Edition
originale |
VARIÉTÉS L'ABBÉ
BAUREIN Réédité
en 1876 |
Extrait: Collection Privée |
SAINT
MARTIN de BALIZAC
L'Eglise de cette Paroisse est insuffisante pour contenir le nombre actuel des Paroissiens; ce qui est une preuve, ainsi qu'on l'a déjà remarqué, que la population y est accrue ; car il ne faut pas s'imaginer que, dans le principe, on n'ait pas proportionné la grandeur des Eglises à la multitude du peuple qu'elles devoient contenir.
Si ces Eglises sont devenues insuffisantes à cet égard, on
ne peut en assigner d'autre cause que la crue de la population dans l'étendue
de cette Paroisse : en pareil cas, si la Fabrique n'a ni fonds ni revenus pour
faire construire des Collatéraux suffisans, il faut que les Paroissiens y
contribuent volontairement; et dans le cas où ils ne seroient pas d'accord
entr'eux, qu'ils aient recours à l'autorité, pour y contraindre ceux qui
refuseroient de se prêter à une construction aussi nécessaire.
Quoique la dénomination de la Paroisse de Balizac soit très
ancienne, et que sa terminaison en ac paroisse annoncer qu'elle appartient au
langage Celtique, nous ne pouvons
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néanmoins,, souscrire à l'opinion de M. l'Abbé Expilly, qui, au mot Aquitaine, pense que Balizac représente Oppidum Belendorum, qui appartenoit aux Belendi, peuples de la seconde Aquitaine. Tous les Savans, avant M. l'Abbé Expilly, avoient pensé que Belin ètoit le chef-lieu des Belendi. En effet, la dénomination de Belin a bien plus d'analogie que celle de Balizac avec le mot Belendi.
D'ailleurs, on ne voit pas sur quoi M. l'Abbé Expilly se
fonde, pour avancer que Balizac représente Oppidum
Belendorum. La Paroisse de Balizac qui n'est pas placée à une grande
distance de celle de Belin, peut bien avoir fait partie de la cité ou
territoire des Belendi, mais rien ne
nous porte à croire ni même à penser qu'elle en ait été le chef-lieu.
Balizac est compris dans l'étendue de l'Archiprêtré de Cernès. On voit dans le cimetière de cette Paroisse, des tombeaux en pierre, qui servoient autrefois à ensevelir les corps des défunts, mais qui n'ont plus d'autre usage que pour désigner les. sépultures des anciennes familles de la Paroisse.
L'usage d'ensevelir les corps des défunts dans des tombeaux
de pierre, n'étoit pas particulier à la Paroisse de Balizac; il étoit général
dans toutes les Paroisses du Diocese. Il n'y a point de cimetiere dans lequel on
ne trouvât de ces tombeaux, s'ils n'en avoient pas été enlevés; car il s'est
trouvé dans tous les temps des personnes qui ont mérité le reproche que la
Loi leur fait dans le Code, en ces termes : Pergit
audacia ad busta defunctoru
La Cure de Balizac est séculiere et est à la collation des
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Chapitres de Villandraut et d'Uzeste, qui ont chacun six mois pour la çonférer;
ensorte que la collation de cette Cure appartient à celui de ces. deux
Chapitres dans les six mois desquels elle vient à vaquer. Le Curé de Balizac
jouit des deux tiers de la dîme; les deux Chapitres n’en perçoivent qu'un
tiers pour leur portion.
Les principaux Hameaux ou Villages de çette Paroisse, sont :
le Bourg.. .. Pinot, dans l'étendue duquel est situé le çhâteau de Castelnau
de Cernès …. Mahon…. Bordes… Lanere.... Trescos…… Moureu…. Hat…. Chantalaude….
Gariat…. Bernadet. Il existe, outre cela, des maisons et Des Métairies qui
ont des dénominations particulieres.
Il
y a beaucoup de bois taillis dans Balizac, au lieu appellé à Peylebre. Il existe
aussi dans l'étendue de cette Paroisse quantité de pignadas ou forêts de
pins. La majeure partie des uns et des autres appartient au Seigneur du lieu :
le reste est possédé, en propriété utile, par les habitans.
Le terroir de Balizac est de trois especes : une grande partie est sablonneuse; une partie tient de la nature de l'argile, et l’autre est un terrein de grave. Quoique le territoire de Balizac soit assez enfoncé, il ne. laisse pas que de former une plaine d'une grande étendue, qui est bornée, vers le levant, par les Paroisses de Villandraut et de Saint-Leger; vers le midi, par celle de Saint Symphorien; vers le couchant, par celles d'Origne et du Tuzan, et vers le nord, par celles de Landiras, Budos et Léojats.
Au, reste, n'ayant pas eu occasion de voir les lieux par nous-même,
nous sommes obligé de nous en rapporter aux mémoires qui nous ont été
fournis. Nous soupçonnons que les aires de vents, selon lesquelles on a fixé
les limites de cette Paroisse, pourroient n'avoir pas été assignées avec
l'exactitude la plus scrupuleuse. En tout cas, la méprise, s'il y en a, ne tire
point à conséquence. Il y a une grande lieue du distance de l'Eglise de
Balizac à celles des Paroisses qui environnent cette premiere.
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On compte huit lieues de Balizac à Bordeaux, et trois de Bazas et de Langon à
Balizac. Cette Paroisse a quatre lieues de circonférence. Le Village le plus éloigné
est placè à la distance d'une grosse demi-lieue de l'Eglise. Les principales
productions de cette Paroisse sont les laines, les seigles et les millets, la
cire, le miel, les bois de construction et de chauffage, les bois de pins, soit
en échalas, ou exploités en diverses autres manières.
La principale occupation des hommes consiste en charrois de
leurs denrées aux ports de Portets, de Podensac, de Barsac, de Preignac et de
Langon, tous placés à la distance de trois grandes lieues de Balizac. Telle
est leur occupation ordinaire pendant tout le cours de l'année, à l'exception
du temps de la moisson. Ce sont aux femmes et aux enfans que les travaux des
champs sont abandonnés pendant le reste de l'année.
On remarquera que quoique les gens de Balizac soient dans l'usage de semer beaucoup de pins (la quantité en est si considérable, que le tiers de la Paroisse est employé à cette culture), il ne s'y recueille néanmoins que très-peu de résine; ils font un usage de ces arbres bien différent de celui qu'en font les gens de la Lande; ils ne s'occupent pas, comme eux, à tirer de la résine; il les exploitent, au, contraire, en planches, en barres fortes, en soliveaux et chevrons, qu'on apporte par bateaux, tous les Lundis, à Bordeaux, et qui y sont enlevés tout de suite.
Lorsque ces arbres sont encore jeunes, ils en arrachent une certaine quantité qui servent d'échalas pour les vignes; ils font même servir des vieux pins à faire de la carrassonne, qui sert également à échalasser les vignes.
Ainsi ces gens là peuvent être considérés et comme
cultivateurs et comme appliqués à une espece de petit commerce, qui est
d'autant plus nécessaire pour les faire subsister, qu'il ne croît dans cette
Paroisse que des seigles et des millets. On v recueille, à la vérité, de la
cire et du miel; mais ce
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sont, comme on sait, des denrées trop casuelles pour que
Il y a quelques landes dans cette Paroisse, mais qui ne sont
pas suffisantes pour le pâcage des bestiaux : d'ailleurs, on les défriche peu
à peu pour les ensemencer en pins; ensorte que tôt ou tard on n'y pourra tenir
des troupeaux, si on ne pourvoit pas par quelqu'autre voie à leur pâture.
Cette Paroisse est traversée par deux ruisseaux, l'un appellé
la Hure, et l'autre est connu sous la
dénomination de Balizac; celui-ci
vient de la Paroisse d'Origne, et l'autre de celle de Saint-Symphorien. Il y a
un moulin assis sur chacun de ces ruisseaux
On compte 120 feux ou familles dans cette Paroisse. On y voit, comme on a déjà dit, un Château très ancien, qui appartient à M. le Marquis de Pons, Seigneur foncier, direct et Haut-justicier de la Paroisse de Balizac, laquelle dépend de la Seigneurie de Castelnau en Cernès, qui appartient à ce même Seigneur.
Il paroit, par les rôles Gascons (t. i, p. 108), que Bernard Eziu, Seigneur d'Albret, rendit hommage, en l'année 1341, à Edouard III, Roi d'Angleterre, de la Seigneurie de Castelnau en Cernès : celle-ci fut, sans doute confisquée dans la suite au préjudice de la Maison d'Albret, puisqu'il résulte de ces mêmes rôles (ibid, p. 209), qu'elle fut donnée, avec quelques autres Seigneuries, à Gaston de Foix, Comte de Longueville, par Henri VI, Roi d'Angleterre, et ce, en l'année 1426. Ce don fut confirmé à ce Seigneur, par ce même Roi, en l'année 1434 (ibid., P. 215).
Mais, il faut en convenir, ces sortes de dons n'étoient
d'aucune consistance; ils étoient révocables à la volonté du Prince. On
trouve dans ces mêmes Rôles, des années 1436 et 1437 (P. 216), que le château
de Castelnau de Cernès, dont les murs étoient en très mauvais état, à
raison du siège qu’il venoit d'essuyer, fut donné à François de,
Montferrand, Chevalier. Pro Francisco
de Montferrand, Milite, habendo locunt de
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Novo
Castro in Sarnesio, ubi magna pars
murorum prostrata est per canones et ingenia.
Telles étoient les tristes circonstances où se trouvoit le Pays Bordelois,
pendant le temps qu’il a resté sous
une domination étrangere : on y étoit continuellement en guerre; et la prise
d'un Château, dont ce Pays étoit abondamment pourvu, y faisoit autant de
sensation que s'il eût été question
d'une place des plus fortes.
Réalisée le 10 octobre 2002 | André Cochet |
Mise ur le Web octobre 2002 |
Christian Flages |
Mise à jour le |
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