Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Chilpéric Ier |
Année : 575 |
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Meurtre de Sigebert.
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Les partages successifs des possessions franques dans les Gaules entre les descendants de furent une des causes principales de l'affaiblissement rapide de la dynastie mérovingienne. C'est de ces divisions territoriales, fondées plutôt sur la valeur exacte des terres à partager que sur les convenances politiques, que naquirent cependant ces oppositions profondes qui armèrent les uns contre les autres les Francs-Neustriens et les Francs-Austrasiens. Le débat qui éclata en 573 entre Sigebert et Chilpéric, fils de Clotaire, et dont le meurtre de Galswinthe soeur de Brunehaut, fut le prétexte, est l'origine de cette longue lutte entre les Neustriens et les Austrasiens, à la suite de laquelle ceux-ci conquirent aux Carlovingiens la domination conquise par CIovis. En même temps
que Sigebert épousait Brunehaut, Chilpéric, son frère s`unissait à
la soeur de la reine d'Austrasie, Galswinthe ; mais
bientôt le roi de Neustrie sacrifiait Galswinthe à Frédégonde,
et, pour se livrer librement à son penchant,
il faisait étrangler sa légitime épouse. En
apprenant la mort violente de sa belle-sœur, Sigebert arma contre son frère
et demanda justice. Dans
une assemblée présidée par Gontran, roi de Bourgogne, Sigebert parut en
accusateur; Chilpéric fut condamné, en expiation de son crime, à
restituer les villes que la fille du roi des Wisigoths lui avait apportées
en dot. Chilpéric
parut se soumettre à ce jugement rendu par les chefs francs réunis pour
prononcer sur ce différend; les deux rois échangèrent, comme témoignage
de leur acquiescement à la décision qu'on venait de rendre, une branche
d'arbre, et ils semblèrent réconciliés. Mais
cet accommodement n'était qu'apparent, surtout pour Chilpéric ; aussitôt
qu'il se crut assez fort pour le faire avec succès, il protesta par les
armes et s'empara des villes qu'il avait dû rendre à l'épouse de
Sigebert. A
diverses reprises la guerre éclata, la paix fut signée, sans qu'une
union sincère s'établît entre le roi de Neustrie et celui d'Austrasie. Enfin, à une dernière reprise d'hostilités du premier, Sigebert répondit par l'envahissement de la Neustrie : il parut sur les bords de la Seine avec une armée considérable formée en partie des populations franques les moins civilisées, de celles qui habitaient sur le Rhin, et composée pour la masse des troupes, de véritables barbares; de ces bordes aux habitudes cruelles, aux figures étranges qui avaient traversé la Gaule aux plus mauvais temps des invasions, à l'époque d'Attila. Bientôt
le roi d'Austrasie fut maître de Paris; et Chilpéric, abandonné des
siens, se réfugia à Tournai avec Frédégonde : Sigebert cette fois
avait résolu de terminer la guerre par la dépossession et
probablement par la mort de son frère; Brunehaut avec ses trésors
et ses enfants vint retrouver son époux à Paris, et les Neustriens se
disposèrent à élire le vainqueur. Cependant,
au moment où Sigebert quittait Paris
afin de se rendre à Vitrv, où l'élection populaire devait avoir lieu,
il reçut un solennel avertissement; au milieu de son escorte, de
ses cavaliers d'élite, un homme vêtu des habits sacerdotaux, le visage pâle,
se présenta à lui comme les anciens prophètes, c'était l'évêque
Germain ; il
essaya de calmer son ressentiment, il lui rappela que le vaincu était
son frère : "
Roi Sigebert, dit-il, si tu pars sans intention de mettre à
mort ton frère, tu reviendras vivant et victorieux; mais si tu as
une autre pensée tu mourras, car le Seigneur a dit par la bouche de
Salomon . La fosse que tu creuses pour que ton frère y tombe te fera
tomber toi-même. " Mais
cette tentative de réconciliation fut inutile, le roi d'Austrasie resta
inflexible et continua sa route. Au
commencement de l'année 575, dans une plaine située sous les murs de
Vitrv, les
Francs formaient un vaste cercle au centre duquel se plaçait
Sigebert environné de ses officiers et de seigneurs. Alors
quatre robustes soldats, l'élevant sur un bouclier où il s'assit
firent trois fois parcourir au roi d'Austrasie le cercle vivant que présentait
l'armée; sur son passage les soldats saluèrent le nouveau chef de la
Neustrie de leurs acclamations, et l'applaudirent en frappant bruyamment
de l'épée sur leurs boucliers garnis de fer. L'élection alors fut
consommée; Sigebert venait de prendre possession de l'héritage
fraternel, et la cause de Chilpéric semblait perdue. Assiégé
dans Tournai, le roi de Neustrie attendait avec impassibilité, dans un
complet découragement, la fin de cette lutte dont sa mort devait être
l'issue. Mais
Frédégonde n'avait pas renoncé à l'emporter; vaincue par les armes,
elle eut recours au meurtre : parmi les hommes qui avaient suivi Chilpéric
à Tournai, Frédégonde en avait remarqué deux dont le dévouement plein
de fanatisme lui promettait une entière obéissance ; elle les vit, sut
les entraîner par le prestige de son
rang, l'adresse de ses discours, les toucha du récit de ses malheurs,
troubla leur raison à l'aide de boissons enivrantes, et, remettant à
chacun d'eux un long couteau dont la lame était empoisonnée, les envoya
vers Sigebert en leur disant pour dernier adieu : "
Allez, et, si vous revenez vivants, je vous comblerai d'honneurs, vous et
votre postérité; si vous succombez, je distribuerai pour vous des aumônes
à tous les lieux saints." Sigebert
était encore au milieu des joies du triomphe quand les deux
envoyés de Frédégonde arrivèrent à Vitry; les salles
retentissaient de l'éclat des fêtes, les banquets se succédaient. Bienveillant
pour tous, le roi accordait audience à quiconque se présentait pour
demander protection et justice; il payait, par ses largesses et par son
accueil, son récent
avènement. Les
deux Neustriens purent aisément pénétrer jusqu'à lui, sous le prétexte
de lui parler; pendant que le roi les écoutait, tous deux au même
instant lui plongèrent leur couteau dans le côté. Sigebert
poussa un cri et tomba mort. Charegisile,
son chambellan, et un Goth nommé Sigila, accourus à sa défense, furent
également tués; et ce ne fut pas sans peine qu'on réussit à s'emparer
des assassins, qui se défendirent avec un enthousiasme héroïque. La
mort de Sigebert sauva Chilpéric; les Austrasiens, aussitôt qu'ils
connurent l'événement, reculèrent vers leur pays et abandonnèrent la
Neustrie, dont l'époux de Frédégonde reprit aussitôt possession. Chilpéric
apprit sans remords et sans haine le meurtre de son frère, pour lequel
il ordonna de royales funérailles : selon la coutume germanique,
le corps du roi d'Austrasie tut revêtu de vêtements magnifiques et
enseveli avec pompe dans le village de Lambres sur la Scarpe. La
mort de Sigebert termine la première période de cette lutte qui avait
commencé par le meurtre de Galswinthe. Les
hommes de l'ouest et ceux de l'est s'étaient trouvés en présence, et
ils devaient se rencontrer souvent encore sur le champ de bataille avant
que ceux-ci l'emportassent. Cette
fois c'était une querelle personnelle qui les avait armés; mais une
haine plus profonde, née de la différence des moeurs, allait les
diviser. Alors
les passions brutales, les ambitions sans foi des fils de Clovis, les
partages mal distribués, unis à cette antipathie nationale qui se caractérise
chaque jour davantage, vont amener rapidement la décadence de la race de
Clovis. Le
sceau d'une destinée irrésistible, dit M. Augustin Thierry dans ses Récits
des temps mérovingiens,
n'est dans aucune histoire plus fortement empreint que dans
celle des rois de la dynastie mérovingienne; ces fils de conquérants à
demi sauvages, nés avec les idées de leurs pères au milieu des
jouissances du luxe et des tentations du pouvoir, n'avaient dans leurs
passions et leurs désirs ni règle ni mesure. Vainement des hommes plus éclairés qu'eux sur les affaires de ce monde et sur la conduite de la vie élevaient la voix pour leur conseiller la modération et la prudence, ils n'écoutaient rien et se perdaient faute de comprendre; et l'on disait : Le doigt de Dieu est là. C'était
la formule chrétienne; mais, à les voir suivre, en aveugles et comme des
barques emmenées à la dérive, le courant de leurs instincts brutaux, on
pouvait sans être un prophète deviner et prédire la fin qui les
attendait presque tous. Au
surplus les contemporains mêmes eurent le pressentiment de cette chute. Un
jour, rapporte-t-on, que Salvius et Grégoire de Tours se promenaient
autour du palais de Brame, où résidait alors la famille de Chilpéric,
le premier tout à coup s'adressant à Grégoire de Tours en lui montrant
le faîte de l'édifice . Est-ce que tu ne vois pas quelque chose au-dessus du toit de ce bâtiment ? Je vois, répondit l'évêque de Tours, le nouveau belvéder que le roi vient d'y faire élever. Et tu n'aperçois rien de plus ? Rien, répondit Grégoire; si tu vois autre chose, dis moi ce que c'est. Je
vois, reprit l'évêque Salvius avec un grand soupir, je vois le glaive de
la colère de Dieu suspendu sur cette maison. Neuf
ans plus tard, l'assassinat de Chilpéric commençait à réaliser cette
fatale prédiction et annonçait la ruine de la famille de Clovis.
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Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre 2005 André Cochet Mise sur le Web le novembre 2005 Christian Flages