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Ce
petit animal a une très mauvaise réputation. |
Extraits: |
Encyclopédie des Carnivores de France. |
N° 10 . février 1991. |
SFEPM. Bohallard. Puceul. 44390 Nord s/Erdre |
Auteurs: Roland LIBOIS et Antoine WAECHTER . |
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La
Fouine. |
La
Fouine, appartient à la catégorie
des animaux qui sont couramment perçus comme des puants, des mordants et, pire
encore, des nuisibles. Cette triple caractérisation est bien attestée dans la
littérature, en particulier les textes relatifs à la cynégétique.
Elle
est à l'origine de l'acharnement qui a été mis jusqu'à une époque récente
pour détruire la Fouine et ses semblables.
Elle
explique la valeur négative dont ce mammifère est chargé dans les traditions
populaires, peu nombreuses au total, qui se rapportent à lui . Il a été
enregistré un large éventail de nom dialectaux de la Fouine, certains prêtent
à confusion avec la Martre, le
Putois et la Belette. Aucune locution populaire ne lui est favorable.
La
Fouine a pourtant été signalée dès une date ancienne. Mais les premiers
textes ne contiennent pas ou peu de trace des préjugés défavorables qui, par
la suite, se sont fait jour à son sujet.
Aristote
lui consacre une brève description dans l’Histoire des animaux.
«
La Fouine (ictis) est, pour la taille, comparable à un tout petit chien de Mélité
(Tout petit chien de compagnie antique) Pour son pelage, son aspect général,
la couleur blanche de la bavette et la méchanceté de son caractère, elle
ressemble à la Belette (galéè). Mais elle s'apprivoise aussi fort bien. Elle
attaque les ruches car elle est friande de miel. Elle mange aussi des oiseaux
comme le font les chats ».
La Fouine agile. |
Il
ajoute encore que l'organe génital du mâle se caractérise, tout comme celui
du Renard, du Loup et de la Belette par
sa structure osseuse et qu'il passe pour être un remède contre la strangurie.
D'autres
auteurs grecs et latins comme Pline l'Ancien et Isidore de Séville mentionnent
aussi la Fouine, mais aucun n'apporte à son sujet d’éléments nouveaux, pas
plus que les auteurs médiévaux qui se sont généralement bornés à
reproduire, avec plus ou moins d’exactitude, les données antiques.
La plus ancienne monographie sur la Fouine et les animaux apparentés semble bien être celle que rédigea, à la Renaissance, Charles Figulus (1540). Dès cette période, les auteurs soulignent la difficulté qu'ils éprouvent à différencier les uns des autres, les représentants du groupe des mustelae tels qu'ils sont évoqués plutôt que décrits.
Super-ordre
Carnivores
Ordre
Fissipèdes
Super
Famille Canoidea
Famille
Mustélidés
Sous-Famille
Mustélinés
Genre
Martes
Espèce
Martres Foina, Martres domestica
Le
genre Martes est très ancien puisqu'il remonte au Miocène inférieur. Son
origine est incontestablement paléarctique. Cependant, les formes tertiaires du
genre, du moins celles qui ont été découvertes jusqu'à présent, ne sont pas
reliées aux espèces actuelles.
Aire
de Répartition
En
europe, elle est absente d'Islande, de Grande Bretagne, d'Irlande, des îles côtières
de l'Atlantique et de celles de la Méditerranée occidentale, Ibiza exceptée.
En
Méditerranée orientale, la Fouine a colonisé les grandes îles ioniennes et
égéennes, dont Rhodes ainsi que la Crète. Elle n'est pas signalée à Chypre.
On la rencontre au Danemark mais elle est absente des autres pays scandinaves.
En
Russie, elle se trouve jusqu'au bord du Golfe de Finlande et la limite de son
aire va de Narva à Minsk, traverse le plateau de Russie centrale jusqu'au Don
et, de là, se prolonge à travers l'Ukraine jusqu'à la Crimée. Elle passe
ensuite au Nord du Caucase, cette limite n'est que très approximative car les
renseignements précis manquent souvent et certaines données sont controversées
(confusion possible avec la Martre).
A
l'Est de la Caspienne ainsi qu'au Moyen-Orient, les limites de l'aire ne sont également
pas connues avec beaucoup de précision.
En
Europe de l'Ouest, la limite septentrionale de l'aire de répartition de la
Fouine correspond approximativement avec celle de la chênaie. La Fouine qualifiée
de thermophile, est , à l'Est et au Nord, limitée par le froid hivernal.
Toutefois, la Fouine est susceptible d'habiter des régions beaucoup plus
froides en hiver puisque elle est signalée
dans des localités du Nord de la Mongolie situées sur l'isotherme de janvier
de –25 C.
La Fouine vous regarde. |
Dans
la partie asiatique de son aire, la Fouine apparaît comme un animal fortement
lié aux pays de montagne, pourvu qu'ils ne soient pas des plateaux à caractère
(sub) désertique. Son absence des grandes plaines du Sud (Mésopotamie, Indus,
Gange) et des bas plateaux bordant, vers le Nord Ouest, le Tien-shan et l'Altaï
est assez révélatrice à cet égard.
En
Europe, en revanche, la Fouine se trouve dans de vastes plaines loin de tout
massif montagneux cette situation exceptionnelle s'explique par la dépendance
que la Fouine montre, dans ces régions, vis-à-vis de l'homme et de ses bâtiments.
Répartition
en France
et dans quelques
régions limitrophes.
En
France, la Fouine est répandue à travers tout le pays. Elle ne manque dans
aucun département si ce n'est en Corse.
En
altitude, la Fouine a été observée jusqu'à 2.400 m. dans les Alpes et aux
environs de 1800/2000 m. dans les Pyrénées, mais dans les Vosges, elle ne dépasse
pas 600 m.
En
Belgique, la Fouine est commune dans la partie francophone du pays (sud d'une
ligne Roubaix - Maastricht). Elle est devenue très localisée en Flandre où on
ne la rencontre plus guère que dans la région des collines, dans le sud-est du
Brabant et à l'extrême sud-est du Limbourg. Autrefois, l'espèce était connue
de tout le pays.
Aux
Pays-Bas, la Fouine est, avant 1945, présente dans tout le pays, à l'exception
des îles frisonnes. Elle paraît cependant sporadique, sauf
dans le Sud du Limbourg. Entre 1945 et 1980, elle régresse considérablement au
point de ne plus se trouver qu'en Flandre zélandaise, dans quelques localités
du Brabant septentrional et dans l'Est du pays (provinces de Gueldre, Twenthe et
Limbourg).
Actuellement,
elle est absente de toute la partie centrale et occidentale du pays mais un
mouvement de recolonisation s'observe vers le nord, le long de la frontière
Allemande. Elle demeure commune dans le Sud du Limbourg.
Aspect
général
La
Fouine est un animal de taille moyenne, son corps est allongé, bas sur pattes
et prolongé d'une longue queue touffue dont la longueur égale environ la moitié
du corps, tête comprise. Les oreilles sont courtes, plutôt triangulaires, peu
velues et leur coloration ne montre guère de contraste entre les marges et la
partie centrale.
Le
pelage de la Fouine est épais, moelleux, composé de poils longs et souples,
d'une couleur brun-grisâtre foncé. Les poils de jarre sont bicolores, brun
foncé de l'apex jusqu'au milieu de leur longueur environ, gris très clair dans
la partie basale. Le poil de bourre est gris clair. La structure des poils de
jarre est en tous points semblable à celle des poils de la Martre.
A gauche le pied de fouine. A droite traces de fouine
La
Fouine est plus petite que la Martre, a un corps long de 42 cm pour une queue
de 20 à 23 cm.
La
mue printanière débute fin avril/début mai. Le remplacement du pelage
commence par une zone périoculaire qui s'étend progressivement vers les
oreilles, puis sur le dessus de la tête pour gagner enfin la partie dorsale du
corps. La mue d'automne commence en août et son déroulement se fait en sens
inverse de la mue de printemps.
Comme chez la plupart des Mustélidés, il existe chez la Fouine un dimorphisme sexuel net. Les mâles sont, à âge égal, plus grands et plus lourds que les femelles.
REPRODUCTION ET CROISSANCE.
Parmi les quelque 60 espèces de Mustélidés, 36 ont fait l'objet de recherches
La
Fouine, |
relatives au cycle de reproduction. Trois schémas de base sont observés chez
les femelles : une gestation brève, sans délai d'implantation, une gestation
de durée variable ou une gestation précédée d'une longue période de latence
embryonnaire. Ce dernier schéma est celui que l'on trouve dans le genre Martes.
Depuis
la mise en évidence du phénomène de nidation différée chez un certain
nombre de Mustélidés. Ce n'est toutefois qu'en 1981 la preuve irréfutable fut
apportée de l'existence d'une diapause embryonnaire chez cette espèce.
Les
accouplements ayant lieu en juillet, les blastocystes séjournent dans l’utérus
pendant environ 240 jours avant de s'implanter et de continuer leur développement.
Les mises bas ont lieu de mars à avril, voire jusqu'à début mai. La
lactation s'étend sur sept à huit semaines.
En
juillet, un nouveau cycle commence ; il peut même arriver que des femelles
soient fécondées alors qu'elles allaitent encore.
La
Fouine |
Peu
de choses sont connues à propos du comportement reproducteur de la Fouine. Les
femelles ont un cri de rut («Betteln» = cri de sollicitation) qui attirerait
les mâles tout comme les sécrétions odorantes
La
parade sexuelle peut durer de 10 à 150 minutes (moyenne : 50 min.). Elle est
ponctuée de cris aigus et de poursuites nombreuses. La copulation peut être
renouvelée plusieurs fois en très peu de temps au cours de la parade (5 à 7
fois). A ce moment, les animaux, tout à leur affaire, semblent peu sensibles au
dérangement.
Les
mâles ont les poils du dos hérissés et leur queue décrit des mouvements
circulaires. Durant la copulation, la femelle est vigoureusement maintenue par
une morsure au cou différente de celle qui est infligée aux proies mais aussi
de la prise effectuée pour transporter les jeunes. Les femelles entrent en
chaleur une à quatre fois à quelques jours d'intervalle.
Croissance des jeunes.
Le
développement des jeunes est relativement lent.
Au
moment de la mise bas, la femelle ne quitte pratiquement plus le nid qu'elle a
aménagé, (une ou deux périodes d'absence d'environ 20 min.). Au cours des six
premières semaines de l'élevage (période de lactation stricte), la femelle ne
quitte ses jeunes que deux à trois fois par nuit. la femelle rentre, bien avant
le lever du jour.
Lorsque
les jeunes commencent à absorber de la nourriture solide, mais avant le sevrage
complet (semaines 6/9), la mère rapporte des proies au nid en moyenne 5,5 fois
par nuit.
En
revanche, leur durée est très brève : la proie est rapidement abandonnée et
la mère repart en chasse, restant active toute la nuit. Dès la treizième
semaine, la fréquence des visites diminue pour atteindre une valeur proche de
six par nuit dès la 17ème semaine.
Au
cours de cette période d'élevage, les jeunes peuvent être déménagés du gîte
de mise bas vers d'autres abris. Ces changements semblent liés, d'une part, à
la recherche d'une certaine proximité par rapport aux sources de nourriture,
(ce qui limite les dépenses d'énergie de la mère en transports de proies) et,
d'autre part, à un certain souci de sécurité de la portée dont la présence
devient de moins en moins discrète : les jeunes jouent, notamment pendant la
journée, se déplacent seuls et se mettent à chercher leur pitance indépendamment.
Peu
après l'abandon du gîte de mise bas et jusqu'à la 13ème semaine, la femelle
conduit ses jeunes, toujours un à un, vers d'autres abris dont l'emplacement
change continuellement au fil des jours
Deux
semaines environ avant l'éclatement du noyau familial, les jeunes, alors âgés
de 21 semaines environ, deviennent de plus en plus indépendants ; ils
commencent à choisir eux-mêmes leur abri diurne et se montrent capables de
traverser seuls la grand'route.
La
Fouine |
Au
cours de la période qui suit le sevrage, les jeunes s'émancipent
progressivement. Dès la quatorzième semaine, ils commencent à s'éloigner
seuls de leur gîte et il apparaît, à cet égard, que les jeunes femelles sont
plus précoces que leurs frères. Cette tendance s'accentue au fil du temps et,
une fois âgés de 20/21 semaines, les jeunes se déplacent indépendamment à
l'intérieur du domaine vital maternel.
Sur
le plan alimentaire, les jeunes s'émancipent également. A partir de la 19ème
semaine, ils commencent à se nourrir eux-mêmes : la mère réduit considérablement
le temps qu'elle passe à chasser pour leur compte mais elle les prend
individuellement avec elle lors de ses sorties de chasse.
Lorsqu'ils
se reposent, les jeunes restent groupés avec leur mère jusqu'à la 15ème
semaine. Ensuite, ils s'isolent mais la mère, lorsqu'elle est au repos dans son
gîte, est toujours accompagnée d'au moins un de ses jeunes.
Jamais
la coopération d'un mâle à l'élevage des jeunes n'a pu être mise en évidence.
Il
semble qu'habituellement, la dispersion des jeunes s'effectue à la fin de l'été
ou au début de l'automne, mais elle n'a pas toujours lieu aussi tôt. L'âge de
la dispersion se situe généralement aux alentours de cinq à six mois.
Il
semble que les jeunes soient alors très nomades, passant quelques jours ici,
puis là, puis encore plus loin. Ils reviennent toutefois visiter des zones précédemment
occupées. Sans doute n'y a-t-il installation définitive que si un domaine
vital de qualité est trouvé libre d'occupation.
La
Fouine exploite avant tout les fruits sauvages. Il semble qu'elle apprécie
particulièrement les baies de genévrier, les fruits de Prunus mahaleb et d'amélanchier,
les cerises et les arbouses; les sorbes, mûres et framboises ainsi que le
sureau noir, les myrtilles et les prunelles.
En
Europe tempérée, ce sont les Mammifères principalement les Campagnols et les
Mulots qui jouent le second rôle. Les Oiseaux, surtout les Passériformes et
leurs oeufs, de même que les Insectes ont une importance variable suivant les
stations étudiées, les lombrics aussi
des proies très fréquentes.
La
Fouine met à profit les ressources qui lui sont offertes par la proximité de
l'homme: fruits domestiques, volaille, déchets de cuisine. L'alimentation
semble toutefois reposer sur l'exploitation de sources «sauvages» de
nourriture, notamment des petits Mammifères, Rongeurs en particulier.
Parmi
les Oiseaux, les espèces les plus fréquemment consommées sont des petits
Passereaux, moineaux et merles et corvidés en premier. Les Pigeons ramiers et
domestiques figurent également en bonne place, de même que les oeufs chapardés
dans les fermes (poule, oie, canard) ou provenant du pillage de nids d'oiseaux
sauvages (Merle, Ramier ... ).
Les
Insectes les plus fréquemment identifiés sont principalement des Coléoptères,
mais aussi des Hyménoptères et des chenilles de papillons, des courtilières.
En
ville
Les
fouines s'alimentent principalement de fruits de toutes sortes, tant «sauvages»
que cultivés : cerises, arilles d'if, prunes, pommes, poires, mûres, sorbes,
baies de sureau, raisins, cynorrhodons voire mandarines. Les Oiseaux figurent également
en bonne place au menu, notamment les pigeons, moineaux et étourneaux.
Les
Mammifères, en revanche, semblent peu consommés. Le régime comprend également
des Invertébrés, notamment des Coléoptères, des abeilles et des guêpes
sociales, des chenilles, des lombrics. Enfin, la fréquence des déchets ménagers
est parfois assez élevée.
Dans
cette catégorie, des objets très divers ont été rencontrés dans les fèces
: morceaux de feuilles d'aluminium (emballage de chocolat), gomme à mâcher,
lambeaux de cuir, de gaze, de plastique, reste de côte de porc, papier, «pelures»
de saucisson.
La
Fouine profite en effet des ressources qui lui sont offertes par l'homme (fruits
des vergers, ordures) mais son régime reste dominé par les fruits et les
animaux sauvages. Même en ville, la Fouine n'est donc pas directement dépendante
de l'homme pour sa nourriture.
Dans
le coeur bâti des cités des fouines urbaines leur régime est constitué, en
toutes saisons, de 90 % d'oiseaux environ, ces oiseaux sont, à de rares
exceptions près, toujours des pigeons. Dans les zones de parcs, ceux-ci ne représentent
plus que 30 % des proies, contre 60 % pour les passereaux.
La Fouine fait les poubelles. |
Reptiles,
Batraciens et Poissons figurent aussi au régime mais de manière assez
anecdotique.
Étonnant
aussi est le fait que la Fouine semble, en certaines circonstances, rechercher
les chauves-souris en hibernation. Dans le Limbourg, où existent d'immenses
carrières souterraines de tuffeau, différents chercheurs ont remarqué des
traces d'occupation des galeries par la Fouine (crottes, restes de nourriture
... ) jusqu'à 700 m. des entrées; à de nombreux endroits, ils ont également
observé la présence, sur les parois, de traces de griffures, de glissade et de
saut attestant de tentatives de captures de Chiroptères y séjournant.
Elle
sont capable de capturer des oreillards au vol, ce qui est à rapprocher de la
chasse aux hannetons en plein vol relatée par des auteurs.
La
présence de poils de mouflon, de vache et de mouton ou de Sanglier dans des
excréments attestent de l'exploitation de charognes.
En
chasse
La
Fouine ne pratique ni l'affût ni l'exploration systématique des cavités et
des terriers. Elle découvre une partie de sa nourriture au cours de ses déplacements
quotidiens. La probabilité de rencontrer
une proie est fonction de la distance parcourue, de la densité et de la répartition
spatiale de populations de proies. Une autre partie de la nourriture est
recherchée dans des sites connus de l'animal que celui-ci visite régulièrement
: verger, dortoir de moineaux, voire poulailler ou pigeonnier.
La Fouine au repas. |
Elle
repère ses proies principalement à la vue, parfois à l'odorat, voire à l'ouïe
. La Fouine apprécie alors la taille de la proie, ne la considérant véritablement
comme une proie possible que si elle n'est pas plus grande qu'une poule.
La
vue de la proie déclenche la poursuite sans qu'il y ait de mouvements
d'approche. la proie une fois repérée est approchée en rampant, puis la
Fouine fait le gros dos à la manière des chats, s'approche encore en
sautillant et en rampant, puis fait un bond en direction de la proie.
Il
est possible que ce type d'approche n'apparaisse qu'avec des oiseaux d'une
certaine taille et pas avec des petits mammifères. La mise à mort est
accomplie par une morsure au niveau du cou.
Les
oeufs de petite taille sont mangés sur place tandis que les plus gros sont
transportés, du moins s'ils ne dépassent pas la taille d'un oeuf d'oie
(environ 7,2 cm X 5,5 cm).
Différentes expériences réalisées en captivité ont montré
que le mouvement de la proie est le stimulus déclencheur de la capture.
N'échappent
à sa dent que les proies qui demeurent immobiles, comme par exemple les poules
en train de couver.
La Fouine montre ses dents. |
Les
fouines ne mangent. pas toujours leurs proies sur place mais les transportent au
gîte. Cela ne vaut pas pour les plus petites, < 10 g, qui sont consommées
immédiatement.
Elle
est capable de porter des charges qui atteignent 300 à 400 g. Au-delà de cette
limite, elle se contente de les tirer par la tête sur de courtes distances,
revenant éventuellement exploiter sa prise au cours de nuits successives.
Les
oeufs sont saisis par leur bout «pointu » : la Fouine tend le cou, écarte légèrement
les mâchoires et les referme délicatement pour caler l'objet entre les quatre
canines. Celles-ci ne percent pas nécessairement la coquille et lorsque cela
arrive, la coquille ne se brise pas. Seuls sont visibles quatre petits trous
parfaitement réguliers
Le bébé Fouine. |
Les
fouines mettent ainsi en réserve toutes sortes d'aliments qu'elles consommeront
éventuellement plus tard. mise en
réserve de rats, de souris, d'oeufs. de morceaux de viande, de petits oiseaux.
Les
petites proies sont progressivement ingérées en commençant par la tête ; les
plus grosses sont d'abord attaquées à la tête également, généralement décapitées
puis une ouverture est pratiquée dans la partie haute de la cage thoracique. La
fouine fouille alors l'intérieur et en extrait les viscères qu'elle dévore,
à l'exception de l'estomac. Elle s'intéresse enfin aux muscles et à la peau
en procédant de l'avant vers l'arrière.
Un
oeuf est percé à l'aide des canines et son contenu est lapé. L'orifice est
progressivement agrandi au cours de l'opération.
Avant de manger une pomme, la Fouine arrache toujours le pédoncule. Pour ce faire, elle maintient, au moyen des pattes antérieures, la pomme au sol en bonne position après l'avoir fait rouler si besoin, pince le pédoncule dans les dents et tire. Elle commence à la manger ensuite, un peu à la manière d'un oeuf. Les fruits plus petits sont pris en bouche et mâchés.
-la
Fouine est une espèce polyphage, omnivore, se nourrissant de petits Mammifères,
d'Oiseaux, de Reptiles, de grenouilles, d'oeufs, d'Insectes, de Mollusques, de
lombrics, de miel, de fruits divers ainsi que de déchets alimentaires humains.
A l'occasion, elle se montre même charognarde;
-la Fouine est opportuniste, exploitant les ressources les plus abondantes et les
plus faciles d'accès, de sorte qu'au fil du temps, son régime, globalement généraliste,
apparaît comme le résultat de spécialisations locales et saisonnières.
Les
endroits où se cachent les fouines pendant les périodes de repos sont très
divers : buissons épais, ronciers, arbres, amas de blocs pierreux, crevasses de
rochers, éboulis, vieux murs, terriers de lapin ou de renard, huttes de castor,
tas de bois (fagots, piquets, bois à brûler ... ), gros nids d'oiseaux
(Cigogne, Corvidés ... ), buses d'écoulement des eaux, meules de paille ou de
foin, sous-toitures ou greniers, dépendances plus ou moins abandonnées de
maisons, ruines et mêmes grottes.
Parfois
elles cherchent abri au sol, sous le couvert d'un champ bien dense (maïs,
colza, froment ... )
La
vitesse de déplacement des animaux a été estimée par à une moyenne de 20 à
25 mètres par minute chez les mâles et de 10 à 12 m/min. chez les femelles.
Les pointes observées étaient de l'ordre de 130 à 140 m/min. (environ 8
km/h). La longueur moyenne des déplacements effectués en une nuit a été évaluée
par à 10 à 14 km.
Les
capacités de retour au gîte semblent bien développées si l'on en juge par
l'exemple de deux mâles danois déplacés, l'un deux fois à une distance de 30
km, l'autre une fois à 22 km et qui ont été recapturés ou trouvés morts
dans un laps de temps très bref à l'endroit même ou à proximité du lieu de
leur capture.
RELATIONS ENTRE INDIVIDUS.
Les
comportements de marquage décrits sont de plusieurs types :
-
l'animal se frotte l'arrière-train par terre (sol nu) ou sur un objet
(anal drag).
-
le dépôt de fèces a également, dans certaines circonstances, valeur de
signal.
Comme
chez la Martre, le mâle, effectuant une sorte de «garde aux frontières », fréquente
plus la périphérie de son domaine que la femelle qui utilise surtout le
centre. Les limites des domaines sont régulièrement balisées, notamment en été,
au moyen des sécrétions des glandes anales. Les fèces en revanche, ne sont
pas associées aux limites du domaine.
la
Fouine peut se baigner: elle trempe toute la partie antérieure du corps sans se
mouiller les pattes postérieures qui, toujours, restent hors de l'eau. Après
le bain, l'animal développe un comportement de «reptation de toilettage» et
peut revenir se baigner une nouvelle fois.
La
baignade apparaît comme étant un comportement au service de la thermorégulation.
Elle n'a lieu qu'après un échauffement musculaire important ou à des températures
supérieures à 25'C.
DYNAMIQUE DES POPULATIONS
1. Densité.
Les
estimations de la densité en milieu rural seraient à environ un individu/km'
. La densité doit évidemment varier, notamment en fonction des
ressources, tant en nourriture qu'en gîtes, et du comportement social de l'espèce
(territorialité).
La Fouine observe. |
2.
Sex-ratio
La
sex-ratio à la naissance penche en faveur des mâles (1,2 mâles pour
une femelle).
3.
Fécondité
Toutes
les femelles adultes ne se reproduisent pas chaque année, le
nombre de jeunes par portée varie de un à sept, le plus fréquent étant
trois.
4. Structure d'âge et mortalité.
Les
informations précises sur ce point sont peu nombreuses chez la Fouine et l'on a
que très peu de renseignements sur la longévité de l'espèce, dix à douze
ans dans la nature. La longévité maximale observée est de treize ans.
Les causes de mortalité sont multiples et leur importance respective varie évidemment en fonction des populations considérées. L'observation privilégie en effet les causes accidentelles de mortalité (tir, amyloïdose, maladie de Carré).
a)
Virus
Les
deux maladies à virus les plus fréquemment rencontrées chez la Fouine sont la
maladie de Carré et la rage, qui toutes deux se traduisent par' une encéphalite
généralement mortelle.
La
rage chez la Fouine se caractérise généralement par un comportement agressif
vis-à-vis des animaux domestiques, voire même de l'Homme, par la
perte de toute méfiance ou par des troubles moteurs graves. Comme chez le
Renard, l'évolution est inexorable, la Fouine ne joue aucun rôle dans l'épidémiologie
de la maladie: elle en est la victime et non le vecteur.
b)
Bactéries
Au
nombre des infections bactériennes, des phlegmons, ces infections se sont développées
sur des blessures qui ont sans doute été infligées aux animaux au cours de
combats avec des congénères ou lors de la copulation. Leur localisation à la
zone du cou le laisse en tout cas penser.
c)
Protozoaires
Au
rang des maladies parasitaires qui affectent la Fouine, la toxoplasmose est
incontestablement la plus répandue. La fréquence de la toxoplasmose chez la
Fouine est assez élevée.
Une
autre maladie à sporozoaires a été mise en évidence chez la Fouine : la
theilériose, qui affecte surtout les bovins.
Il
n'est pas rare que les fouines soient infestées de vers parasites : Cestodes,
Trématodes ou Nématodes. Les conséquences pathologiques de leur présence
sont généralement considérées comme minimes.
La
Fouine peut héberger de nombreuses espèces de Siphonaptères mais elle n'a,
semble-t-il, que deux puces tout à fait spécifiques. Il
arrive aussi fréquemment que des fouines soient parasitées par des puces qui
leur sont vraisemblablement communiquées par leurs proies ou lors de leur séjour
dans des gîtes occupés par d'autres Mammifères.
Maladies et prédateurs
Une des maladies apparemment fréquente chez la Fouine est l'amyloïdose. Les symptômes de cette affection se rapprochent étrangement de ceux de la rage. Certains animaux présumés enragés sur base de manifestations comportementales anormales (agressivité, paralysie partielle ... ) se sont, en fait, avérés indemnes de rage mais gravement atteints par l'amyloïdose C'est une maladie évolutive qui se caractérise par le dépôt extracellulaire d'une protéine fibrillaire d'une nature chimique proche de celle que l'on trouve chez le Vison.
Les
toxiques auxquels la Fouine peut être exposée sont nombreux mais la source de
contamination majeure est l'alimentation. Nous distinguerons deux types
d'intoxication, l'intoxication aiguë, aboutissant à la mort de l'animal et
l'intoxication chronique par différentes substances susceptibles d'être
bioaccumulées.
La Fouine jolie. |
Il
est permis de se demander si différentes substances chimiques utilisées dans
la lutte contre les rongeurs, poisons ou anticoagulants, peuvent provoquer des
troubles, voire la mort, par intoxication secondaire.
Il
semble que le phosphure de zinc et la bromadiolone demeurent sans effet aux
doses habituellement utilisées dans la lutte contre les Rongeurs.
Cette absence de toxicité secondaire pourrait être due au fait que ces substances dont le métabolisme est assez lent, n'auraient pas le temps d'être absorbées par la muqueuse intestinale en quantités suffisantes. Le transit digestif est en effet très rapide chez les Mustélidés : de l'ordre de deux heures chez Mustela vison.
Il
n'en demeure pas moins que des fouines peuvent être victimes d'intoxications
graves : il a pu être mis en évidence la présence, dans l'estomac des animaux
examinés, de grains enrobés associés à des restes d'oiseaux et de rongeurs.
Le
poison, un rodenticide, est très
vite métabolisé. Quinze à quarante minutes après ingestion, il provoque des
crampes très fortes puis la mort.
En
dehors de ces cas d'intoxications secondaires, accidentelles en quelque sorte,
les fouines peuvent être victimes de gobes empoisonnés (Strychnine, aldicarbe)
distribués à leur intention par certains gardes-chasse, agissant éventuellement
en toute illégalité.
Évolution des populations
1.
La Fouine indésirable pour l'Homme
?
Vivant
dans les villes, les villages, logeant dans les greniers, les fenils ou les étables
et se nourrissant en partie aux dépens de l'Homme et de ses élevages, la
Fouine pose certains problèmes de cohabitation. Mais l'Homme, par son
comportement en matière de gestion des déchets ménagers, ne lui
fournit-il pas, au coeur même des zones habitées, des ressources
alimentaires variées, abondantes et faciles à obtenir ?
a)
Dérangements
Généralement,
la Fouine est discrète et ses moeurs nocturnes font que sa présence peut
facilement passer inaperçue aux yeux des occupants humains. A l'époque du rut
ou au moment où les jeunes commencent à quitter le nid, les animaux deviennent
toutefois plus encombrants. Il n'est pas rare que des gens soient réveillés en
pleine nuit par leurs sarabandes ponctuées de cris aigus. Ces chahuts
nocturnes, on le comprend, sont mal supportés et c'est alors que les victimes
sont amenées à réagir. Parfois, ce sont les mauvaises odeurs (urines, fèces,
restes de nourriture) qui déclenchent les tentatives d'expulsion ou de
destruction.
b)
Dégâts aux objets
De
gros dégâts provoqués par les fouines ont été maintes fois constatés à
des véhicules automobiles à tel point que les assurances et les firmes de
construction automobile ont financé des enquêtes scientifiques.
En
Suisse, en Autriche et dans le sud de l'Allemagne fédérale (sud d'une ligne
Coblence/Cobourg), 95 % des dégâts sur véhicules dus à des animaux
ont été imputés à des fouines
Mille
cas ont été recensés en 1983 en Suisse!
La Fouine en vigie. |
Toutes
les parties non métalliques sont susceptibles d'être endommagées : gaines du
chauffage, isolants des câbles électriques, protections des boîtes de
direction et de transmission... Le taux de déprédation est particulièrement
élevé sur les matériaux au silicone à l'éthylène/propylène ou au
chloroprène. Le PVC est, en revanche, rarement attaqué.
Les raisons pour lesquelles les fouines s'en prennent . ainsi aux voitures ne sont pas connues. Peut-être sont-elles attirées par le confort thermique offert près d'un bloc moteur qui ne se refroidit que lentement.
En
dehors de la zone géographique mentionnée, de pareils dégâts sont rarement
rapportés. Néanmoins, le phénomène semble se répandre, notamment vers le
Nord et sa fréquence, dans la zone où il a fait son apparition, augmente. On est
parvenu à montrer l'influence d'un apprentissage précoce dans le choix de
certaines structures spatiales chez la Fouine. Il est donc probable que le
compartiment moteur des voitures soit apprécié par les fouines et que les
adultes transmettent, par la voie de l'exemple, cette préférence à leur progéniture.
Si,
dans les maisons, la Fouine est mal supportée par l'homme ce n'est pas
seulement à cause du bruit ou des mauvaises odeurs mais aussi en raison des
dommages qu'elle cause aux matériaux d'isolation. Il arrive aussi que les
fouines s'installent dans les toits de chaume de certaines habitations, y aménageant
galeries et sites de repos. Les dégâts sont alors considérables.
c) Dégâts aux élevages
Dans
le monde rural, la Fouine a mauvaise réputation pourtant, son impact n'est pas
particulièrement catastrophique, comme l'a révélé une enquête en Alsace
auprès de 182 personnes représentant la totalité des éleveurs de trois
villages.
En
cinq ans, 20 des 96 élevages recensés ont reçu la visite de fouines et 135
animaux (64 poules, 50 pigeons, 12 canards et 9 lapins) ont été enlevés ou tués,
soit moins d'un animal par mois et par village. La consommation annuelle d'oeufs
a été estimée à 2.842 unités. Le prélèvement de fruits, inférieur à 1 %
de la production, n'a pas été pris en compte car il est nettement inférieur
à la fraction habituellement non récoltée par les propriétaires.
d)
Des solutions ?
Différents
systèmes de prévention ou d'effarouchement ont été testés au Danemark pour
tenter de réduire les nuisances dues aux fouines. Il s'avère, mais ce ne sont
pas des conclusions définitives, que la lumière, le bruit ou des odeurs n'ont
pas d'effet particulier sur la Fouine. Les générateurs d'ultrasons ou la
diffusion d'enregistrements de cris de terreur ou d'attaque ne paraissent pas
plus efficaces.
Notre
expérience en la matière est un peu différente. Il arrive fréquemment qu'à
Liège, des personnes se plaignent de fouines. Sans vouloir nuire aux animaux
qui, en Belgique, ne sont pas chassables, elles souhaitent néanmoins en être débarrassées.
Nous leur proposons de repérer les endroits d'accès aux sous-toitures
ou aux greniers et les engageons à y disposer des boules de paradichlorobenzène
(naphtaline). Il semble que ce composé aromatique ait un bon pouvoir dissuasif,
sauf lorsqu'il y a des petits.
2.
L'Homme : menace pour la Fouine
Le piégeage et la chasse.
350.000
peaux de Fouine furent présentées sur les marchés européens de la fourrure
en 1907/1909, soit deux fois plus que de dépouilles de Martre. Ces chiffres
illustrent bien l'importance, à l'époque, du commerce de ce type de fourrure.
Même
si, en Europe occidentale le marché de la fourrure se détourne petit-à-petit
des Mustélidés sauvages, la chasse et le piégeage des fouines sont encore
bien souvent encouragés, particulièrement par les chasseurs qui considèrent
cet animal comme indésirable en raison de dégâts qu'il occasionnerait au «gibier».
Naguère, c'était aussi le fait des autorités responsables de la lutte
antirabique parce que la Fouine était soupçonnée, à tort, de propager la
rage.
Certains
pays ont toutefois adopté des mesures visant à protéger l'espèce:
restriction de la période de chasse au Danemark, au Luxembourg, en RFA, en
Suisse, au Liechtenstein; fermeture de la chasse en Belgique ; protection totale
aux Pays-Bas et en Italie...
Malgré
l'apparente protection que confère la fermeture de la chasse pendant une
certaine période de l'année, les prélèvements sont parfois considérables :
plus de 50.000 exemplaires tués en RFA au cours de la saison 1983/84, soit 0,21
individus/km2 , environ 6.000/an de 1980 à 1983, soit 0,14 individus/km2 au
Danemark.
Les Fouines perchées. |
Cette
pression est presqu'aussi élevée qu'en Allemagne de l'Est où le chasseurs
sont vivement encouragés à chasser les fouines, environ 37.500 exemplaires
abattus en 1985, soit 0,35 individus/km'.. et ces effectifs sont en augmentation
chaque année.
En
tout état de cause, la régulation naturelle des populations de fouines paraît
assurée par leur système territorial. Une gestion pourrait se comprendre dans
la mesure où la fouine, par ses effectifs en augmentation et par l'accentuation
de son anthropophilie, se rend responsable de dégâts et de désagréments
parfois insupportables. A notre avis, il demeure toutefois malsain d'en
autoriser la chasse pour le seul plaisir des adeptes de cette activité.
Réalisée le 17 novembre 2003 | André Cochet |
Mise ur le Web le novembre 2003 |
Christian Flages |
Mise à jour le |
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