovis, dans la basilique de Saint Pierre et Saint Paul, et choisit
pour patronne dans le ciel celle qui deux fois l'avait gardé de la colère
des barbares. |
Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre 2005 André Cochet Mise sur le Web le novembre 2005 Christian Flages