Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Charlemagne |
Année : 778 |
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Roland à Roncevaux.
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Au
retour d'une expédition contre les Maures d'Espagne, Charlemagne, ayant
imprudemment divisé son armée dans le passage des Pyrénées, fut attaqué
par les Basques. qui défirent complètement son arrière garde engagée
dans la vallée de Roncevaux. Voici comment
Éginhard, l'historien de Charlemagne, raconte cet échec du grand
empereur :
"Charles,
dit-il, ramena d'Espagne ses troupes saines et sauves. A son retour
cependant et dans les Pyrénées, il eut à souffrir un peu de la perfidie
des Basques. L'armée défilait
sur une ligne étroite et longue, comme l'y obligeait la conformation du
terrain. Les Basques se
mirent en embuscade sur la crête de la montagne, qui, par l'étendue et
l'épaisseur de ses bois, favorisait
leur stratagème. De là, se précipitant sur la queue des bagages
et sur l'arrière-garde destinée à protéger ce qui la précédait, ils
la culbutèrent au fond de la vallée, tuèrent, après un combat opiniâtre
tous les hommes jusqu'au dernier, pillèrent les bagages, et protégés
par les ombres de la nuit,
qui déjà s'épaississait, s'éparpillèrent en divers lieux avec une
extrême rapidité. Les Basques
avaient pour eux dans cet engagement la légèreté de leurs armes et
l'avantage de leur position. La pesanteur
des armes et la difficulté du terrain rendaient au contraire les Francs
inférieurs en tout à leurs ennemis. Egghiard, maître d'hôtel du roi ;
Anselme, comte du palais ; Rotland,
commandant des marches de Bretagne, et plusieurs autres,
périrent dans cette occasion. Son nom mêlé
au récit de la défaite de Roncevaux, voilà le seul souvenir que
l'histoire, dans sa réalité, consacre à Roland. Mais, si Roland
n'a historiquement qu'une médiocre importance, sa figure s'agrandit et
prend, dans le récit poétique, dans les traditions chevaleresques, des proportions
héroïques. Alors ce n'est
plus le commandant des marches de Bretagne dont Éginhard ne nous a
transmis que le nom et le titre ; Roland, le chevalier du moyen âge, est
un des principaux personnages de ces naïves épopées où Charlemagne et
sa cour apparaissent avec des moeurs
imaginaires, des caractères de pure fantaisie, où la personnalité
humaine et la réalité historique se transforment sous les
inventions capricieuses de
l'imagination, où enfin le moyen âge revêt de son costume et anime
de ses sentiments, de sa vie toutes ces fortes figures des premiers temps
de la France, qui se montrent à lui dans un passé dont l'éloignement
change la véritable physionomie. C'est cependant
ce héros imaginaire, ce brillant chevalier de la cour du grand roi
Charlemagne dont nous avons ici voulu rappeler le souvenir ; pour un
instant nous avons quitté l'histoire pour le roman, si toutefois c'est
abandonner la vérité historique que
de se mêler un moment aux goûts littéraires, aux habitudes, à la vie de
toute une époque. Nous avons
laissé l'annaliste raconter, avec sa sévère
exactitude, la défaite de Roncevaux ; mais le nom de Roland mérite
véritablement une autre attention, et il tient dans l'histoire une place
plus considérable que celle qu'il occupe dans le récit d'Éginhard. Roland,. le
glorieux vaincu de Roncevaux, le héros des poèmes chevaleresques du
moyen âge, rappelle donc tout un ensemble de littérature, représente
les moeurs de toute une époque ; et c'est sous cet aspect que nous
l'avons surtout voulu considérer :
c'est Roland revêtu de son armure, serrant sur sa poitrine la célèbre
Durandal, que nous nous sommes efforcé de reproduire, plutôt que le
commandant des marches de Bretagne. Celui-ci
n'est qu'un nom jeté au hasard dans la foule de ceux qu'écrit le
chroniqueur ; l'autre est le personnage illustre de bien des chants héroïques
c'est la personnification la plus brillante, la plus animée, de cette
chevalerie qui née vers le milieu du onzième siècle se prolongea
jusqu'aux derniers jours du douzième dans sa réalité, et jusqu'au règne
brillant de François 1er dans son apparence et dans sa forme. La chevalerie,
dont la figure imaginaire de Roland est un des types les plus précis,
les plus brillants, fut une
institution dune haute importance à une époque où la
force semblait la seule loi, le seul droit. Fondée sur
trois grandes passions la foi, la valeur et l'amour ; prenant pour devise Dieu
et ma dame, la chevalerie, tant poétique, tant idéale malgré
l'imperfection et le
vague où elle demeura, fit faire de grandes choses, excita l'enthousiasme
et influa heureusement sur le développement moral de la société.
A la
fois, pour ainsi dire, prêtre et soldat, le chevalier s'appuyait
sur le courage et la religion : il faisait bénir cette épée qu'il
consacrait à la défense du bon droit ; dans son noviciat, il apprenait
l'obéissance et la valeur ; enfin, avant que le jeune écuyer reçût
l'accolade, fût armé chevalier par son maître, il devait avoir fait
preuve de vertu, de courage, de piété, et s'être lié par ses serments
à protéger le faible, l'orphelin, et à ne combattre que pour la borine
cause ; puis il partait pour les grandes aventures, pour les emprises
d'armes, pour les lointaines expéditions. Ce sont ces
moeurs, ces vertus héroïques cette pureté de coeur, cette vaillante
audace que célébraient les poèmes chevaleresques,
et, pour en rehausser sans doute l'éclat, on les mit sous le
patronage des hommes qui avaient laissé dans l'histoire un nom célèbre,
glorieux. C'est ainsi que
Charlemagne fut le héros d'un roman, d'une épopée où le vainqueur des
Saxons se transforme sous l'armure du chevalier. Dans ces récits
l'histoire et la fantaisie, la réalité et l'idéalité se confondent, se mêlent
à ce point que, plus tard, l'histoire hésita longtemps sur la voie
quelle devait suivre, ignorant où était la vérité, et qui elle devait
adopter, de ces physionomies idéales, resplendissantes de dévouement, de
franchise, de piété, ou de ces barbares et courageux vainqueurs des
invasions saxonnes, dont les traits sont durs, sauvages, dont la politique
est adroite, rusée, la foi intéressée. Roland est une
des plus intéressantes et aussi
une des mieux conservées de ces figures à demi réelles, à demi inventées
; sa défaite à Roncevaux, son courage et celui des douze pairs qui
l'accompagnent, forme un des épisodes les plus remarquables de ce vaste
ensemble de poèmes appelé le Cycle
de charlemagne, dont la célèbre Chronique de l'archevêque
Turpin a fourni les premiers et les principaux traits, et qu'animent
Renaud de Montauban et ses frères, Merlin, Gannelon, tous
ces personnages fameux des fantaisies chevaleresques du moyen
âge. Nous avons donné
d'après les historiens le récit de la défaite et de la mort de Roland. Voici comme la
tradition chevaleresque raconte cette journée dont Roland fut à la fois
le héros et la victime. Surpris par les
Sarrasins dans la vallée de Roncevaux, Roland et les douze pairs se défendent
vaillamment ; mais, accablés par le nombre, ils succombent. Cependant, navré
de quatre coups de lances, forcé de pierres, Roland parvient à échapper
seul aux Sarrasins. " Lors
commença Roland, blessé qu'il
étoit, à aller droit à la voie, tirant vers Charlemagne ; tant alla
qu'il vint jusqu'au pied de la montagne de Césarée, au-dessous de la
vallée de Roncevaux. où il trouva un beau préau d'herbe, auquel avoit
un bel arbre et un grand perron ; là, descendit de cheval, et s'assit
pour soi reposer, et se trouva si malade que plus ne se pouvoit soutenir,
et se tourna le visage vers Espagne en faisant de grièves complaintes ;
et lors tira son épée Durandal toute nue, et, après qu'il l'eut longuement
regardée, il commença à la regretter en pleurant : Espée très belle, claire et flamboyante, j'aurai trop grande
douleur si mauvais ou paresseux chevalier te possède après moi! Et ce
disant, il se leva, et en frappa trois coups sur le perron qui étoit là
pour la briser et la rompre, et frappa de telle puissance qu'il brisa
ledit perron tout en travers et demeura son espée saine et
entière. Alors son cor
d'ivoire mit à la bouche, et sonna de si grande force et vertu qu'il le
fendit, et tant s'efforça de souffler qu'il se rompit les nerfs et veines
du col. Charles
entendit l'appel de son neveu ; mais le traître Gannelon, qui avait préparé
l'embuscade de Roncevaux, l'empêcha de retourner sur ses pas. Ne voyez-vous
pas, dit-il, que Roland chasse dans la forêt et qu'il n'a pas besoin de
vos secours ! Son frère
Beaudoin vient enfin à son aide ; mais quand il retourna à lui, il le trouva
prenant mort ; il bénist l'âme de lui ; son cor, son cheval, son espée
prit et s'en alla droit à l'ost de Charlemagne." De
tous les souvenirs chevaleresques, celui de Roland est demeuré le plus
populaire ; à chaque pas, dans le Midi, ou retrouve les traces de cette
fabuleuse et héroïque figure :
la brèche de Roland, dans les Pyrénées, vaste défilé au milieu des
montagnes, atteste encore la trempe de sa puissante épée ; dans le
Roussillon, le pas de Roland maintient son souvenir ; à Blaye on a
longtemps conservé son cor d'ivoire, ce cor merveilleux dont les sons se
faisaient entendre à sept lieues de distance et avec lequel il adressa à
son oncle Charlemagne ses suprêmes adieux ; enfin souvent nos soldats,
dans les guerres contre les Anglais, s'animaient au combat en chantant la
romance dont les aventures de Roland forment le sujet. |
Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre 2005 André Cochet Mise sur le Web le novembre 2005 Christian Flages