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Le
CIRON,
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"Infos sur la Rivière." | ||||
Textes divers, ni datés, ni signés. | ||||
Sommaire: | ||||
Navigabilité sur le Ciron. | ||||
Ciron Rivière. | ||||
La Bassin du Ciron. | ||||
Le Ciron autrefois. | ||||
Navigabilité sur le CIRON.
Par suite de sa faible pente et de son lit encombré de bancs de sable, de branchages et de troncs d'arbres, le CIRON n'est navigable que pour les barques de très faible tirant d'eau. Les moulins enjambant la rivière le partagent en biefs de diverses longueurs, VILLANDRAUT / CASTAING = 6 km CASTAING / La SALLE = 7 km La SALLE / PERNAUD = 4 km PERNAUD / Le PONT = 1 km qui font ressembler son plan d'eau à un escalier dont les marches ont un ou deux mètres de hauteur, celle des chutes de retenue des moulins. La traversée des moulins exige un portage de quelques dizaines de mètres, ce qui demande des canots légers; les canöés sont tout indiqués pour le remonter à la pagaie. Les indigènes manoeuvrent très adroitement leurs bateaux plats à la gaffe. La descente au fil de l'eau, l'été, dans la verdure et le calme de la forêt Landaise, est pleine de charme et de poésie, souvent agrémentée par le chant monotone des cigales, le balancement gracieux d'une libellule sur un nénuphar ou le vol furtif d'un martin-pêcheur.
Le CIRON, Rivière.
Né dans une lagune de LUBBON (Landes), à 145 mètres d'altitude, le CIRON traverse paresseusement le BAZADAIS et achève sa course sinueuse de 85 kilomètres dans la GARONNE à BARSAC (Gironde). Sa pente moyenne est de 1 m 50 au kilomètre. Son courant moyen est de 65 cm/seconde atteint 1 m 25/seconde en temps de crue. Son débit, près de l'embouchure, est de 5 à 7 m3 à la seconde. Le lit, très sinueux, ombragé de pins, de chênes, de vergnes et de saules dit aubiers, les eaux roulent un sable doré que le courant aligne en dunes de faible amplitude. Les moulins enjambent tous la rivière, et les eaux excédentaires passent par un déversoir latéral et un bras secondaire, en formant parfois des séries de cascatelles. Les deux moulins que traverse le CIRON à BARSAC, moulin de PERNAUD et moulin du PONT, n'ont qu'une faible hauteur de chute, à peine un mètre, ce qui ne donne qu'une force motrice de 70 à 80 H.P. Le flottage à bûches perdues sur la NIEVRE et sur l'YONNE, qui achemine le bois du MORVAN vers PARIS, est fort connu. Jusqu'à il y a une vingtaine d'années, le flottage sur le CIRON se faisait par trains de radeaux constitués par des poteaux de mines destinés à l'ANGLETERRE. Ces poteaux, sous écorce, assemblés près des chantiers de la forêt Landaise, avec des perches et des cordes, descendaient le courant, conduit par des Radeliers armés d'une gaffe et passaient sous les moulins en glissant sur un plan incliné dit passe-lit ou linda. Amenés en GARONNE, en aval du port de BARSAC, sur le quai à radeaux à marée haute, puis asséchés par la marée basse, ils étaient démembrés, puis chargés sur les sapines qui les transportaient à BORDEAUX où ils étaient transbordés sur les charbonniers Anglais. Le transport plus rapide et plus sûr par camion a fait disparaître le flottage par radeaux qui faisait vivre plusieurs centaines de radeliers et de marins. Le sable entraîné par le CIRON, et le gravier de la GARONNE forment au confluent un vaste banc qui obstrue la moitié du fleuve et encombre le port. Ce delta forme à marée basse une magnifique plage de sable et de gravier, dite GRAVIER de BAUDAS, où s'ébattent en été des centaines de baigneurs. Le Bassin du CIRON. Son Bassin versant reçoit les eaux de 45 communes, deux dans le département des Landes, quatre en Lot et Garonne et 39 en Gironde. Né
à moins de 150 mètres d'altitude dans un désert forestier assez humide,
les lagunes de LUBBON, où cours arbitrairement la frontière départementale
séparant l'avancée des LANDES du LOT et GARONNE, le CIRON manque encore de
vigueur lorsqu'il devient Girondin. Long de 85 ou de 90 km, selon les sources. Vraisemblablement cette différence doit venir de ce que l'on prend comme point de départ, soit la lagune, soit le pont de Lubbon, premier ouvrage sous lequel coule le ruisseau qui sert d'exutoire à ces marais. Sa
pente moyenne est d'un et demi pour 1.000 et lui donne un courant vif et régulier. Le
gentil cours d'eau couleur d'ocre et de cuivre " vit sa vie" avec
détermination, marquant un paysage que l'avancée des sables éoliens avait
estompé Né
dans la Pignada, ruisseau s’écoulant sans cesse sur un lit de sable
blond, il reçoit le concours
de ses petits voisins et forme avec eux cette rivière charmante, même
pour certains, mythique. Tout au long de son parcours, obstacle parfois,
mais lien toujours, elle était constamment présente dans l’esprit des
hommes qui vécurent dans cette vallée au cours de notre histoire. Des
tumulus découverts et fouillés à MARIMBAULT prouvent l'occupation de
cette vallée plus d'un millénaire avant notre ère. Elle
apportait la richesse en drainant son bassin pour une forêt plus dense et
des cultures plus riches. Elle recevait aussi, lavés par
les eaux de pluies, la sueur, les larmes de la peine des hommes, le
sang de leurs folies, engrangeant des souvenirs que ceux d’aujourd’hui
essayent de retenir. Par
sa force intime, offerte, elle adoucit longtemps la peine des ingénieux qui
surent l’apprivoiser, fantasque parfois mais bien souvent docile, elle
accueillit sur ses rives leurs multiples moulins. Désormais inactifs,
demeures restaurées, vestiges imposants ou ruines oubliées, ils restent
les témoins de sa générosité. De
nombreux moulins furent construits sur son cours et sur ses affluents à
partir du XIIIème siècle. Ceux de PERNAUD et du PONT écrasaient les céréales
pour alimenter BODEAUX. S'encaissant
à St MICHEL de Castelnau, bientôt grossi par les eaux que lui livre le
calcaire, il amadoue le paysage que ses affluents vallonnent légèrement,
faisant verdir les prairies et les forêts aux essences mélangées qui délassent
de la pinède. La gentille rivière prend quelque importance donnant à l'ouest Bazadais sa physionomie agreste, elle chemine, du côté de PRECHAC, dans de modestes gorges où s'animaient des moulins. Surveillé
de haut par le Chateau de CAZENEUVE, beau morceau d'architecture du XVIe siècle,
puis par les ruines médiévales de LA TRAVE, elle aborde en rivière flâneuse
la seule grosse localité Bazadaise, VILLANDRAUT, dont il emporte le reflet. S'attardant
à former un miroir d'eau après avoir pris le frais sous une voûte
d'arbres, le CIRON rafraîchit le
bourg présumé natif de Bertrand de GOTH qui devint Archevêque de
BORDEAUX, fut élu Pape en 1305. Puis continuant son bonhomme de chemin, il
chante sous les ponts où son cours se resserre, bougonne sur quelques
pierres oubliées, murmure doucement le long des berges décorées de ces
discrètes « fougères », bouillonne de colère contre les
arbres couchés, indûment, dans son lit, écume vivement au passage des
moulins pour dégager l’énergie que les hommes ne prennent plus. Il se
rappelle le temps où il portait sur son dos ces radeaux de bois conduits
par des Radeliers chantants. Forêt-galerie,
les arbres qui le bordent se penchent pour se rejoindre, se parler,
se raconter des histoires, se souvenir aussi. A moins que ce ne soit pour
le protéger des éléments violents et
ne laisser passer qu’une brise légère, elle frise sa surface en des
reflets d’argent, ou, filtrer le soleil en de minces rayons où le
martin-pêcheur avec la libellule bleue, irradient ses abords de leurs vives
couleurs. Privé,
amputé des sources de BUDOS, captées,
canalisées pour alimenter BORDEAUX, il s’écoule sans grand bruit
et sans beaucoup de regards, discret, et pourtant le CIRON joue un rôle
considérable en drainant les vignobles et en leur offrant ce qu'il faut de
brume et de rosée pour que prolifère le BOTRITYS CINÉRÉA, champignon
microscopique qui parasite les grains dorés de Sémillon, du Sauvignon et
de la Muscadelle. Favorisée
par l'alternance de l'humidité matinale et des bains de soleils des beaux
après-midi d'automne, la botrytisation concentre le jus du raisin, augmente
sa teneur en sucre. Non contrôlable et plus ou moins intense selon les années,
la "pourriture noble" entraîne la surmaturation des baies qui flétrissent,
se tâchent et se plissent. Elle
intervient irrégulièrement d'une grappe à l'autre, ce qui oblige les
vendangeurs à effectuer des tris successifs, avec beaucoup d'attention: les
raisins à la peau fragile doivent être cueillis quand ils sont bien secs
en surface et jamais brutalisés. Tardif et à épisodes multiples, le
spectacle des minutieuses vendanges apporte infiniment moins d'animation que
dans les autres régions. Leur
œuvre délicate permet de réserver
dans d’innombrables flacons,
quelques rayons de ce soleil généreux d’Aquitaine, pour les libérer
ensuite aux repas de famille ou aux agapes entre amis. Ils réchaufferont
les cœurs, allumeront les regards, titilleront les esprits pour une fête réussie. Pour
une si belle destinée, cela mérite
bien quelques soins particuliers. Un
dernier moulin, une dernière cascade chantante, traversant les paluds, il
rejoint la GARONNE pour s’y perdre sans retour, après avoir, dans le lit
du fleuve, déposé sa signature d’un long banc de sable doré pour le
bonheur des baigneur de l'été. Avant d'être détourné pour activer les meules du moulin du PONT ou des MOINES, il rejoignait la Garonne à CERONS dont le nom, comme le sien, dérive de SIRIO, le nom antique de la rivière et du village.
Source: Preignac Info.
Les moulins apparaissent sur le CIRON et ses affluents à partir du XIIIe. Ils transforment en farines les productions céréalières issue de l'économie rurale environnante; d'abord seigle, plus tard maïs, ensuite blé (froment) cultivé sur les terres les plus riches. En ce qui concerne PREIGNAC; Moulin de LAMOTHE: 4 meules, 8.000 hl de farine/an dont 6.000 de froment, 1.000 de seigle et maïs. Moulin de SANCHE: 3 meules , 10.000 hl de farine/an dont 8.000 de froment, 2.000 de seigle. Le moulin de LAMOTHE, bras droit du CIRON est terminé en 1205. Celui de SANCHE (ou CANCHE) sera construit entre 1209 et 1214. (Philippe Auguste l'aura peut-être vu.....) Le moulin du Pont, proche du confluent avec la GARONNE s'achève en 1210. La quasi totalité de ces "usines à farines" appartient à des personnes riches et influentes de la région, parlementaires anoblis ou descendants de la petite noblesse Bazadaise, qui placent ensuite les moulins en fermage. Mais peu à peu, les progrès du machinisme vont porter un coup sévère à l'activité des moulins, mais, au delà de la modernisation des méthodes de production, ce déclin réside dans les rivalités qui s'exercent parfois entre meuniers. Une ordonnance de 1835 marque le début d'une lente agonie. Le moulin de LAMOTHE cessera ses activités, le bras droit sur lequel est bâti le moulin est considéré comme le moins actif et perd peu à peu de son importance.
Le flottage du bois.
Le CIRON fut également une voie d'écoulement des produits forestiers des petites Landes de BAZAS et de VILLANDRAUT. C'est uniquement par flottage de radeaux que ces bois transitaient entre BEAULAC et BARSAC via PREIGNAC. Du moulin de Lamothe l'acheminement sur le port de BARSAC se faisait par charrettes à chevaux. Mais de nombreux conflits éclataient entre meuniers et bateliers. Les moulins représentaient autant de barrages que ne pouvaient franchir les bois; il fallait donc hisser les trains de radeaux sur la berge, "à pied" il fallait dépasser le moulin, la rupture de chute située en aval et reconstituer le radeau qui flottait ... jusqu'au prochain moulin. Ces opérations répétées sur les 28 km du CIRON (depuis La TRAVE) représentaient d'énormes efforts physiques et des pertes de temps considérables. Il fallut attendre 1774, date où le propriétaire du moulin de ROAILLAN permit, par flottaison, le franchissement de son "usine à farine" grâce à l'aménagement d'une écluse avec un lindat (ou lissoir) pour donner le passage aux radeaux. La construction de ces annexes aux moulins entraîna un décret stipulant le paiement d'un droit de passage redevable pour les bateliers en compensation de l'arrêt de "l'usine" pendant le franchissement des radeaux . Tous les propriétaires de moulins procédèrent à ces aménagements, sauf ceux de PERNAUD et du PONT, puis les radeliers contestèrent le droit de passage qu'ils jugèrent trop élevés. Tout au long du temps où les intérêts de chacun s'entrechoquent, les Pouvoirs Publics n'ont pu intervenir qu'avec précaution et les décrets successifs des Intendants ne solutionnèrent jamais durablement les problèmes.
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Réalisée le 10 janvier 2004 | André Cochet |
Mise ur le Web le 11 janvier 2004 |
Christian Flages |