Faits mémorables |
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de l'histoire de |
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France. |
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L. Michelant. |
Souverain : Charles le gros. |
Année : 885 |
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Le Siège de Paris par les Normands.
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Ce n'est pas
sans raison que Charlemagne, a la vue des barques normandes qui venaient
sous ses yeux tenter quelque pillage, s'alarmait sur le sort de l'Empire.
Aussitôt qu'il n'est plus, en effet les pirates renouvellent sans relâche
leurs excursions ; vainement les faibles successeurs du grand empereur achètent-ils
la paix, les hommes du Nord, encouragés par les riches rançons qu'ils
obtiennent, souvent sans combattre, reviennent jusqu'à ce qu'ils aient
enfin reçu pour établissement la province à laquelle depuis ils ont
laissé leur nom. Après avoir
pillé Rouen, Nantes, Bordeaux, ils s'aventurèrent dans leurs frêles
embarcations vers Paris, Orléans et Toulouse en suivant dans l'intérieur
du pays le cours des fleuves. Sur leur
passage tout éprouvait la férocité de ces barbares, les riches abbayes,
les hameaux étaient incendiés, les habitants emmenés captifs ou tués
impitoyablement et malgré tant d'excès personne n' osait leur résister. Nul roi, nul
chef, nul défenseur ne se levait pour les combattre. La plus célèbre
de leurs nombreuses expéditions contre Paris fut celle qui les amena en
886 sur les rives de la Seine. Paris, épuisé
par trois invasions successives des Normands n'occupait plus qu'une île
jetée au milieu de la Seine comme un vaisseau échoué au lit du fleuve ;
au nord et au midi la cité avait jeté, sur les rivages où s'était
autrefois étendue dans toute sa splendeur romaine la Lutèce de Julien,
deux ponts, chacun défendu à son entrée par une tour. Les Normands se
présentèrent à la fin du mois de novembre 885 au nombre de quarante
mille hommes environ, montant sept cents grandes barques et un nombre si
considérable de petites, dit Abbon, qui a raconté le siége de Paris
dans un long poème, que la rivière en était couverte dans un espace de
deux lieues au-dessous de la ville. Cette armée,
conduite par quatre chefs, était commandée par l'un deux nommé Sigefroy
: d'abord il s'adressa à Gozlin, évêque de Paris et lui demanda le
passage pour lui et ses troupes : l'évêque et le comte de Paris, Eudes,
refusent, et le chef normand se retire en proférant d'horribles menaces. Le lendemain,
27 novembre 885, le siége de Paris commença ; les Normands, campés sur
la rive du nord, au bas des hauteurs de Montmartre, dirigèrent leurs
attaques contre la tour qui de ce côté protégeait l'entrée du pont.
Gozlin, l'abbé Ebbles son neveu, le comte Eudes, ces vaillants chefs qui
devaient durant treize mois résister aux efforts des Normands s'y renfermèrent
avec les meilleures troupes, les combattants les plus courageux. Un premier assaut fut donné dans lequel les Normands furent repoussés, non pas sans avoir battu à coups de pierres et de flèches l'édifice dont ils voulaient s'emparer. Le lendemain
ils reviennent avec plus d'ardeur encore
dès le lever du soleil, et ils trouvent la tour plus forte et plus haute
que la veille. Pendant la nuit
les assiégés. sans prendre de repos, avaient réparé le dommage causé
par les Normands et ajouté de nouvelles constructions. Le succès de
cette seconde journée fut vivement disputé; les assaillants lançaient
aux Parisiens des flèches, des pierres, et cherchaient à saper la tour
du haut de laquelle les assiégés répandaient de la poix, de la cire
fondue, de l'huile bouillante et précipitaient les assiégeants dans le
fleuve en s'écriant : « Allez rafraîchir vos brûlures dans la
Seine, ses eaux répareront votre chevelure et la rendront plus lisse.
Vers la fin de la journée, comme les Normands étaient parvenus à
ouvrir une brèche, Eudes et Ebbles font une sortie, en tuent trois cents,
et rentrent après les avoir encore obligés de reculer. Les Normands, découragés
par ces deux tentatives infructueuses préparèrent des moyens puissants
avant d'essayer un troisième assaut. Pendant deux
mois ils suspendirent leurs attaques contre Paris ; mais ils mirent à feu
et à sang la rive droite de la Seine profanant les lieux saints, ruinant
les principaux édifices, pillant et tuant partout sans miséricorde. Le 28 janvier
886 ils s'avancèrent vers la tour dont ils voulaient s'emparer, traînant
une immense machine en bois montée sur seize roues et portant à chaque
étage un bélier manœuvré par soixante hommes : ils achevaient le
dernier étage sous les yeux mêmes des assiégés, quand une pierre lancée
par une baliste frappe les deux inventeurs de cette machine et la rend
inutile. Toutefois, sans
perdre courage et durant trois jours, les Normands reviennent à l'assaut
; ils enveloppent la tour de la ville de trois côtés, essaient de rompre
le pont par lequel elle communique avec Paris, et avancent sous les murs
en lançant des pierres, des flèches, des balles de plomb qui tombent
jusque dans la ville. La grandeur du
péril appelle tous les citoyens an combat, les cloches sonnent, les
trompettes retentissent de toutes part on invoque le nom de Saint Germain,
le patron de la cité et on se rend vers le côté que menacent les
ennemis. Eudes, le
vaillant comte de Paris, Robert, son frère, donnent à leurs soldats
l'exemple du courage ; les assiégeants, animés par l'opiniâtre résistance
qu'on leur oppose égorgent les prisonniers qu'ils ont faits et jettent
leurs cadavres dans les fossés, afin
de les combler. A cette vue le
saint prélat Gozlin, rapporte Abbon, ne peut retenir ses larmes, il
invoque à haute voix la mère du Dieu sauveur: à l'instant un trait
volant du haut de la tour apporte à un ennemi le sort que lui souhaitait
Gozlin. Les Normands
essayèrent encore d'incendier le pont et la tour, ils remplirent
plusieurs barques de bois, de feuillage, de paille, et, y mettant le feu,
ils les abandonnèrent au courant du fleuve, mais elles vinrent se heurter
contre les piles en maçonnerie du pont sans l'endommager. "Aussitôt
le peuple de Dieu, continue le poète historien du siége de Paris,
descend auprès de ces feux ennemis, les plonge dans les eaux, s'empare
des barques en vainqueur, et trouve sa joie dans ce qui tout à l'heure
faisait sa douleur et ses larmes." Cependant les
Normands commençaient à douter du succès, ils s'étaient retirés dans
leur camp, laissant sur place en face de Paris deux béliers, quand la
rupture du pont méridional de la ville, renversé par un débordement
subit, sépara de la cité la tour de défense. où douze guerriers se
trouvaient alors renfermés. Aussitôt les Normands traversent la Seine, se répandent sur ta rive du midi, et attaquent avec énergie la tour à laquelle on ne pouvait plus porter secours. Abandonnés de leurs concitoyens, en face de ces bandes de barbares qui se renouvellent incessamment pour l'assaut, les douze guerriers ne perdent pas courage et ils résistent avec une admirable fermeté: "Les
citoyens voudraient en vain courir à la tour, dit Abbon, ils
voudraient porter le secours de leurs armes à ces défenseurs qui,
haletants, au nombre de douze, combattent vaillamment sans avoir craint
jamais les formidables épées des Normands. Il est
difficile, ajoute- t- il, de raconter leurs combats, mais voici
leurs noms Ermenfred, Ervée, Ériland, Odoacre, Ervic, Arnold, Solie,
Gozbert, Uvid, Ardrade, Eimard et Gozsuin ; « noms d'intrépides
combattants qui méritent d'être en effet conservés dans l'histoire.
" Au milieu de
l'incendie qu'allumaient les Normands, enveloppés par les flammes et la
fumée, ces douze braves combattirent toute une journée. Enfin vers le soir leurs adversaires leur crient " Guerriers, venez vous remettre à notre foi, vous n'avez rien à craindre." Ils sortent
alors de la tour, espérant se racheter par une rançon ; mais quand leurs
ennemis les voient en leur pouvoir, trahissant la parole qu'ils viennent
de donner, ils massacrent ces hommes, dont ils n`avaient pu loyalement
triompher. Depuis plusieurs mois, les Parisiens luttaient avec une admirable persévérance contre les Normands; toujours ils avaient espéré que le roi Charles le Gros viendrait les secourir, mais rien n'arrivait. Les Normands étaient
maîtres des deux rives de la Seine; au loin on n'apercevait que le camp
des barbares et cependant les ressources diminuaient, les maladies, la
famine épuisaient les forces des assiégés ; l'un des chefs, le
courageux Gozlin, était mort. Dans cette extrémité,
le comte de Paris se dévoua afin d'aller presser l'arrivée du roi ; de
grand matin il traverse au galop le camp ennemi et va trouver Charles le
Gros. Au mois
d'avril, Eudes, de retour de sa mission, paraissait sur les hauteurs de
Montmartre : les Normands veulent s'opposer à son passage, le vaillant
comte de Paris se jette parmi eux, franchit leurs rangs, et rentre dans la
ville. Charles avait
promis de prompts secours, mais l'indolent monarque n'arriva que dans les
derniers jours d'octobre 886 ; encore n'osa- t- il pas combattre, il préféra
payer de sept cents livres d'argent l'éloignement des barbares qui étaient
depuis une année devant Paris. C'est
à ce moment que commence l'illustration des Capétiens ; tandis que
Charles le Gros se déshonore par sa lâche insouciance, le courage et
l'activité du comte de Paris lui gagnent une influence qui prépare l'avènement
de sa famille au trône des Carlovingiens.
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Table chronologique des faits mémorables.....
Réalisée le 20 novembre2005 André Cochet Mise sur le Web lenovembre2005 Christian Flages