VARIÉTÉS

BORDELOISES

ou

E S S A I  HISTORIQUE ET CRITIQUE

SUR

LA TOPOGRAPHIE ANCIENNE ET MODERNE  DU DIOCÊSE DE BORDEAUX

PAR

L'ABBÉ BAUREIN

TOME III

BORDEAUX

FERET ET FILS, LIBRAIRES‑ËDITEURS

15 Cours de L'INTENDANCE

1876

 

 

Extrait :

 

 

Livre sixième

 

Article  V

 

Pages :236 à 238

 

Collection :

 

 

 

 

SAINT‑CHRISTOPHE DE LEOJATS

 

 

 

P.238        

Cette Paroisse n'est connue, dans les anciens titres et pouilliés du Diocese, que sous la dénomination de Leujats; il n'est pas toujours aisé, aux personnes qui ne sont pas habituées à l'accent Gascon, de prononcer la première syllabe, du nom de cette Paroisse, c'est ce qui a occasionné le changement de la dénomination de celle de Leognan, qu'on trouve également, appellée, dans les anciens titres, Leunhan. N'ayant reçu. aucune espèce de renseignement sur la Paroisse de Leojats, il ne faut pas être surpris si nous n'en parlons que

 

P.339

 

                                                                             d'une manière très‑succincte. Ce n. 'est pas à celui qui dèsiroit. ces renseignemens qu'on peut s'en prendre, mais à la personne qui, ayant été invitée d'en donner, n’en a tenu aucun compte.

 

On dira donc que la Paroisse de Leojats est placée dans cette partie de l'Archiprêtré de Cernès qui avoisine les confins du Diocese de Bazas, et qui est située au‑delà et au midi de la petite riviere  du Siron, entre Sauternes et  Noailhan. On a lieu de présumer que Leojats est une dépendance de la jurisdiction de Noailhan, au moins est‑il certain qu'autrefois l'une et l'autre Paroisse n'avoient qu'un seul et même Rôle pour la Taille. Sans doute que la répartition ne s'en faisoit pas avec toute la proportion possible, puisque le Roi, par Arrêt de son Conseil d'Etat, tenu à Versailles le 21 Août 1764, désunit la Paroisse de Leujats, composée de 270 feux, de celle de la Mothe Noailhan, quant à l'assiette, répartition et levée de la taille,, capitation et autres impositions.

 

L’Auteur du Dictionnaire universel de la France ne fait aucune mention de cette Paroisse, et cela ne doit pas paroître surprenant; après avoir épuisé inutilement les moyens les plus propres pour se procurer des renseignemens sur les différens lieux dont il se proposoit de parler, il s'est vu réduit, la plupart du temps, à la simple nomenclature des Paroisses, puisée dans les rôles des différentes Elections de la France. Or, comme dans ce temps‑là il n'existoit point de rôle propre à la Paroisse de Leujats, qui étoit pour lors imposée dans le rôle de la Mothe‑Noailhan, qui leur étoit commun, il ne doit pas paroître surprenant que cet Ecrivain n‘ait fait aucune mention de la Paroisse de Leujats, dont il ne pouvoit pas se procurer la connoissance par la voie à laquelle il avoit été obligé d'avoir recours.

 

M. l'Abbé Expilly, auquel le Public est redevable d'un nouveau Dictionnaire géographique de la France, que ce Savant a enrichi, et considérablement augmenté par une infinité de

 

P.240

                                                                        renseignemens qu'il a trouvé le moyen de se procurer, ne parle pas non plus de la Paroisse de Leujats. Cet Ecrivain s'étend beaucoup, à la vérité, sur les Provinces et les principales Villes de ce Royaume; mais, à l'égard des petits lieux et des Paroisses de la campagne, on éprouve, dans son Ouvrage, la même pénurie que dans celui de l'Ecrivain qui l'avoit précédé dans ce même travail. D'où vient cela, sinon, du défaut des renseignemens que MM. les Curés de la campagne eussent pu aisément leur procurer?

 

S'ils ne l'ont pas.fait,il ne faut pourtant pas leur en faire toujours un procès. Ces Messieurs ne sont pas ordinairement à portée d'être instruits de ce qui se passe dans la république des Lettres; mais peut‑on aisément les excuser, dans le cas où ils n'ont pu ignorer le projet qu'on avoit formé de travailler à la Topographie de leur propre Diocese, et qu’ils ont été personnellement invités par leurs Supérieurs, à fournir des renseignemens sur leurs Paroisses respectives? Il est vrai que les préjugés que certains esprits ont cherché à répandre sur cette entreprise, ont empêché un grand nombre de ces Messieurs, et

particuliérement dans l'Archiprêtré de Cernès, de répondre à cette invitation. Mais que reste‑t‑il à ceux qui ont répandu ces préjugés, que le désagrément de voir qu'ils se sont laissé séduire par leur propre esprit, et à ceux qui les ont écoutés et suivis, que le regret de n'avoir pas contribué, ainsi qu'ils le pouvoient aisément, à un Ouvrage patriotique, qui auroit été propre à donner une idée exacte et détaillée de ce Diocese, S'il eût été exécuté dans toute son étendue ?

 

 

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