Edition
originale |
VARIÉTÉS L'ABBÉ
BAUREIN Réédité
en 1876 |
Extrait: Collection Privée |
SAINT MARTIN de LANDIRAS.
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La dénomination de cette Paroisse a beaucoup de rapport à la quantité considérable de landes au milieu desquelles elle se trouve placée. Quelques anciens Ecrivains, dont nous avons rapporté l'opinion dans une dissertation au sujet du prétendu tombeau de Waiffre, Duc d'Aquitaine, qui a été insérée dans le troisieme Volume du présent Ouvrage, ont observé avec raison, que la terminaison en as, dans le génie du langage Gascon, annonce une grandeur quelconque, aussi désagréable qu'excessive; ainsi la dénomination de cette Paroisse paroît annoncer un trajet aussi Iong, qu'ennuyeux, au travers des landes, qu'il falloit faire pour arriver au local où cette Egalise étoit placée.
A
la vérité, les défrichemens qui peuvent avoir été faits par le passé, et
qui se font tous les jours, peuvent être cause que les choses soient dans un état
différent de celui où elles étoient dans le principe; mais la dénomination
de Landiras a trop de rapport aux landes, pour n'avoir pas été occasionnée
par quelque chose de pareil.
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On n'a point daigné nous faire passer le moindre renseignement local sur cette Paroisse, ainsi il ne nous est pas possible d'entrer dans tout le détail que nous souhaitons. Si quelqu'un placé sur les lieux, ou instruit de ce qui concerne cette Paroisse, vouloit suppléer au défaut de la personne qui a été invitée de fournir ces renseignemens locaux, nous les recevrions avec reconnoissance, nous lui en ferions même honneur, ainsi que nous nous y sommes engagé.
En
attendant, nous insérons ici le peu que nous savons sur cette Paroisse.
Elle
est placée dans cette partie de l'Archiprêtré de Cernès qui avoisine les
landes. La population y est assez considérable. L'Auteur du Dictionnaire
Universel de la France y comptoit, en 1726, le nombre de 1535 Habitans. M.
l'Abbé Expilly nous apprend qu'en l'année 1766, on y comptoit 340 feux, ce
qui, suivant le calcul de cet Ecrivain, formeroît une population de 1700
Habitans.
Nous ne parlerons ni de l'état de l'Eglise de cette Paroisse, qui doit être assez spacieuse pour en contenir la population, ni du nombre et de la dénomination de ses différens Villages, ni de la collation de la Cure, ni même de la condition de celui qui en est titulaire, et qui paroît d'ailleurs avoir été très indifférent sur tous les objets qui peuvent servir à faire connoître sa Paroisse en détail; nous dirons seulement qu'elle est unie à la dignité du Doyen de l'Eglise Cathédrale de Saint André de Bordeaux, et que ce Dignitaire en est le gros Décimateur.
Il
l'étoit autrefois de celle de Saint Martin de Lassats, Paroisse qui n'existe
plus depuis longtemps, mais dont nous soupçonnons que le territoire est réuni
à celui de la Paroisse de Landiras; il est au moins certain que le quartier de
Brachs, où il existe encore à présent une Chapelle, à laquelle les rôles
Gascons attribuent la qualité de Paroisse, est enclavé dans le territoire de
celle de Landiras.
(De
Jurisdictione altâ et bassâ in Parochiis de Illats, Lassats, Giloutz (a), Custen,
Brachs, Sancto
Michaele de Ripa
frigida, in Diocesi Burdegalensi,
coucessâ Johanni Russel, militi. (Rôles Gascons, années 1307, 1308, t. I,
P. 3 5.)
Pro
Gaillardo de Sancto Simphoriano habendo Jurisdictionem altam et bassam in
Parochiis de Illats, Lassats, Guilotz, Brachs, et Sancto
Michaele de Rubefrigidd. (Rôles
Gascons, t. I, P. Ioi.)
De restituendo Johanni de Sancto Simphoriano, Domino de Landirans, possessionem altœ et bassœ Justiciœ in Parochiis de Illatz, Lassatz, Gilouse, Ousten, Brachs et de Sancto Michaele de Rupe frigida in Diocesi Burdegalensi. (Rôles Gascons, t. I, P. 113.)
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Nous n'avons pas cru néanmoins devoir placer Brachs au nombre des anciennes
Paroisses de ce Diocese, attendu qu'il n'en est fait aucune mention dans les
lieves des quartieres de l'Archevêché, ni dans les anciens pouilliés.
Le territoire de la Paroisse de Landiras doit être d'une étendue considérable, et cultivé dans le goût que le sont les landes en général. Il s'y tient deux foires par an; la premiere est fixée au second de Février, et la seconde au 11 du mois de Novembre. Il y existe d'ailleurs un marché chaque Dimanche de l'année.
La
tenue de ces foires et marchés suppose nécessairement l'existence d'un Bourg
considérable, et d'une population nombreuse dans cette Paroisse. On nous a mis
dans le cas, par le défaut de renseignemens, de ne pouvoir entrer dans un plus
grand détail : nous
dirons néanmoins
quelque chose au sujet de sa Seigneurie et des Seigneurs qui en ont été
les anciens Propriétaires.
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On
ne peut point douter que la seigneurie de Landiras ne soit ancienne. On n'est
pas en état de fixer l'époque de son ancienneté. On sait seulement que
Rostand de Landiras, qui vraisemblablement étoit Propriétaire de la Seigneurie dont il
portoit le nom, vendit, ainsi qu'on
l'a déjà remarqué, à Guillaume 1er du nom, Archevêque de Bordeaux, vers la
fin du douzieme siecle, la quatrierne partie de la dîme de Barsac, dont ce Prélat
fit don à son Eglise Cathédrale.
Quoique nous ne puissions pas donner une liste exacte de tous ceux qui ont possédé cette Seigneurie, nous pouvons néanmoins insérer ici les noms de plusieurs de ces Seigneurs que nous avons découverts, en parcourant les anciens titres. Nous ignorons si un Rustand ou Rostand de Landiras, dont il est fait mention dans une chartre de l'an 1236, étoit le même que celui qui fit vente à l'Archevêque Guillaume ler : si c'est le même, il est certain que c'est le plus ancien Seigneur de Landiras, dont le nom soit parvenu à notre connoissance.
Cette Seigneurie passa, dans la suite, à des Seigneurs appelles de Saint Simphorin. Il paroît par un titre du 20 juillet 1333, que Gaillard de Saint Simphorin étoit dès lors en possession de la seigneurie de Landiras.
Le
Noble Baron jean de Saint Simphorin,
Seigneur de Landiras, lui succéda.
Il étoit, selon les apparences, fils de ce Gaillard.
Il passa contrat de mariage le 8
janvier 1343, avec la demoiselle Na
Aupays, dont la mere étoit Dame
en partie de Roquetaillade. Ce
mariage, avec cette Demoiselle fut contracté du consentement de Pierre
de la Mothe son frere, Seigneur de Langon.
Il
y a lieu de penser qu'il ne fut procréé de ce mariage qu'une fille, qui est
appellée dans les titres Ysabé de Saint
Simphorin, et qui, dès l'an 1358, étoit épouse de Noble Homme jean d’Estratonne, qui,
en sa qualité d'époux, se qualifioit Seigneur de Landiras.
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Ils
étoient l'un et l'autre pleins de vie en l'année 1391, puisque, dans un titre
Gascon, du 7 Août de cette même année, il est fait mention de
« Noble
et Poderos Senhor, Mossen Johan d'Estratonne, Cavaler, Senhor de Landiras, et de
la Nobla Madona Ysabé de Sent
Simphorin, Dona de Landiras, sa molher. »
Il
est fait mention de cette Dame et de Marguerite d'Estratonne sa fille, dans un
titre du 7 Avril 1424, dans lequel elles sont qualifiées Dames de Landiras. Nous ne
sommes pas en état de donner une suite exacte des anciens Propriétaires de
cette Seigneurie. Nous savons seulement que dans le seizieme siecle, elle étoit
au pouvoir de la Maison de Montferrand. Suivant un titre du 9 Mars 1571, jean
de Montferrand, Ecuyer, étoit Seigneur de Landiras. Gaston
de Montferrand l'étoit en 1579, ainsi qu'il paroît par un titre du 16 Décembre
de cette même année. Nous apprenons par un autre titre, du 20 Mars 1639, qu'à
cette époque Bernard de Montferrand étoit
propriétaire de la seigneurie de Landiras. C'est M. de Brassier qui en est le
Seigneur actuel.
(a) Les Paroisses de Giloutz et de Custen, ne sont plus connues sous ces dénominations, qui sont un peu défigurées ; mais il est aisé de rétablir leurs véritables noms. Giloutz est Guillos, et Custen est la Paroisse d'Hostens. Ces deux Paroisses sont encore à présent de la jurisdiction de Landiras.
Au reste, il ne faut pas confondre Brachs, dont il est ici question, avec une Parroisse de même nom,
placée dans le Médoc, et qui est dépendante de la seigneurie de Castelnau. Le
quartier de Brachs, qui existe sous cette dénomination, dans le territoire de
Landiras, est une preuve qu'il étoit question de celui ci, et non de la
Paroisse de Brachs, dans le Médoc.
Réalisée le 5 novembre 2002 | André Cochet |
Mise sur le Web 6 novembre 2002 |
Christian Flages |