Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Charlemagne. |
Année : 785 |
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Witiking reçoit le baptème.
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La soumission
des Saxons fut la grande tâche militaire du règne de Charlemagne ; il
consacra à cette oeuvre de conquête trente-trois années, durant
lesquelles il accomplit vingt campagnes. Toujours
vaincus par lui, les Saxons se révoltaient toujours contre le joug impérial
; il fallut que le chef des Francs passât tout un hiver à poursuivre les
tribus saxonnes pour les réduire complètement. Afin d'arrêter
leurs menaçantes invasions, Charles se jeta lui-même au milieu des forêts
germaniques et alla chercher les barbares chez eux pour en épuiser la
source. Il avait rencontré des ennemis dont l'activité l'effrayait,
et il sentait que la sûreté de l'empire dépendait de ses victoires. M. Mignet, dans
un savant mémoire sur l'introduction de l'ancienne Germanie dans la société
civilisée de l'Europe occidentale, indique avec sa raison précise le
motif impérieux qui poussait ainsi le roi des Francs vers la Germanie : "
Charlemagne, dit-il, comprit encore mieux que son père et que son aïeul
combien il importait à la sécurité
de son empire de dompter les peuples demeurés barbares sur ses limites,
et de faire entrer ces peuples dans la communauté européenne. Aussi ne se
contenta-t-il pas d'envoyer au milieu d'eux des missionnaires, il s'y
rendit lui-même à la tête de ses armées. L'entreprise
ainsi conduite dut avoir un succès certain ; mais ce succès fut lent, à
cause de la résistance prolongée et désespérée que lui opposèrent
ces populations longtemps indomptables, toujours battues,
jamais soumises." La confédération
saxonne, qui avait succédé aux Francs dans la Germanie, était partagée
en quatre principales tribus, et avait les moeurs, la fière valeur des
anciens Germains. Campés pour
ainsi dire entre l'Elbe et le Weser, les Saxons, à mesure que les Francs
avaient fait un pas dans la Gaule, s'étaient eux-mêmes rapprochés de
l'Occident et touchaient presque au Rhin. Mettre un terme
à ce perpétuel mouvement des populations européennes, placer une barrière
entre l'empire et les barbares à peine arrêtés à l'orient vers la
Vistule, telle fut la mission que Charlemagne se proposa ; et son énergie,
les efforts d'un long règne suffirent à peine pour contenir dans leurs
forêts ces guerriers ardents qui Cependant il
atteignit son but. Les Saxons,
arrachés à un grossier paganisme, se convertirent au christianisme ; la
nationalité germanique se fonda par la puissante intervention du chef des
Francs : dès lors un invincible obstacle arrêta les bouleversements de
l'Occident. Dans cette
lutte Charlemagne déploya une fermeté pleine de violences, le glaive
plus que la parole fut employé dans les conversions qu'on obtint à
diverses reprises ; mais, pour vaincre tant d'opiniâtres résistances,
pour subjuguer cette nationalité, nulle voie moins impitoyable ne
s'ouvrait à la volonté de l'empereur d'Occident, il devait vaincre ; les
développements de la société européenne étaient intéressés
à ses triomphes, et cette nécessité supérieure se traduisit
dans l'action en cruelles
mais inévitables rigueurs. Enfin, il eut à
combattre un adversaire dont l'intrépidité, la vigueur, l'infatigable
activité exigeaient toutes
les ressources de son génie. Witikind paraît
en 772 à la tète des Saxons, et, jusqu'au jour où il se réconcilia
avec Charlemagne en recevant l'eau du baptême, il ne quitta plus un
instant le champ de bataille ; ou du moins, s'il s'en éloigna par
moments, ce fut pour chercher des ennemis
au roi des Francs. Celui-ci venait
de renverser le glorieux symbole de l'indépendance germanique, le
monument d'Arminius ou plutôt d'Hermann, l'héroïque chef qui arrêta
les légions de Varus, lorsque Witikind appelle les Saxons aux armes et
les conduit contre les bandes
de Charles : défait, il se retire ; puis il reparaît en 776 avec de
nouveaux soldats. Charlemagne
l'emporte encore, il oblige les Saxons d'implorer sa miséricorde et de
recevoir le baptême dans une assemblée qu'il convoque à Paderborn, les
principaux chefs de la nation vaincue se réunissent aux leudes francs
pour rendre hommage au vainqueur ; Witikind seul s'abstient d'y venir et,
tandis que ses compagnons fléchissent devant la fortune du chef des
Francs, il se rend dans le Nord vers Sigefroid. roi des Danois, et lui
montre la route du Midi, le chemin de l'empire de Charlemagne. La guerre
recommença durant l'expédition du roi en Espagne ; au moment de sa défaite
de Roncevaux il apprend que les Saxons marchent de nouveau contre lui, il
accourt et les oblige de fuir. En 780
l'insurrection éclate de nouveau, plus générale, plus forte que lors
des guerres précédentes : cette fois la victoire favorise Witikind, qui,
dans cette campagne. remporte une complète victoire au pied du mont
Sonnethall sur les rives du Weser. Charlemagne
revient en Germanie, et, pour l'emporter sur cet ennemi, il se décide à
une guerre d'extermination : il poursuit sans trêve les tribus
affaiblies, et livre dans le camp de Verden quatre mille cinq cents Saxons
à la mort ; puis il s'établit au milieu des forêts et des marais de la
Germanie, s'opiniâtre à y rester malgré l'hiver, et enlève à ses
ennemis leurs derniers refuges, les bois où ils se cachaient après la Il ne quitta
cette contrée qu'après l'avoir réduite à une obéissance absolue : les
vaincus reçoivent le baptême ; des siéges épiscopaux, confiés à des
hommes habiles, sont fondés dans huit villes, à Brême, Halberstadt,
Hildesheim, Verden, Paderborn, Minden, Osnabruck et Munster ; les terres
sont distribuées au clergé ; enfin des moines, des serfs, des artisans
appelés de la Gaule remplacent
les populations chassées du territoire. Ces impitoyables mesures anéantirent toutes les résistances : "Dix mille de ceux qui habitaient les bords de l'Elbe sont
dispersés avec leurs femmes et leurs enfants çà et là en mille
endroits différents de la Gaule et de la Germanie,
raconte Éginhard, l'historien de Charlemagne ; alors, le pays étant
ruiné, la moitié de la nation détruite, ses dieux regardés désormais
comme impuissants, la guerre finit à la condition, prescrite par le roi
et acceptée par les Saxons, que ceux-ci renonceraient au culte des idoles
et aux cérémonies religieuses de leurs pères. embrasseraient le
christianisme, recevraient le baptême, et se mêleraient aux Francs pour
ne faire avec eux qu'un seul peuple. Les Saxons étaient
soumis ; mais leur chef, la voix éloquente qui si souvent les avait
soulevés, le bras courageux qui avait tant combattu pour cette cause,
Witikind avait une seconde fois fui dans le Nord Charlemagne, plutôt que
de l'engager dans une lutte désespérée, chercha à le rattacher à sa
domination ; au lieu d'armées nouvelles, il lui envoya des prélats chargés
de lui porter des paroles de foi et de conciliation : le chef saxon
accueillit volontiers ces messagers de paix ; et bientôt, plein de
confiance, il vint avec Abboin, l'un des chefs saxons, trouver Charlemagne
à la ville royale d'Attigny sur l'Aisne. Son coeur s'est
enfin ouvert au christianisme, Witikind consent à se faire baptiser. Le fier Saxon,
couvert de la robe blanche des néophytes, accompagné de plusieurs
guerriers qui imitèrent l'exemple qu'il leur donnait, s'agenouilla devant
la croix et ne Charles, ses
leudes, toute la cour du roi des Francs assistaient à ce nouveau triomphe
de l'Évangile sur la barbarie ; l'encens s'éleva en nuages dorés, les
bannières et les étendards s'agitèrent, l'évêque invoqua Dieu et répandit
l'eau sainte sur le front des Saxons : l'Église, en ouvrant les portes du
temple à Witikind et à ses compagnons volontairement courbés sous la bénédiction
épiscopale, affermissait par la religion les conquêtes de Charlemagne ;
elle prenait possession de la Germanie comme autrefois elle s'était emparée
des Francs en donnant le baptême à leur chef, à Clovis. La conversion
de Witikind fut sincère, il pratiqua avec une pieuse exactitude la
religion qu'il avait acceptée. Charlemagne
avait nommé Witikind duc de Saxe et l'avait renvoyé en Germanie ; le
chef saxon resta fidèle à ses engagements, désormais il ne prit plus
part aux mouvements qui appelèrent à diverses reprises l'empereur
d'Occident dans la Saxe du Nord. Witikind laissa
en Germanie un nom populaire autant que celui de l'héroïque Hermann :
des races royales ont fait remonter jusqu'à lui leur origine ; et même,
selon certaines traditions, Witikind, par un singulier retour de fortune,
serait le Charlemagne.
après trente-trois années de guerre, demeura enfin maître, et par les
armes et par la religion, de la Germanie soumise. Mais dans cette
grande lutte ses adversaires s'étaient servis contre lui d'une arme qui
devait être fatale à sa race : Witikind réconcilié laissait, pour
venger sa nationalité vaincue, les Normands, dont il avait été
autrefois réclamer l'alliance et qu'il avait conduits vers l'empire de
Charlemagne. |
Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre 2005 André Cochet Mise sur le Web le novembre 2005 Christian Flages