à PRECHAC. | ||
Texte de M. Jean Bernard MARQUETTE. | ||
Léo DROUYN. | ||
Les albums de dessins. | ||
Volume 6. | ||
Editions de l'Entre Deux Mers. CLEM/AHB. |
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Sommaire: | ||
Château de Cazeneuve | ||
Les clottes. | ||
La Lagune de Lombric. | ||
St Pierre es Liens. | ||
La Travette. | ||
La Trave. | ||
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Château de Cazeneuve
Lorsqu'elle apparaît dans les textes au début du XIVè siècle, la seigneurie de Cazeneuve appartient à la famille d'Albret : elle s'étendait alors sur les paroisses d'Insos, Préchac et Cazalis.
C'est le 14 août 1250 qu'il est pour la première fois fait mention du château de Cazeneuve.
Or
dès la première moitié de ce siècle, sinon plus tôt, le château fut accosté
d'un bourg, des burgenses sont attestés en 1241, qui fut entouré d'une
puissante muraille au plus tard au milieu du XIVe siècle.
Il existait à l'intérieur de l'enceinte des tours de chevaliers vassaux des Albret. Dans la première moitié du XVe siècle, Charles II se qualifiait ainsi de "seigneur de la ville et du château de Gazeneuve".
La désertion du village, qui avait peut-être commencé dès la fin du XVe siècle, une fois la paix revenue, s'acheva au cours des guerres de Religion.
En 1693, il n'est plus question que des "chasteau, autrefois ville, tours, fossés, basse-cour".
En 1595, Henri IV céda définitivement Cazeneuve à R. de Viçose.
La seigneurie et le château passèrent ensuite par mariages successifs aux Caumont, aux Rochefort-Thébon, puis aux Ports Saint Maurice, aux Dubois de La Mothe, enfin aux de Sabran.
Ce sont les Viçose qui sans aucun doute procédèrent dans le premier tiers du XVIIe siècle, à la reconstruction du château qui avait dû souffrir autant du manque d'entretien que des vicissitudes du temps, mais les travaux se poursuivirent tout au long du XVIIe siècle.
Cazeneuve en 2001 |
Le site de Cazeneuve est pourtant l'un des plus beaux de ceux qui bordent le Ciron : un banc de rochers, taillé à pic sur la rive gauche de la rivière à sa confluence avec le ruisseau de Honburens, constituait un site idéal pour l'aménagement d'un réduit défensif.
Trois châteaux se sont succédé sur une assiette de 230 m de long pour 135 m de large au plus. (voir dessin).
La première forteresse qui n'a été que partiellement oblitérée par les constructions ultérieures est encore parfaitement reconnaissable.
C'est un tertre de plan grossièrement circulaire en forme de tronc de cône au sommet plat, de 10 m de haut pour un diamètre de 30 m à la base.
Des
lices le séparent du cours du Ciron et de celui du Honburens, mais il est
probable qu'à l'origine la base de la motte baignait en partie dans l'eau.
Cette motte paraît bien résulter pour l'essentiel de l'aménagement de la
pointe de l'éperon, les seuls apports de terre provenant du creusement d'une
large coupure en forme de cavalier conservée encore dans la cour intérieure du
château. Une basse-cour devait se développer
en avant de la motte, mais il n'en reste pas de traces apparentes.
Au cours des premières années du XIVe siècle, Amanieu VII d'Albret fit reconstruire ce premier château. Nous pensons que la nouvelle construction, en pierre cette fois, devait affecter la forme d'un polygone régulier dont le plan fût repris an XVIIe siècle mais en incluant probablement la motte.
Plan 2001 |
La présence au sommet de cette motte d'un bloc de maçonnerie de cinq mètres d'épaisseur, appartenant à une tour, pose un problème: Léo Drouyn estimait que ce bloc n'avait pu être détaché que par une explosion. Mais on ne voit guère dans quelles circonstances la destruction du château aurait pu avoir lieu. En tout cas l'ampleur des restaurations du XVIIe siècle prouve que les bâtiments médiévaux n'étaient plus habitables.
Au nord-ouest, la courtine longeant le Honburens, épaisse de 2,60 m, percée d'une poterne en arc brisé s'achevait, semble-t-il, par une tour carrée (P). Mais on voit encore, légèrement en saillie sur l'escarpe du fossé méridional, la base d'une tour ronde.
Au nord, comme aujourd'hui, la courtine devait être parallèle au cours du Ciron et les murs actuels reposent sur des fondations médiévales. Enfin, le cavalier du premier château ayant été conservé, on y accède directement depuis la poterne.
Un escalier droit permet de descendre au fond d'un puits dont la margelle se trouve dans la cour supérieure.
Les bâtiments du XVIIe siècle dont les deux étages se développent du nord-est au sud-est devaient être, à l'origine, couverts d'un toit, différent de celui visible aujourd'hui, dont il ne reste que les lucarnes à pignons alternés triangulaires on cintrés.
Si des parties anciennes ont été intégrées à l'aile qui borde le Ciron, le corps de logis du sud, encadré de pavillons, de même que le portail d'entrée ou les dépendances adossées à la courtine nord sont des constructions qui ne datent que de l'époque moderne.
En avant du château s'élevait encore au milieu du siècle dernier une enceinte polygonale de 280 m environ, protégeant la "ville" dont la superficie était d'environ 1,5 ha.
En avril 1862, d'après le témoignage de Léo Drouyn, la muraille était en partie démolie surtout à l'est, "mutilée partout par des brèches" ; il n'en reste aujourd'hui que deux pans.
Parementée sur ses deux faces, mais sans meurtrières, cette muraille de 6 m de haut environ se raccordait mal du côté de l'est au château moderne. Les restaurateurs du XVIIe siècle avaient en effet conservé le fossé qui protégeait le château médiéval, aménageant une terrasse le long des bâtiments et bâtissant la contrescarpe.
Un
pont permet d'accéder dans la cour intérieure.
Du côté opposé, la porte de la ville était
protégée par une barbacane dont les
restes venaient de disparaître lors de la seconde visite de Léo Drouyn.
Partant,
à l'ouest, des lices du château, un vaste fossé auquel se raccordait celui de la barbacane entourait la muraille de
la ville. Mais il est probable qu'avant la construction de ce mur au début du
XIVe siècle, le bourg de Cazeneuve s'étendait sur une grande partie de la
prairie qui se trouve au nord-est du château.
LES CLOTTES.
Au cours de l'un de ses passages à Préchac, Léo Drouyn avait été informé de l'existence, à l'est du bourg, sur la rive gauche du Ciron et celle d'un petit ruisseau affluent, d'un ensemble de cavités, plus d'une douzaine, appelées "clottes".
Distantes les unes des autres de 8 à 60 m, parfois jumelles, profondes de 1 à 10 m pour un diamètre de 5 à 35 m, ces «Clottes» correspondaient pour Léo Drouyn à «des emplacements d'habitations gauloises».
La chose était pour lui «évidente». Il se référait, pour fonder cette identification, à un article de 1833 paru dans les Mémoires de la Société des antiquaires et à deux articles publiés dans le Magasin pittoresque.
Il s'agit de sa part d'une erreur : en effet les clottes, dont la coupe en profondeur ressemble à un cône renversé, ne sont pas comme le croyait Léo Drouyn creusées dans le sable, dans ce cas elles se seraient naturellement comblées, mais dans le calcaire sous-jacent.
Léo Drouyn avait cependant remarqué que le sable qui, selon lui, aurait été retiré de ces cavités avait, dû être porté à une assez grande distance car on ne voit dans les environs aucun monticule.
Sous réserve d'un enquête qui reste à faire nous serions assez tenté de voir dans ces clottes, soit d'anciennes carrières, soit des cavités naturelles.
Léo
Drouyn avait aussi aperçu sur la rive droite du ruisseau une enceinte ovale (30
x 50 m) dans laquelle il avait vu une "forteresse", en relation dans
son esprit avec les «clottes». Le site a jusqu'à ce jour échappé à nos
recherches : il existe par contre à l'emplacement indiqué une petite dune
fossile.
La LAGUNE de LOMBRIC.
A 1500 m au sud des clottes, Léo Drouyn se rendit sur le site d'une lagune de 200 m sur 80 m "si profonde qu'on n'en a jamais pu trouver le fond", précédée et suivie de cavités qui pourraient bien être naturelles.
Il rapporte aussi une légende qu'on raconte dans le pays : Autrefois un bouvier s'était attardé la nuit de Noël dans une auberge, il partit un peu avant minuit pour se rendre, chez lui.
Il était obligé de passer près du Lombric lorsqu'il en fut à quelque distance il aperçut devant ses boeufs sautiller une petite lumière et malgré tous ses efforts, ses boeufs, la charrette et lui furent entraînés par cette lumière dans le gouffre où il s'engloutit lui sa charrette et ses bœufs juste an moment où minuit sonnait à l'horloge voisine.
Depuis ce temps tous les ans, la nuit de Noël, à minuit, on voit sur le Lombric voltiger de petites lumières, on entend le bouvier siffler trois fois, une cloche tinter trois fois (probablement les clochettes pendues au cou des boeufs) et les boeufs mugir trois fois, puis tout rentre dans le silence et l'obscurité.
Personne,
dans les environs, n'oserait aller, cette nuit là, voir ce qui se passe près
de la lagune.
Le
terme de "lagune" est tout à fait impropre.
Eglise Saint PIERRE es Liens.
C'est à Léo Drouyn que l'on doit la première étude sur l'église Saint Pierre es Liens de Préchac, près de quarante années avant qu'Auguste Brutails ne lui accorde une bonne place dans ses Vieilles églises du département de la Gironde.
Léo Drouyn lui a consacré dans ses Notes huit pages de commentaires et dix huit dessins à l'encre, reproduits pour la plupart dans un article du Bulletin monumental. De toutes les églises rurales du Bazadais c'est avec celle d'Aillas celle qui a retenu le plus son attention.
L'église ouvrait naguère sur la limite occidentale d'un vaste cimetière de 100 m du nord au sud pour 70 de l'est à l'ouest correspondant en gros à la place du village actuel.
Lorsque Léo Drouyn visita Préchac en avril 1856 on procédait alors au nivellement du cimetière établi, on le sait aujourd'hui, sur une nécropole du haut Moyen Age succédant à un établissement antique.
L'église, naguère précédée d'un porche, possède quatre vaisseaux, le vaisseau principal s'achevant par un arc triomphal ouvrant sur une abside en hémicycle, les vaisseaux latéraux sur une absidiole ; il existe enfin, au nord, un second bas-côté à chevet plat. Un clocher-mur surmonte le portail occidental. L'ensemble mesure 58 m de long pour 28 m de large.
Le vaisseau central, lambrissé en 1856, présente trois travées d'inégale longueur scandées par deux paires de piliers, mais il a dû en posséder quatre.
La travée de l'ouest correspond à la base d'une ancienne tour porche : les arcs qui la séparent des bas-côtés sont modernes et l'arc transversal n'est pas un doubleau.
La seconde travée est séparée des bas-côtés par des arcs plein cintre à double rouleau, la troisième, en avant de l'abside, par deux grands arcs brisés dont la section présente un bandeau encadré de deux gorges (7,80 ru d'ouverture). Côté ouest, ces arcs retombent sur un pilier, du côté opposé sur des pilastres.
L'abside centrale, rétrécie par un arc triomphal très élevé en cintre surbaissé, est voûtée en cul-de-four et décorée d'une arcature prenant appui sur un bahut dont la base se relève du nord au sud.
En
1856 les bases des colonnettes étaient enfouies à la suite d'un exhaussement
du sol du choeur. Les dix arcs en plein cintre retombent sur onze colonnettes
adossées, surmontées de chapiteaux aux tailloirs lisses et aux corbeilles décorées.
L'abside
est éclairée par trois fenêtres, celle du centre, qui ouvre à l'extérieur
dans un contrefort d'axe est encadrée sur les deux faces par une arcade
retombant sur des chapiteaux décorés.
Les absidioles des vaisseaux latéraux sont éclairées par une fenêtre d'axe, le bas-côté sud par quatre fenêtres en arc brisé et une cinquième à l'ouest.
Le
troisième bas-côté, au nord, plus large que les précédents, éclairé par
quatre baies en arc brisé et un oculus est séparé de celui qui le précède
par quatre arcs brisés retombant sur des piliers octogonaux ; lorsque Léo
Drouyn visita l'église, les quatre travées n'avaient conservé, de leurs voûtes
d'ogives que les formerets et les arrachements des arcs doubleaux ; un arc
doubleau sépare la seconde et la troisième travée.
Le
portail principal ouvre sous une voussure de trois tores séparés par des
gorges se profilant sur une banquette. Le clocher, en forte saillie par rapport
au mur de façade, présente trois étrécissements ; le dernier, au niveau des
baies des cloches, a permis l'établissement d'une bretèche sur consoles.
Trois
autres baies ont été percées dans le gâble du pignon. On accède aux cloches
par un escalier en vis logé dans une tourelle flanquant le clocher, au nord.
Le
bas-côté nord, précédé d'un porche en 1856, est étayé par cinq
contreforts à chaperons et soubassements.
L'abside centrale parementée en moyen appareil régulier présente deux niveaux fortement contrastés. Sur les deux tiers de sa hauteur elle est décorée d'un contrefort d'axe percé par une baie en plein cintre dont l'arc d'extrados retombe sur des colonnettes aux chapiteaux décorés.
Ce contrefort est encadré de chaque côté par une arcature dont les quatre arcs retombent sur des colonnes engagées dont les chapiteaux décorés sont les plus intéressants de l'édifice.
Au-dessus
de la corniche qui surmonte les arcatures le mur est lisse comme celui des
absidioles ; les lits de la partie supérieure centrale et ceux des absidioles
qui ne présentent de leur côté aucune reprise correspondent. Il semblerait
donc que les absidioles aient été construites en même temps qu'on surélevait
l'abside centrale.
L'église de Préchac est un édifice complexe juxtaposant un important noyau roman, le vaisseau principal et les trois absides, mis en place en deux ou trois campagnes ; des compléments s'échelonnant du XIVe siècle au début du XVIe siècle, le clocher-mur plaqué, les bas-côtés, le second bas-côté nord, les grands arcs séparant la nef des bas-côtés, sans compter les «restaurations» du XIXe siècle.
Mais,
comme l'a révélé la fouille du sanctuaire, il est probable que les parties
les plus anciennes aujourd'hui visibles ont été édifiées sur l'emplacement
d'une église préromane.
LA TRAVETTE.
C'est le nom donné à une petite maison forte située 750 m en amont de La Trave sur la rive gauche du Ciron, à quelques dizaines de mètres de la rivière.
A cet endroit, celle-ci fait un coude prononcé tandis que les gorges s'élargissent et s'abaissent facilitant le passage d'une rive à l'autre. On ignore dans quelles circonstances cette maison fut édifiée et le nom de ceux qui l'ont possédée ou bien y ont résidé.
Compte
tenu de la date probable de sa construction, le XIVe siècle, il est probable
qu'elle a appartenu à des vassaux des Albret, peut-être des Preissac.
C'est un bâtiment en forme de tour de 20 m de côté environ à deux étages, couronné de mâchicoulis portant un chemin de ronde audessus des murs, épais de 1,25 m.
Un
mur de refend partage l'édifice en deux parties à peu près égales. il
subsiste de cette maison : une partie du mur nord, une autre du mur ouest percé
de deux meurtrières, une partie du mur sud, une autre du mur de refend, avec, côté
nord, au-dessus d'un niveau de corbeaux qui portaient le plancher du premier étage,
une porte en arc brisé, une armoire et une cheminée, et côté sud, une autre
cheminée.
LA TRAVE.
L'histoire de la maison forte de la Trave, située dans la juridiction de Cazeneuve est liée à celle de la famille de Preissac dont les chefs portaient le titre de Soudan de la Trau.
L'édifice, dont on peut encore voir aujourd'hui les ruines, aurait été construit par Arnaud Bernard de Preyssac, beau-frère de Clément V.
Les Soudans font hommage au sire d'Albret pour leur maison de la Trau en 1304 et 1326 et participent activement dans le camp anglais aux principales expéditions et batailles de la guerre de Cent Ans.
La seigneurie passe aux Montferrand à l'occasion du mariage d'Isabelle de Preissac et de Bertrand de Montferrand. Leur fils Pierre qui avait rejoint le camp français en 1450, à l'occasion de la prise de Blaye par Dunois, repassa dans celui des Anglais en 1452 ; exilé par Charles VII après la bataille de Castillon, il commit l'erreur de revenir en France, fut condamné à mort et exécuté (juillet1454).
Les historiens sont en désaccord sur la date de la destruction par la mine de la maison de La Trave, certains la mettant en relation avec la condamnation de Pierre de Montferrand, d'autres y voyant la main des Huguenots voulant se venger des mesures sévères prises en 1572 à leur encontre par le président du parlement de Bordeaux, un Montferrand.
Restée dans les mains de cette famille au moins jusqu'en 1686, La Trave passa aux Rochefort-Théobon qui l'apportèrent par mariage aux de Ports en même temps que Cazeneuve.
La description que Léo Drouyn a faite du site de La Trave reste aujourd'hui le meilleur guide pour comprendre la manière dont s'articulent les ruines.
La maison forte s'appuie sur cent mètres de long à la berge escarpée de la rive gauche du Ciron qui domine à cet endroit de 8 à 10 m le cours de la rivière.
Elle se compose de la maison proprement dite et d'une bassecour, enveloppées d'un fossé commun qui, à chaque extrémité, débouche sur la rivière ; mais un second fossé perpendiculaire au Ciron sépare la basse-cour de la maison.
La basse-cour (40 x 30 m), appuyée aux tours d'angle de la courtine nord-ouest de la maison, était protégée par une courtine polygonale percée au sud-ouest de dix-neuf meurtrières aux archères cruciformes. La porte en saillie sur le fossé a disparu.
La maison (40 x 26 m) se présente sous forme d'un quadrilatère renforcé aux angles par des tours carrées disposées en diagonale pour trois d'entre elles, celle du nord extérieure aux courtines bloquant le fossé qui sépare la basse-cour de la maison.
Il ne reste de cet ensemble que la courtine nord-ouest côté basse-cour, les fondements de la tour-porte, la courtine sud-ouest, les fondations de la tour sud.
A l'intérieur de ce périmètre on peut encore apercevoir, dans le prolongement de la tourporte, le rez-de-chaussée couvert d'une voûte en cintre bombé d'une seconde tour, puis un couloir, dont le mur sud-ouest est percé de meurtrières tournées vers une cour, débouchant sur un escalier rampant qui devait permettre d'accéder au premier étage du donjon.
De plan carré (10 m de côté) avec des murs de 2 m d'épaisseur, le donjon se rattachait aux courtines du sud-ouest et du sudest ; probablement était-il séparé du mur par un étroit passage.
Les murs de ce donjon, détruits par la mine, gisent à plat à l'exception de celui du nord-est (7 à 8 m de long, 2 m d'épaisseur, contenant l'escalier en vis permettant de descendre du premier au rez-de-chaussée, initialement en A C, appuyé aujourd'hui au mur du couloir d'entrée.
En
l'absence de fouilles, on ne connaît que fort mal le plan de cette maison. Mais
La Trave pose bien d'autres problèmes aux historiens, en particulier celui de
la date de construction des restes aujourd'hui visibles et de l'existence
probable d'une première résidence, celui aussi du franchissement du Ciron et
de l'établissement d'un moulin.
Les ruines de La Trave ont inspiré Léo Drouyn qui en a parlé avec émotion à la fin de la notice qu'il venait de leur consacrer :
"Je ne connais pas de ruines qui portent plus à la mélancolie que celles de La Trave.
Ces
fossés presque entièrement comblés, ces murs renversés par la vengeance ou
le fanatisme et gisant pêle-mêle sous les ronces, les arbustes et les
buissons, navrent le coeur.
Le
silence n'y est troublé que par le murmure du Ciron et le bruit fantastique des
martinets d'une forge se mêlant dans l'hiver au bruissement du vent dans les
feuilles des pins, qui rappelle celui des vagues de la mer; dans le printemps,
au chant mélancolique du rossignol, et dans l'été an cri strident des cigales.
Lorsque
j'ai visité le château de la Trave, c'était par une belle journée d'hiver,
les arbres n'avaient pas une feuille, le lierre couvrait de ses couleurs tranchées
les murs gris de la ruine qu'une brume transparente enveloppait.
Je
craignais une de ces journées sombres et tristes qui laissent aux objets leur
couleur locale, mais ne produisent aucun effet saisissant, lorsqu'une légère
brise ayant peu à peu dissipé les nuages, le soleil se montra d'abord timide,
puis plus brillant, à travers le brouillard; alors les sommets des murs, toutes
les aspérités du sol, tous les brins d'herbe et de mousse humectés de rosée,
caressés par les rayons obliques de l'astre, parurent se métamorphoser en
paillettes d'or et en poussière de pierres précieuses.
Réalisée le 20 août 2002 | André Cochet |
Mise sur le Web septembre 2002 |
Christian Flages |