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Conférence à Bommes |
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1 juin 2006. |
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Par Jacques Guinberteau. | |||
Unité de
Recherche Mycologie. MYCSA - UPR-
1264 INRA – Bordeaux. |
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Les images sont propriété de Jacques GUINBERTAU, prière de lui signaler la copie et l'utilisation éventuelles à guinbert@bordeaux.inra.fr. |
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Les Champignons des De
la plage…à la dune embryonnaire et
dune blanche... une mycoflore spécialisée. |
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Mise en évidence au Nord de l’Aquitaine, d’une mycoflore originale en Bas-Médoc, en relation avec une importante césure édaphique et biogéographique. | |||
Situation Géographique de notre étude. La côte atlantique de l’Aquitaine est relativement inégale dans la distribution de la diversité floristique et fongique. On y observe des « hot spot » de biodiversité, qui semble en relation complexe avec à la fois, les facteurs pédoclimatiques, biotiques, et géomorphologiques. C’est en prospectant systématiquement tout le long de la côte atlantique Aquitaine, et en effectuant de multiples sondages, que nous avons pu mettre en évidence une nette coupure biogéographique au niveau grosso modo de Montalivet. La richesse fongique y est nettement plus abondante et diversifiée vers le Nord - Médoc et correspond à la fois à la conjugaison de la présence d’une flore originale dominée par l’Ephedra, la présence de sables coquilliers calcarifères, et la présence d’une nappe phréatique affleurante perchée. |
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Transect Dunaire et son fonctionnement
géodynamique. 1- La Dune embryonnaire ou Dune
initiale 2- La Dune blanche ou Dune mobile. 3- La Dune semi-fixée ou revers
de la dune blanche mobile ou glacis
interne. 4- La Dune noire ou Dune grise
fixée ou lette grise. 5- La frange forestière et ses
fourrés pré-forestiers constitués par
ses ourlets et manteaux. De ce transect théorique existent une foule de situations geomorphologiques caractéristiques des milieux meubles mobiles, facilement éolisés, et constitués par les sables d’origine marine. C’est ainsi que par érosion marine et éolienne, de multiples formations entaillent ou engraissent la dune. Ce sont les brèches, siffle-vent, caoudeyres, plaques de déflation, issues du décapage éolien, plaques de bossellement, issues du saupoudrage, abrupts d’envahissement et pourrières, tucs, etc. qui façonnent au fil du temps et des tempêtes successives, ce paysage des dunes. Ces mouvements intenses de transit sableux, aboutissent aussi à complexifier l’ordre logique des différentes parties du transect dunaire. On remarquera que ces faciès sont loin d’être figés, et que des transgressions transverses viennent bousculer l’ordre des choses ou la chronologie ! Ainsi il n’est pas rare de voir des lambeaux d’une ancienne dune grise en front de mer, et une dune blanche très mobile se former ou déborder très en arrière ! C’est dans ce paysage dunaire sans cesse remanié, que les champignons s’adaptent et s’installent précisément dans chaque partie de la dune. |
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Stropharia halophila. Une espèce pionnière, très halophile Cette singulière espèce au chapeau jaune citron très décolorant, et à l’anneau très profondément strié à sa face supérieure, comme beaucoup de strophaires, est certainement la plus halophile de tous les champignons du littoral ou de la dune. En effet, ce champignon occupe une niche écologique pionnière,
située la plus en avant du front de dune côté océan,
au niveau des dunes embryonnaires ou
du glacis externe de la dune blanche. Cette espèce supporte des taux élevés de sodium, déposé par les embruns, piégés par condensation et ruissellement au niveau des oyats et des tiges de chiendent maritime. Il n’est pas rare également de trouver les chapeaux émergeant à peine du sable, complètement laciniés et déchiquetés par les vents de sable très violents en front de dune. D’autre part comme beaucoup de strophaires, cette espèce est très facilement putrescible et attaquée
précocement par des bactéries et levures, qui lui confèrent des taches rougeâtres. L’espèce est également très adaptée au milieux sableux mobile par la présence d’un thalle ou réseau mycélien sous forme de cordons rhizomorphiques et d’une rhizomorphe très robuste et développée en prolongement du pied ou stipe. De plus sa silhouette obconique, en forme de toupie renversée visible surtout sur une coupe transversale, est caractéristique de l’espèce. |
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Xerula
mediterranea. Une espèce rarissime de la dune blanche. C’est ici l’espèce dunaire la plus exceptionnelle et la plus rare du littoral atlantique français. Il s’agit en fait d’un champignon à distribution circum-méditerranéenne, qui remonte épisodiquement du Maroc et de la péninsule ibérique et du Portugal, jusque chez nous (littoral aquitain et vendéen), et très récemment jusqu’au littoral Picard dans le Nord (conséquence du changement climatique ?) L’espèce à la fructification capricieuse,
n'apparaît pas tous les ans dans les quelques rares stations aquitaines
que nous avons pu détecter et suivre au fil du temps. Cette espèce est vraiment typique du haut de la dune blanche à oyat, particulièrement sur le glacis externe des « tucs » (face océan) et à orientation S-SW. D’un point de vue adaptatif, cette espèce a développé un stipe ou pied étonnamment allongé sous forme d’une pseudorhize prenant naissance très profondément dans le sable fluide et mobile, en relation avec la plante-hôte et son rhizome
(très probablement l’Oyat dominant dans la dune blanche). D’un point de vue taxinomique et anatomique, cette espèce est aussi un cocktail de singularités, comme en témoignent les multiples essais ou tentatives de classification des auteurs
où
l’espèce s’est baladée entre les genres : Hydropus,
Flammulina, Oudemansiella, Xerula, etc. |
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Xerula
mediterranea. Une espèce circum-méditerranéenne, Remarquez ici les lames charnues arquées-décurrentes, et espacées de l’espèce, qui peuvent évoquer à s’y méprendre tout autre champignon du genre Omphalina. Le champignon est toujours profondément ensablé, et cache une longueur du pied surprenante ! Ce long stipe flexueux et cylindrique sub-égal, est en fait « greffé » en profondeur sur les tiges ou chaumes des oyats ou autres plantes de la dune blanche mobile, périodiquement ensablés. |
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Agaricus menieri. Une espèce typique de la Il s’agit d’une imposante espèce, parmi certainement les plus beaux champignons de la dune, par la blancheur et candeur de son chapeau blanc, immaculé au départ. Cette espèce d’agaric appartient aux Agarics fortement et rapidement jaunissants, de la section des Xanthodermatae. Ce chimisme très réactif, d’un beau jaune de chrome au toucher, est surtout visible lors d’une blessure ou coupe en biseau à la base du stipe, lors de la récolte et constitue l’un des caractères le plus discriminant pour sa reconnaissance. Ce jaunissement violent est aussi accompagné par une odeur désagréable qui rappelle l’encre ou le phénol. Ces 2 principaux caractères facilitent grandement le diagnostic, afin d’éviter une consommation intempestive, car l’espèce est indigeste voire toxique. Son anneau ceinturant est en tout point remarquable, par son aspect charnu et pulpeux, qui l’en distingue très nettement des autres agarics jaunissants de cette même section. Cet agaric souvent très ensablé, est caractéristique du revers interne de la dune blanche ou parfois des dunes semi-fixées, à Armoise. La distribution de cette espèce sur le littoral atlantique français a une aire disjointe, et se focalise sur quelques rares stations où il peut être alors localement abondant ! |
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Hohenbuehelia petaloides. Une espèce de la dune éolisée, greffée sur oyat Cette magnifique et singulière espèce, aux formes pétaloïdes, conchoïdes, ou spatuliforme, se présente sous forme d’oreille excentrée, fixée ou greffée à la base des oyats, sur la dune blanche mobile. L’espèce est fixée au collet de la plante-hôte ou sur les vieux chaumes d’oyat par la base de son stipe rudimentaire et en position latérale. La répartition très disjointe en apparence de ce champignon suggère aussi qu’il est mal connu en raison de sa discrétion et de sa niche écologique étroitement liée aux touffes denses d’oyats dépérissant. Il est par conséquent, difficile d’interpréter ces zones de dépérissement de l’oyat ou Gourbet,
plante utile pour la fixation des dunes mobiles : ce champignon est-il
un agent parasitaire provoquant la mort de l’oyat ou sa présence comme simple saprophyte, est-elle subordonnée aux zones
dépérissantes de l’oyat par un épisode d’érosion intense
ou de stress ? |
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Agaricus bisporus. ou Une espèce occasionnelle Il n’est pas très rare de rencontrer, carrément en front de dune, le « banal » champignon de Paris ou Agaricus bisporus dans un habitat quelque peu insolite. Par les vents de sable, l’espèce peut être parfois méconnaissable par son chapeau lacinié déchiqueté et souvent brun. Cette espèce à affinité nitrophile et rudérale, est un indicateur de tendance à l’eutrophisation et engraissement azoté de la dune blanche, en relation avec les dépôts organiques et transit des laisses de haute mer et algues. La niche écologique habituelle et plus conforme de l’espèce, est la litière des vieux cyprès,
introduits et plantés, de la côte atlantique surtout ! |
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Rhodocybe malençonii : Une espèce de l’interface Cette très belle espèce
charnue, que l’on trouve ponctuellement au pied du talus continental ou revers
interne de la dune blanche, ne dédaigne pas les sables mobiles non fixés ou très
faiblement végétalisés par les touffes d’Armoise,
en dune semi-fixée. C’est son optimum écologique. La présence de cette espèce semble très liée à la mobilité sableuse et à la dynamique de la dune blanche. Cependant il n’est pas rare de pouvoir trouver cette espèce à l’état relictuel, dans les lambeaux de tapis d’Ephedra distachya (Raisin de mer), dans une situation
transgressive au bord de la falaise d’une dune blanche, côté océan ! Cette espèce est remarquable par sa morphologie, ses couleurs variables gris sepia, mastic alutacé, à brun de corne, mais aussi très décolorantes pouvant être complètement blanches chez certains spécimens albinos, même jeunes. Son odeur remarquable, qualifiée parfois de rance par erreur, rappelle étonnamment les huîtres fraîchement ouvertes! Cette odeur que j’ai qualifiée ainsi, n’est pas du tout désagréable et au contraire de composante très suave! Son abondance ou sa rareté est aussi fonction des années. |
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La dune noire ou lette grise, ou dune fixée.
…là où règne la plus grande
biodiversité fongique |
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Arrhenia spathulata. Une espèce bryotrophique,
typique de dune grise, Cette petite espèce à la taille modeste, mesurant guère plus qu’un cm, serait très discrète si elle ne se développait en nombre, sur les tapis ras de mousse verdoyante et contrastant.! Ce champignon au pied rudimentaire, a une forme conchoïde ou pleurotoïde qui rappelle certains pleurotes en miniature ! A l’envers sous le chapeau, on peut y voir des plis lamellaires qui imitent des fausses lames ou lamelles. C’est un
champignon très fréquent et représente
vraiment l’espèce-type de la dune noire très fixée évoluant vers le stade
pelouse. |
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Agaricus devoniensis. Une espèce typique de dune
grise. C’est habituellement la deuxième espèce d’agaric majoritaire de la dune grise fixée, particulièrement dans les tapis ras de mousses et lichens (Phleo-Tortuletum). Ce petit agaric au chapeau blanc immaculé à l’état frais et jeune, ressemble un peu au « Rosé des prés », mais la couleur des lames est beaucoup plus vive, d’un beau rose chair soutenu . Cette espèce à chair modérément rougissante, possède une panoplie de caractères singuliers qui l’en distinguent aisément, notamment la structure pluri-étagée et composite des anneaux sur le pied. L’espèce est comestible,
mais à déconseiller en raison d’une forte probabilité de confusion avec
d’autres espèces toxiques de la dune ! Cet agaric pousse fréquemment
accompagné par les Arrhenia et les Lycoperdon lividum
=« Vesse de loup »
s.l. |
Réalisée le 30 août 2006 | André Cochet |
Mise sur le Web le 2006 |
Christian Flages |