Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Clovis |
Année : 496 |
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Bataille de Tolbiac.
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Le grand
mouvement des invasions qui changea si souvent la face de l'Europe, et
dont le passage d'Attila fut un des plus funestes épisodes s'était arrêté,
et les peuples longtemps errants commençaient â former des établissements
stables. Les tribus
franques qui s'étaient fixées au nord de la Somme avaient, sous la
conduite de Clovis, étendu leur domination jusqu'à la Loire. Dirigées par
ce prince jeune, actif, audacieux, elles avaient défait une armée
romaine ; mais, malgré ces succès, malgré les insignes consulaires que
l'empereur d'Orient envoyait au chef des Francs, il y avait loin de cette
réunion confuse de soldats sous les drapeaux de Clovis à l'unité qui
fait les nations. Les guerres, ou
plutôt les violentes incursions inspirées par le besoin du pillage,
formaient les seules ressources des Francs ; leurs moeurs et leur religion
composée de croyances superstitieuses étaient également barbares. Vainement le
christianisme avait déjà fondé d'illustres églises dans les Gaules,
les Francs persistaient dans une aveugle idolâtrie. Clovis
cependant avait épousé une chrétienne, la nièce du roi de Bourgogne,
Clotilde, dont les écrivains contemporains vantent la grâce et la beauté
; la jeune reine ne cessait de supplier son époux de reconnaître le vrai
Dieu et d'abandonner les idoles mais, malgré ses puissantes
sollicitations, le roi refusait le baptême. Deux tristes
circonstances fortifiaient les résistances de Clovis entraîné par les
prières de Clotilde, séduit peut-être aussi par l'espoir de donner à
son autorité naissante l'appui de l'Église, qui semblait disposée à le
lui accorder, le roi avait consenti à ce que ses fils fussent baptisés. Bientôt il
regretta de l'avoir permis en effet, l'un d'eux, Clodomir, n'avait que
difficilement échappé à une grave maladie ; et Ingomir, l'aîné, avait
succombé. Dès lors
Clovis se fit de la mort d'Ingomir une arme contre les instances de
Clotilde : "Si l'enfant, lui disait-il, eût été consacré au
nom de mes dieux, il vivrait encore ; mais, comme il a été baptisé au
nom de votre Dieu, il est mort." A ce reproche
la pieuse mère avait trouvé le courage de répondre : "Je rends
grâces au puissant créateur de toutes choses, qui ne m'a pas jugée
indigne de voir associé à son royaume l'enfant né de mon sein"
; sans que son époux fût ébranlé par cette touchante résignation. Enfin un événement
important, dans lequel Clovis crut reconnaître la toute puissance de
l'intervention divine, triompha de sa longue obstination et décida sa
conversion. Les Allemands
qui occupaient la rive droite du Rhin, jaloux de l'accroissement de la
puissance des Francs et des richesses qu'ils avaient acquises par leurs
victoires, leur déclarent la guerre et s'apprêtent à franchir le Rhin. En présence de
cette invasion Clovis réunit ses soldats, et, fier des succès qui
avaient étendu son empire au delà de la Seine, il se prépare à
repousser l'agression étrangère. Les deux armées
se rencontrèrent à quelques lieues de Cologne, dans la plaine de
Tolbiac, aujourd'hui nommée Zulpich : la lutte fut terrible entre ces
barbares également courageux, également impitoyables ; le combat durait
depuis plusieurs heures, sans qu'un mouvement décisif eût fait présager
qui l'emporterait, quand les soldats de Clovis, frappés d'une soudaine
terreur, reculent tout d'un coup en désordre sans que la voix de leur
chef pût les arrêter. Vainement
Clovis leur montre l'ennemi, fait appel à leur courage tant de fois éprouvé,
ils fuient : dans ce moment suprême Clovis, après avoir jeté un regard
de détresse autour de lui et inutilement invoqué ses idoles
impuissantes, lève les yeux au ciel et s'écrie : " Dieu de
Clotilde, j'invoque avec dévotion la gloire de ton secours. Si tu
m'accordes la victoire sur mes ennemis, je vivrai en toi et me ferai
baptiser en ton nom." Puis il se
jette avec une invincible ardeur au plus fort de la mêlée, et soit que
le danger de leur chef leur eût rendu toute leur audace, soit qu'une
volonté supérieure aux efforts humains eût ranimé leur âme, les
soldats de Clovis reforment leurs rangs s'élancent sur les traces du fils
de Childéric, et bientôt les Allemands, culbutés de toutes parts,
implorent la générosité de leur ennemi victorieux. Au retour de
son heureuse expédition, Clovis, fidèle au voeu qu'il avait
fait, se disposa à recevoir le baptême. Clotilde, qui
avait appelé par tant de prières le moment où son royal époux
partagerait sa foi, manda saint Remy, évêque de Reims, afin qu'il fît pénétrer
dans le coeur du roi la parole de salut ; et tout se prépara pour cette
solennelle cérémonie, qui eut
lieu à Reims. Avant de
renoncer pour toujours au culte de ses idoles, Clovis, qui craignait que
ses soldats ne vissent avec méfiance son changement, les réunit afin de
leur faire connaître sa résolution ; mais, loin
de s'y opposer, ceux-ci, frappés sans doute encore du souvenir de
Tolbiac, lui répondirent : " Pieux
roi, nous rejetons les dieux mortels, et nous sommes prêts à obéir au
Dieu immortel que prêche saint Remy." Le jour de
cette grande régénération arrivé, tout prit dans Reims un aspect de fête,
Des toiles peintes ombragent les rues, les églises sont garnies de riches
tentures et ornées de voiles blancs; on dispose le baptistère ; des
nuages de parfums s'élèvent sous les voûtes sacrées, des cierges
odoriférants brillent de toutes parts ; et le temple, dit Grégoire de
Tours, l'historien de cette époque, se remplit d'une ardeur divine qui
ravit les assistants d'une pieuse et céleste joie : les barbares émerveillés
se croyaient transportés au milieu des pompes du paradis. Enfin Clovis
s'avance le premier. s'incline devant saint Remy, lui demande le baptême,
et confesse un Dieu tout-puissant ; alors, au moment où il s' agenouille
pour recevoir l'eau sainte, l'évêque étend les mains sur lui, et,
prenant pour ainsi dire au nom de l'Église possession des barbares, lui
adresse ces éloquentes et fières paroles, que l'histoire a conservées :
" Courbe
humblement le front, Sicambre ; brûle ce que tu as adoré, adore ce que
tu as brûlé." Et Rome, a dit
M. de Châteaubriand dans ses Études Historiques, Rome, reconnue des
barbares eux-mêmes comme la source de la domination, parut recommencer
son existence et continuer la ville éternelle. Cette cérémonie,
qui donna à l'Église son Fils Aîné, est entourée de merveilleuses
traditions qui attestent tout l'intérêt que le clergé des Gaules prit
à la conversion de Clovis. Dès lors le
chef des Francs fut pour ainsi dire couvert de sa protection, et, dans
plusieurs circonstances, il parut recevoir, comme à Tolbiac, un appui
mystérieux du Dieu qu'il venait de reconnaître. Ainsi,
lorsqu'il allait combattre les Visigoths dont la foi était entachée
d'arianisme, on raconte qu'une biche lui indiqua un gué pour traverser la
Vienne : une colonne de feu s'éleva ajoutent les chroniques, sur la tour
de la cathédrale de Poitiers, pour éclairer sa marche durant la nuit. Saint Avitus.
évêque de Vienne, n'hésitait pas alors à lui dire : "Quand tu
combats . c'est à nous qu'est la victoire." L'Église traça
autour du chef converti comme. un cercle de sainteté ; et l'évêque de
Rome, félicitant avec effusion le nouveau Constantin, lui écrivait : " Le
Seigneur a pourvu aux besoins de l'Église en lui donnant pour défenseur
un prince armé du casque du salut ; sois à jamais pour elle une couronne
de fer, et elle te donnera la victoire sur tes ennemis. " De son côté,
Clovis ne méconnut pas cette bienveillance; il accordait au clergé de
nombreux privilèges, il reconnaissait aux églises, et même aux demeures
ecclésiastiques, le droit d'asile ; enfin, il fit des concessions de
terrain considérables et de riches donations au clergé des Gaules. Pendant ses expéditions,
il obligeait ses soldats à respecter les terres qui dépendaient des évêchés
et des abbayes. Près de Tours
même, il frappa de son épée un soldat qui enlevait du pain sur le
territoire de cette ville consacrée par le tombeau de saint Martin : Où
est, dit-il, l'espoir de la victoire, si nous offensons saint Martin. Les deux soeurs
de Clovis, Alboflède et Lantahilde, ainsi que trois mille hommes, reçurent
également le baptême, à l'exemple du roi. La France était
chrétienne, et désormais elle possédait le principe énergique qui
devait tant contribuer à sa grandeur et aux progrès de sa civilisation. Ce n'est pas, il faut l'ajouter, que tout d'abord la religion qu'ils avaient adoptée ait changé les moeurs des Francs, ils étaient chrétiens, mais ils étaient encore barbares. Après son baptême,
Clovis ne fut guère moins implacable dans ses vengeances, ni moins
dissimulé dans sa politique, ses soldats ne furent pas moins cruels dans
les combats ; mais lentement les préceptes de la foi nouvelle pénétrèrent
dans les âmes, modifièrent
les esprits, et amenèrent après bien des siècles, dans les pensées et
dans les habitudes, cette complète révolution qui a produit la société
moderne.
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Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre 2005 André Cochet Mise sur le Web le novembre 2005 Christian Flages