Faits mémorables | ||
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de l'histoire de |
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France. | ||
L. Michelant. |
Souverain : Charlemagne. |
Année : 800 |
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Charlemagne sacré Empereur d'Occident.
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Charlemagne est
un de ces hommes supérieurs qui apparaissent dans le monde à de longs
intervalles et dont la gloire, illuminant à la la fois l'avenir et le
passé illustre, Tout ce qui
fait la grandeur d'une époque, les succès militaires, les études littéraires,
les magnifiques constructions, concourut à l'éclat de ce règne de
quarante-six ans. C'est à dater
de Charlemagne que la France prend dans l'Europe une place importante :
C'est sous sa main, a dit un écrivain de notre temps, M. Guizot, que
s'est opérée la secousse par laquelle la société européenne faisant
volte-face, est sortie des voies de la destruction pour entrer dans celles
de la création. Charlemagne arrête
la décadence continue des siècles précédents ; il comprime le désordre
; il porte violemment il est vrai, la civilisation chez les peuples
barbares, et met un terme à leurs perpétuelles invasions ; il fortifie
le clergé, introduit dans l'Etat une constitution régulière et jette
les premières bases de l'unité administrative. Après sa mort,
ce vaste empire, dont toutes les parties ont été si péniblement réunies
doit se démembrer mais les principes d'organisation qu'il a posés
survivront à sa puissance et se perpétueront dans l'avenir. Tout, dans
l'existence de Charlemagne, révèle la passion des grandes choses ce
n'est plus comme ceux qui l'ont précédé, un chef barbare ne songeant
qu'à la guerre, ne se préoccupant que du pillage ; s'il combat, c'est
pour protéger ses frontières et assurer le succès des plans politiques
qu'il médite. Au retour de
ses expéditions contre les Saxons, contre les Avars, il occupe son repos
de tout ce qui peut éclairer les hommes auxquels il commande et hâter
les progrès de la civilisation. Partout il
fonde des églises nouvelles : à Aix-la-Chapelle, son séjour de prédilection,
une superbe basilique s'élève par ses soins ; il y prodigue l'or et
l'argent, l'orne de portes et de grilles de bronze massif, l'enrichit de
candélabres magnifiques, et tire à grands frais de Ravenne et de Rome
les marbres nécessaires à la décoration de ce monument, témoignage éclatant
de sa foi. En même temps
qu'il embellissait Aix-la-Chapelle, il ne négligeait pas les travaux
d'utilité générale ; il avait réuni les rives opposées du Rhin par un
pont en bois qu'un incendie détruisit peu de temps avant sa mort et qu'il
voulait remplacer par un pont en pierres. En Allemagne,
il commença l'exécution d'un canal destiné à joindre le Rhin au Danube
et à faciliter la défense de l'empire en cas d'invasion ; projet
gigantesque dont s'empare aujourd'hui la science moderne. Secondé par
Alcuin, le savant le plus renommé de ce temps, par Benoît d'Aniane, par
Eginhard, son secrétaire et l'historien de cette époque, Charlemagne
avait établi de nombreuses écoles, où tous étaient admis et dont lui
et ses filles étaient les élèves les plus assidus. Après
les longues absences qu'exigeaient ses guerres, il revenait avec
empressement à ses études, s'informait des progrès de chacun, examinait
lui- Le soir et le
matin le prince assistait aux chants de l'église, dont il surveillait
attentivement l'exécution ;
enfin, après une journée si complètement remplie, souvent la nuit il se
levait soit pour travailler, soit pour décider sur les contestations
qu'on lui soumettait. Cette rare
activité, cette forte intelligence, cet instinct supérieur des nobles
actions avaient acquis à Charlemagne l'admiration de ses contemporains. La papauté se
plaisait à le nommer son fils bien-aimé ; il entretenait des relations
avec l'empire d'Orient, et recevait des ambassades des pays les plus éloignés.
La plus célèbre
est celle qui lui fut envoyée de l'Asie par le calife de Bagdad,
Haroun-al-Raschid. Il fit offrir
à Charlemagne les clefs du Saint-Sépulcre, et parmi les présents
magnifiques qu'apportaient ses envoyés, les Francs virent avec un étonnement
profond une horloge sonnante, la première qui fut introduite en France;
un singe et un éléphant, merveilles jusqu'alors inconnues aux hommes du
Nord. Des diverses
contrées de l'Europe, les princes se rendaient à la cour
d'Aix-la-Chapelle, soit pour solliciter l'amitié du roi des Francs soit
pour réclamer son appui. Ainsi Eghert, roi de Sussex, Eardulf, roi de
Northumberland, venaient se former à cour de Charlemagne, qui plus tard
les rétablissait tous deux dans leurs états ; Lope, duc des Basques, était
aussi élevé auprès de lui ; les rois chrétiens et les émirs d'Espagne
le suivaient jusque dans les forêts de la Bavière. Implorant son secours
contre le calife de Cordoue : Alfonse. roi de Galice, offrait au roi des
Francs les riches tapisseries qu'il avait prisses au siège de Lisbonne. Tous étalaient
un luxe, une magnificence, qui contrastaient avec la simplicité de
Charlemagne, fidèle au costume des anciens Germains, et dont
habituellement les vêtements différaient peu de ceux des gens du commun.
Il portait une
tunique serrée par une ceinture de soie ; des sandales, maintenues par
des bandelettes qui se croisaient sur ses jambes ; chaussaient ses pieds,
et toujours il était couvert du vaste manteau des Francs ; il repoussait
les habits étrangers, quelque riches qu'ils fussent, et ne souffrait pas
qu'on l'en revêtît. Dans les
grandes solennités, et quand il donnait audience aux ambassades des
nations étrangères, il se montrait alors avec un justaucorps brodé
d'or, des sandales ornées de pierres précieuses, un manteau retenu par
une agrafe d'or, et un diadème tout brillant d'or et de pierreries. Un hommage
solennel que lui rendit le pape Léon III mit le comble à la puissance de
Charlemagne. L'an 800, une
conspiration ayant éclaté à Rome, le pape Léon III dont les jours
avaient été menacés, s'était réfugié auprès du roi des Francs, qui
bientôt après l'avait renvoyé triomphant dans la ville sainte. Voulant mieux
affermir encore l'autorité papale, Charlemagne était passé en Italie
pour punir les rebelles. Le pape, la
main sur l'Evangile, avait protesté contre les accusations de ses
ennemis. "Comme j'espère,
avait-il dit, au jour du jugement dernier participer aux bienfaits du
saint Evangile, je suis innocent des crimes qu'on m'a faussement imputés." Les
calomniateurs avaient été arrêtés et envoyés en exil; l'ordre était
rétabli dans Rome. Quelque temps
après. le jour de la fête de Noël. le roi assistait à la
messe dans l'église des Saints-Apôtres; il était agenouille
devant l'autel de Saint-Pierre, absorbé dans sa prière, quand, tout d'un
coup, le pape, qui avait célébré l'office, se dirigeant vers lui, versa
l'huile sainte sur son front et posa sur sa tête une couronne d'or. Tout le peuple
romain qui remplissait l'église, se levant alors, s'écria par trois fois
: "A
Charles, Auguste, couronné par Dieu grand et pacifique empereur des
Romains, Puis, après Laudes,
pour rendre cette consécration plus respectable encore, Charlemagne,
suivant la coutume des anciens princes, fut adoré par le pape, et,
quittant désormais le titre de patrice, il prit celui d'empereur et auguste.
` Cet acte
important, qui après trois siècles renouvelait l'empire d'Occident dans
la personne du roi des Francs, donna à son pouvoir une force nouvelle. Toutefois
Charlemagne ne se trompait pas entièrement sur la durée de son empire,
et il sembla, pour ainsi dire à l'heure même de son triomphe, prévoir
les rudes épreuves qui devaient en amener si rapidement la décadence, Avant d'entrer
en Italie pour rétablir l'autorité de Léon III, Charlemagne, ayant
parcouru la Gaule, arriva inopinément dans une ville maritime de la Gaule
Narbonnaise. Tandis qu'il dînait,
sans s'être encore fait reconnaître, des corsaires normands vinrent pour
exercer leurs pirateries jusque dans le port ; en apercevant les barques,
les uns crurent que c'étaient des marchands juifs ou africains, d'autres
disaient bretons; mais Charles les reconnut à la légèreté de leurs bâtiments.
Ce ne sont pas
là des marchands, dit-il, mais de cruels ennemis. A ces mots, tous les
Francs, à l'envi les uns des autres coururent à leurs navires ; mais
inutilement les Normands s' étaient enfuis. Alors
l'empereur, s'étant levé de table, se mit à une fenêtre qui s'ouvrait
vers l'orient, et demeura longtemps en silence le visage inondé de
larmes. Comme personne
n'osait l'interroger, il dit aux grands qui l'entouraient : Savez- Certes, je ne
crains pas qu'ils me nuisent par ces misérables pirateries ; mais je
m'afflige profondément de ce que, moi vivant, ils ont été près de
toucher ce rivage ; Douloureuse
prophétie, qui devait se réaliser presque dès le lendemain de la mort
de Charlemagne. |
Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre 2005 André Cochet Mise sur le Web le novembre 2005 Christian Flages