La vallée du Ciron :

 une histoire riche.

 

Document récent, ni daté ni signé.

Archives: Francis LAFONT.

Retour au répertoire.

 

La vallée du Ciron :  une histoire riche.

 

Les hommes ont de tout temps vécu sur le long du Ciron. C'est un affluent de la rive gauche de la Garonne dont le confluent se situe sur la commune de Barsac, à 35 km en amont de Bordeaux (33).

Il prend sa source au coeur du massif landais sur la commune de Lubbon (40).

La vallée et ses abords sont assez riches en vestiges préhistoriques et protohistoriques.

Les sites paléolithiques connus sont peu nombreux. Dans le secteur de la Haute Lande girondine, des éclats d'outils en silex ont été retrouvés vers Noaillan et Préchac.

Le mésolithique n'est représenté qu'en aval du Ciron. Plus nombreux sont les sites néolithiques. Ils sont eux aussi pour la plupart regroupés en aval, mais en Haute Lande, des grottes occupées à cette époque sont connues vers Pompéjac et Uzeste, et des fragments de poteries, des haches en pierre polie, ont été mis au jour dans les communes de Noaillan et de Saint Léger de Balson.

L'âge du fer a livré de nombreux tumuli renfermant du mobilier funéraire : urnes cinéraires, armes... Ces sépultures sont regroupées au sud-ouest du canton de Bazas. Aucun tumulus n'est connu dans le canton de Villandraut. Le musée de ce bourg conserve cependant des objets découverts dans les tumuli d'une commune voisine, Marimbault.

Les quelques vestiges de l'époque gallo‑romaine, dont une bonne part réside dans l'origine du nom de nombreux lieux-dits, ne donnent qu'une piètre idée de la richesse de cette époque.

Le Ciron n'a pas toujours été une rivière d'aspect sauvage, dissimulée sous l'épaisse végétation de la ripisylve. Durant plusieurs siècles, il a été une voie de communication et une source d'énergie importante pour la région. En effet, le cours d'eau est long, 98 km, très sinueux dans sa partie amont et possède une pente moyenne de 1,5 %.

Le Ciron a longtemps été aussi un axe de vie dont les populations utilisaient l'eau pour les besoins domestiques et agricoles.

Le bassin versant s'étend sur 1.315 km2 et recouvre tout ou partie du territoire de 59 communes situées dans les départements des Landes, du Lot et Garonne et de la Gironde.

Cependant, la plus grande partie, qui représente environ 1.100 km2, se situe en Gironde. Il est allongé et étroit (rectangle équivalent d'une de longueur 83 km et d'une largeur de 16 km).

Les affluents sont nombreux et divisés ; les plus importants sont le ruisseau du Barthos, situé en rive droite (108 km2), le Thus (105 km2), la Gouaneyre (122 km2) et la Hure (214 km2) situés en rive gauche.

A partir du XIIème siècle, la noblesse et le clergé, qui possédaient le droit d'usage de l'eau, établirent de nombreux moulins. La force de l'eau entraînait les meules qui écrasaient le blé pour produire la farine.

Durant le XIVe siècle, de grands chantiers virent le jour avec la construction des châteaux de Villandraut (par Bertrand de Goth, alias Clément V en 1305), de Roquetaille, de Budos, de la Trave... et avec la réfection de l'église d'Uzeste.

 Les matériaux étaient acheminés par petites barques et surtout par radeaux sur le Ciron. Mais on transportait aussi sur la rivière de quoi détruire ces mêmes monuments, comme, au XVe siècle, la grande bombarde destinée à assiéger le château de Budos...

 Au XIXe siècle, avec l'essor industriel, certains moulins furent convertis en papeteries et en forges. Durant la même période et jusqu'au début du XXe, le flottage du bois a été pratiqué sur la partie domaniale du Ciron, de l'aval du barrage de la Trave à Préchac jusqu'à son embouchure; le cours d'eau en amont de ce barrage appartient au domaine privé.

Des dispositifs appropriés, nommés " passe-lit ", permettaient de franchir les cinq barrages qui jalonnaient la rivière. Le bois abattu en forêt était rassemblé en radeaux que le courant entraînait. Il était ensuite exporté comme poteaux de mine, par bateaux, via Bordeaux.

En 1957, le Ciron a été sorti de la catégorie des voies navigables et flottables. Ces dernières décennies, la rivière a connu une période de quasi abandon. La végétation a proliféré sur les rives, les berges et les ouvrages se sont dégradés.

Dans les années 1980, le Syndicat Intercommunal d'Aménagement du Bassin du Ciron a entrepris une grosse campagne de restauration de la rivière et de réfection des ouvrages.

Les travaux ont consisté à éclaircir la végétation des berges pour redonner la lumière nécessaire à la vie dans l'eau ; à nettoyer le lit où les troncs d'arbres morts et les embâcles bloquaient l'écoulement et provoquaient l'érosion des berges ; à rénover les barrages des moulins, à équiper ces mêmes barrages de glissière à canoë...

Pour sa part, le Conseil Général a restauré le barrage lui appartenant sur la commune de Villandraut et l'a équipé d'une glissière à canoë et d'une passe à poissons.

 

Une flore peu commune dans la vallée.

 

De la source à l'embouchure, le Ciron est une rivière qui présente pas moins de trois aspects très différents qui dépendent de la nature géologique du sous-sol des secteurs traversés.

En amont de Beaulac, le Ciron suit un cours sinueux dans un plateau sableux de la Lande. Il coule dans la pinède, mais, comme sur tous les cours d'eau de la Lande, règne de part et d'autre du lit, la " forêt galerie " de feuillus.

En pied de berge, au ras de l'eau, se développe surtout l'aulne. Plus haut sur les berges, on trouve le chêne, le tilleul, le noisetier, le robinier...

A proximité, les secteurs inondables sont dominés par le saule, accompagné de l'osmonde royale qui pousse aussi sur les berges du Ciron. Cette fougère est devenue rare en France et on ne la trouve plus que dans les sites les plus sauvages.

Entre Beaulac et le château d'Illon, le sable cède la place au calcaire. La rivière a taillé dans la roche des parois abruptes, allant jusqu'à former des gorges de presque 10 mètres de hauteur aux environs de Préchac.

L'étroitesse et l'encaissement du lit majeur créent un microclimat plus froid et plus humide que celui de la région.

Ces conditions particulières, ainsi que la présence de sols calcaires, ont permis le maintien local d'une végétation répandue il y a 7 000 ans ; ainsi le hêtre et le charme fréquentent encore les gorges du Ciron. Ils accompagnent un cortège floristique peu commun dans les Landes de Gascogne : tilleul à petite feuille, érable de Montpellier, cornouiller mâle, aspérule odorante, orchidées et muguet. Typiques des lieux ombragés et humides, la scolopendre et l'hépatique se retrouvent aussi dans les gorges.

En aval de Villandraut, la vallée s'aplanit, s'élargît.

L'eau circule de nouveau sur un sol meuble, formé d'alluvions déposées jadis par la Garonne.

 

Une faune rare.

 

Des mammifères herbivores comme le rat musqué et le ragondin vivent dans la vallée du Ciron. Le rat musqué est originaire d'Amérique du nord et le ragondin d'Amérique du sud.

Ils ont été introduits en Europe où on les a élevés pour leur fourrure. A partir d'individus échappés, ces espèces ont peu à peu colonisé le milieu naturel.

Le ragondin est un gros animal qui n'a pas vraiment ici de prédateurs et qui prolifère maintenant dans tous les lieux humides. Sa présence est facilement décelable à ses terriers aménagés dans les berges.

La vallée du Ciron est une zone refuge pour certaines espèces rares de mammifères carnivores comme la loutre, protégée par la loi. Son régime alimentaire est essentiellement constitué de poissons. Sa présence est un indicateur de la bonne qualité des eaux du Ciron qui est d'ailleurs classé en première catégorie piscicole, axe migrateur à restaurer en priorité (axe bleu) (Ce classement en première catégorie indique que la population piscicole est à salmonidés dominants,) et milieu aquatique remarquable (zone verte).

Ces classements font partis des mesures prises par l'Agence de l'eau Adour-Garonne dans le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux, SDAGE, instauré par la loi sur l'eau du 3/l/92 pour fixer les grandes orientations d'une gestion équilibrée et globale des milieux aquatiques et de leurs usages.

Diverses espèces de poissons : carpe, gardon, goujon, brochet, anguille, lamproie, truite arc en ciel et fario fréquentent le Ciron.

La richesse végétale des berges permet l'installation et la nidification d'oiseaux peu courants dans la région, comme le gros-bec casse-noyaux, la mésange nonnette et le pouillot siffleur.

Des utilisations de la rivière toujours nombreuses et diversifiées.

Autrefois, le Ciron avait un rôle économique très important: il était utilisé par les moulins, les forges, les papeteries et ainsi qu'une usine de produits chimiques.

De nos jours, peu d'activités artisanales et industrielles nécessitent la proximité d'une rivière comme le Ciron. Cependant, le rôle économique de l'eau ainsi que son utilisation restent toujours important.

Des micro-centrales électriques fonctionnent au moulin de Castaing pour le compte de la commune de Noaillan et au pont de la Trave pour le compte d'EDF qui en a la concession jusqu'en 2001.

La papeterie de St Michel de Castelnau est la seule actuellement en fonctionnement. Elle pompe de l'eau pour la fabrication de la pâte à papier et rejette des effluents préalablement épurés dans le Ciron. C'est une installation soumise à autorisation, la qualité des rejets est contrôlée quotidiennement.

Actuellement, la DRIRE étudie les possibilités d'amélioration du système d'épuration pour s'approcher du niveau zéro de pollution pour que l'activité n'ait aucun impact sur le milieu.

La maïsiculture, très développée dans le secteur des Hautes Landes, fait appel aux pompages agricoles dans le Ciron et dans les nappes aquifères. C'est une grande consommatrice d'eau : elle nécessite environ 4 000 m3 ha par saison de végétation. Les eaux de drainages, enrichies en pesticides, herbicides, nitrates et phosphates peuvent contaminer les eaux du bassin versant.

Les piscicultures au nombre de 5 sur le Ciron, le Baillon et la Hure utilisent l'eau des cours d'eau et produisent des déchets provenant du métabolisme des poissons d'une part et des refus alimentaires, poissons morts... d'autre part.

Ils sont rejetés dans le Ciron et ses affluents qui semblent " récupérer " relativement bien. Lorsque les bassins sont vidangés, le rejet de matières organiques décantées provoque un colmatage des fonds qui peut entraîner la prolifération de bactéries filamenteuses dont l'impact sur les populations d'invertébrés est alors important.

Faisant partie des 5 cours d'eau classés en première catégorie en Gironde, le Ciron et ses affluents constituent le berceau de la truite fario dans le département. Ce poisson, très recherché et pêché à cause de sa renommée et de sa qualité, implique de sérieux efforts d'alevinages pour le maintien de l'espèce dans les secteurs concernés par les associations de pêche.

L'activité cynégétique est très importante. En 1985, on dénombrait encore 75 palombières sur les bords du Ciron et de ses affluents, installées dans les futaies de chênes. Elles sont toujours en nombre important car la chasse à la palombe est une activité traditionnelle qui se perpétue.

Les palombes sont naturellement friandes de glands, aussi lors de leurs étapes migratoires elles s'arrêteront plus facilement dans une chênaie sachant qu'une nourriture abondante est disponible.

La bécasse, également très recherchée dans la région, est un oiseau qui fréquente en toutes saisons les boisements humides. Elle préfère les forêts de feuillus avec un sol très humide car elle y trouve son alimentation (lombrics) et elle s'y reproduit.

La pratique du canoë s'est généralisée grâce à la création d'associations nautiques (clubs et locations). Cette activité connaît de nos jours un réel succès et elle est en expansion.

Le raccordement des habitations à un réseau d'assainissement ou les systèmes d'assainissement individuels suppriment peu à peu tous les rejets directs d'effluents domestiques dans le cours d'eau.

Ces derniers restent encore importants car l'habitat, dispersé sur le bassin versant (jamais en dessous de 20 % mais ce chiffre peut atteindre 100 % sur certaines communes), n'est pas systématiquement équipé d'un système d'assainissement individuel.

 Il y a actuellement 8 stations d'épuration dans la partie girondine du bassin versant du Ciron: Preignac, Landiras, Bommes, Villandraut, St Symphorien, Bernos, Captieux et Grignols. Les effluents traités sont rejetés dans le Ciron et ses affluents.

 

Une structure de gestion non aboutie:

le Syndicat Intercommunal d'Aménagement du Bassin du Ciron.

 

Le 13/5/1968 est créé un syndicat intercommunal regroupant 21 communes de la vallée du Ciron: le Syndicat Intercommunal d'Aménagement du Bassin du Ciron communément appelé Syndicat du Ciron. Les communes adhérantes sont:

 Barsac, Bernos-Beaulac, Bommes, Budos, Cudos, Escaudes, Giscos, Goualade, Lartigue, Léogeats, Lerm, et Musset, Lucmau, Noaillan, Pompéjac, Préchac, Preignac, Pujols sur Ciron, St Michel de Castelnau, Sauternes, Uzeste et Villandraut.

 Selon l'article 2 de ses statuts, " le syndicat a pour objet toutes études, réalisations et aménagements nécessaires à la mise en valeur économique, touristique, sportive et culturelle des communes membres.

Pour remplir sa mission, le syndicat tend à assurer la mise en état du Ciron par toute une série d'opérations contribuant au nettoyage du lit, la réparation des barrages, la prévention et la lutte contre la pollution, que ce soit pour favoriser le canotage sur certaines parties, la pêche ou la pisciculture sur d'autres.

De toute façon, redonner tous ses charmes à la rivière. Il entreprendra à cet effet toutes les démarches nécessaires pour obtenir la concession de la partie domaniale du Ciron.

 Dans ce domaine, il est également chargé de la défense des collectivités adhérentes".

 

Des réalisations récentes et coûteuses.

 

Le Syndicat du Ciron a réalisé 14 tranches de travaux depuis 1983. Ces travaux correspondent au nettoyage du cours d'eau et à la restauration des barrages des moulins. 

Le coût de la restauration du cours d'eau effectuée entre 1983 et 1993 est de 2 030 000 F.

Le coût de l'ensemble des réalisations du syndicat depuis 1983 est de 5 803 000F.

 Actuellement, le syndicat poursuit ses travaux de restauration des barrages avec ceux de Bernos et de Castaing.

 Retour au Début.

 

Réalisée le 20 juillet  2002  André Cochet
Mise ur le Web le    août   2002

Christian Flages

Mise à jour le 

                 

Retour au répertoire.