TEXTES EN GASCON.

 

Ma Garbetto.

(Ma petite gerbe)

 

Pour rire et pour pleurer.

Poésies.

 

Pre ride et pre ploura.

 

Pouesios.

 

Broutilles pour attiser nos tendresses Broustillos pr'attidouna nostos amous

 

Récits et poésies en Langue d'Oc (contrée de Lesparre) avec traduction de l'auteur.

 

Abbé D-M. BERGEY. Curé de Saint Emilion 
ex-Aumonier Militaire du 18 ème R.I.

Edition de la Revue Méridionale.  5 rue Fondaudège. Bordeaux. 1923.

Collection Christian de Los Angeles.

 

Ecoute !

 

En souvenir de " Douce Amie ", à Quiberon, et des amis qui m'y ont gâté.

J'adresse ceci à mon Frère qui aimé tant écouter la mer.

 

 

Escouto !

En soubeni de  « Douço Amigo »  de Quiberoun et das amics qué mé yan gastat.

Adressi acoqui à moun Tsay qu'aymo tant escouto la ma...

 

Ces textes sont issus d'un livre ancien.
Photocopiés et scannés avec reconnaissance de caractères.
Ils peut subsister des erreurs, surtout en gascon.

Prière de nous les signaler. ancochet@wanadoo.fr

 

Ecoute ! Dans, le lointain de la lède endormie,

Une haleine de douceur frissonne sur les pins,

Comme une légère caresse de soies, de satins,

Un balbutiement de jeune fille assoupie.

Sur l'eau, les reflets, comme des yeux fermés,

Se sont éteints dans, le crépuscule qui se déploie.

 

C'est la Mer qui prie, 

 

Pour les pauvres bateliers endormis dans ses bras.

 

Escouto ! dens lou lougn de la ledo endroumido,      

Eno lèn de douçou fresillouno sas pïns

Coume en parounement de soyos, de satïns,

En papoutèyemen de gouyato assoupido.

Se l’aygo, lous reflèts, coume das eills barrats,

S'an esteignt dens l'escuragno que de desplègo.

 

Aco's la ma que prègo,

 

Pras praoubos bateleys endroumits dens sous bras.

 

Ecoute ! Quel tourment dans le soir en deuil !

Tant de sanglots, profonds secouent les lames !

Et, comme, s'il emportait des pleurs de pauvres âmes,

Le vent, dans la dune, hurle et pleut comme un fou !

Regarde la comme elle a mal ! Avec ses cheveux dépliés,

Elle se tord dans sa douleur, se redresse, se pâme. 

 

C'est la Mer qui brâme, 

 

Avec les vieilles mamans qui pleurent leurs jeunes gens.

 

Escouto ! Quaou tremen dens lou dessey en doou !

Tant de sengluts prehounts secudissen las lámos !

Et, coume s'emportaou das plous de praoubos ámos,

Lou bèn, dens lou piquey, gulo et plèou coume en foou.

Gayto-la coume a maou ! En sous peous desplegats,

Se tors dens sa doulou, se remasto, se pámo !!

 

Aco's la ma que bramo,

 

En las beillos mamas que plouren lus gouyats !

 Ecoute ! sur la jetée où se hâtent les crabes,

Où baillent petites huitres, coutoies et sourdons,

S'égrennent, sans s'arrêter, des chansons

Que l’on dirait fredonnées, par des anges.

Frémissante d'amour, dans son manteau brodé,

Que faufile d'argent la marée montante, 

 

C'est la Mer qui chante,

 

En l'honneur du Bon Dieu, pour ceux qui L'ont oublié.

 

Escouto ! Saou peyrat, an s'accouyten lous crandzes,

An badaillen ustrots, coutoyos et sourdouns,

S'esgrunen, sens jamais rema, de las cansouns,

Que l'on dirè sansouneyados pré das andzes.

Trimoulanto d'amou, dens soun mantet broudat,

Que faoufilo d'ardzèn la marèyo mountanto,

 

            Aco's la ma que canto,

 

En l'aounou daou Boun Diou, pras que L'an oumblidat.

Ecoute ! J'ai cru entendre le canon

Qui éventre ses obus sur la terre écrasée!

De grosses. brassées de mer s’acharnant en fusillade

Sur un morceau noir de rocher, blessé comme un moignon.

Les arbres de la dune, de peur ou de colère,

Agitent leurs bras tordus, en pétrissant la plainte: 

 

C'est la Mer qui gémit,

 

Au souvenir de tous ceux que mangea la guerre.

 

Escouto ! m'a semblat entènde lou canoun

Qu'esbèntro sous obus se la terro esbouilládo !

Das gros brassats de ma bourren en fusilládo 

En negre tros de roc, blassat coume en mougnoun. 

Lous aoubres daou sablèou, de poou o de coulèro,

S'esbrassèyen, toursuts, en prestissènts lou plagn

 

Aco's la ma que plagn,

 

Aou soubeni de touts lous qué mindzèt la guerro.

 

Ecoute ! As-tu entendu ? Avec un éclat de rire,

L'eau vient de sauter dans un jeune troupeau

D'enfants : chacun relève culotte, robe,

En s’échappant vers le rivage. Aucun n'est rassuré !

Chaque lame sautille avec une blanche coiffe,

Où l'on dirait qu'un lys toujours vient de fleurir

 

C'est la mer qui rit,

 

Avec nos tout petits, poursuivis par son écume.

 

Escouto ! As entendut ? En d'en esclat de ride,

L'aygo bèn de saouta dens en dzène ligot

De maynadzes : cadün léou culotto, peillot,

En s'escapants aou born. Gn'a pugn nat que se hide !

Cade lamo saoutillo en d'eno blanco coïffo,

An l'on dirè qu'en lys bèn toujoun de flouri :

 

Aco's la ma que ri,

 

En nostes tout-petits, accoussats pré sa roïffo.

Ecoute ! Il me semble que la mer s'est tue.

Aucune haleine ne ride, les reflets bleus du ciel.

La mer étend doucement ses ailes sur le sable,

Sans chanter pour les amis, comme autrefois, sa pensée.

La lame suit pas à pas, muette, deux attardés :

Une jeune fille s'appuie sur le bras d'un jeune homme:

 

C'est la Mer qui écoute,

 

Les promesses d'amour des jeunes fiancés.

 

Esoouto ! m'es abis que la ma s'a taysádo.

Nado lèn ne frouncis lous reflèts blus daou Cèou.

Esparou doucémén sas alos saou sablèou,

Sens canta pras amics, coume a'stat,  sa pensádo.

La lamo sèc aou trail,  muquo,  dus attardats :

Eno gouyato aou bras d'en dzène home s'accouto :

 

Aco's la ma qu'escouto,

 

Las proumessos d'amou das dzènes accourdats.

Ecoute ! mille ouvriers s'essoufflent à l’ouvrage !

A travers les joncs et les chardons d'été,

On entend le tintamarre d'une vaste moisson,

Ou bien les marteaux et les soufflets d'un atelier d`orage.

Quel est donc l'ouvrier géant qui s'épuise à frapper,

Du matin au couchant, du soir à l'aube ?

 

La grande Mer qui travaille,

 

Pour ceux qui mangent leur pain, sans vouloir le gagner.

 

Escouto ! mille oubreys  pantuhen a l’oubraze !

A traouhès lou lignoou et lous cardouns d'estiou,

L'on entèn l'esprehüm d'eno vasto mestiou,

0 martèts et bouhets d'en ateliè d'aouradze.

Qu'es doun l’oubrey geant que s'esgano a cugna,

Daou matïn aou coutsan, daou dessey a l’ourbaillo ? 

 

La Grand Ma que trabaillo,

 

Pras que mïndzen lu pan sens boulé lou gagna.

 

Ecoute ! Quand tu viendras me fleurir de tes pleurs,

Et que je m'endormirai jusqu'à la « remâtée » (résurrection)

Je voudrais que tout à fait au bord de ma mer tourmentée,

Tu misses ma modeste tombe, avec sa croix et ses fleurs.

Quand, tu l'entendras chanter dans les rayons du soleil,

Tu te diras en priant, qu'elle soit basse ou en forte marée, 

 

C'est la Mère qui berce,

 

De la part du bon Dieu, l'âme du pauvre vieux. 

 

Escouto ! Quand bïndras me  flouri de tous plous

Et que m'endroumirey trunqu'à la remastado

Boudri que bien aou born de ma ma trementado,

Metusses moun maçèou en sa croutz et sas flous.

Quand l'entendràs canta dens lous rays daou soureil,

Te diras, en prégants, qu'èste basso o malíno,

 

Es la ma que calíno,

 

De la part daou boun Diou, l'amo daou praoube beil.

Fait sur le bateau de Drouet, le pêcheur, pendant qu'il tirait le chalut. Heyt saou batèou de Drouet lou puscayre, tant que tiraou lou chalut.

D-M. BERGEY.

 

 

 

 

Réalisée le 1 octobre 2004

 André Cochet

Mise s<ur le Web le     octobre 2004

Christian Flages

Mise à jour le

                 

 

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