La 
Région Bazadaise.

L'ancien arrondissement de Bazas.

Deuxième Partie.  

GEOGRAPHIE. 2. Pages 71 à  106.

Table des matières.

 

Sommaire.

6.     Le pin des Landes. Sa culture. Le gemmage.

7.     Les produits du pin. Les usines à gemme.

8.     L'industrie du bois de pin. Les scieries.

9.     Les côteaux du Bazadais. Aspect. Terrains. Cultures diverses.

 

 

 

LE PIN DES LANDES SA CULTURE. LE GEMMAGE.  

 

  Sixième leçon.

  "La forêt de pins profile ses voûtes symétriques portées par les mille et mille troncs réguliers et droits comme des colonnes de bronze ...

Ecoutez la chanson du vent dans les cimes, cette immense rumeur qui s'enfle ou s'apaise mais qui ne s'arrête jamais.

Ecoutez l'éternelle musique des cigales qui crépite comme une flamme dans le vent et semble redoubler à l'approche du soir."

E. Delbousquet.

 

 

 

Le pin maritime.

 

Le pin maritime, pin de Bordeaux ou pin des Landes, est un arbre de très grande taille à feuillage toujours formé de feuilles en aiguilles, à rugueuse et épaisse écorce brune. Son tronc atteint jusqu'à trente cinq mètres et même jusqu'à quarante mètres de hauteur et plus de quatre mètres de circonférence.

 

Dans notre région, il pousse surtout dans la grande forêt landaise qui s'étale sur la rive gauche du Ciron, mais on trouve aussi des bosquets de pins dans la partie du Bazadais comprise entre le Ciron et la Garonne, jusqu'aux portes de Langon.

   

La culture du pin.

 

Le pin maritime, très rustique, pousse même dans les terrains très pauvres pourvu que le sol soit suffisamment profond, que le climat soit assez chaud et que l'air et la lumière ne lui fassent pas défaut.

 

Les semis de pins se font généralement à la volée sur un sol ayant subi un labour profond qui brise la couche d'alios si elle est peu profonde. On procède aussi, mais très rarement à des plantations de jeunes pins. A certains endroits même, après qu'on a rasé la  forêt, le pin repousse sans la moindre semence, les graines ailées tombées des pins précédents étant suffisantes.

 

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Eclaircissages.

 

Les pins poussent si serrés qu'ils nécessite de nombreux éclaircissages pour permettre à ceux que l'on croit les plus robustes et que l'on veut conserver de mieux se développer.

 

On abat donc à plusieurs reprises une grande partie des jeunes pins pour donner aux autres plus de place, plus de lumière. Le pin maritime aime le soleil. On remarque que les pins qui poussent près des routes sont plus gros, plus grands que les autres parce qu'ils ont plus d'air et plus de lumière.

 

Les divers éclaircissages faits à la hache dans les premières années, donnent des rames pour maraichers, des manches à balais, des échalas pour la vigne, du bois de chauffage, du bois pour boulangers.

 

Le dernier éclaircissage se fait vers la trentième année. Les arbres que l'on abat à ce moment, appelés pétards, produisent déjà de la gemme depuis plusieurs années. Ils sont transformés en poteaux de mines.

 

Il ne reste plus alors sur pied que les arbres les plus beaux, les plus robustes, les plus droits, les plus riches en gemme. Ce sont les de pins de place.

 

Espacés de huit à dix mètres, leur nombre est en moyenne de cent cinquante à l'hectare. Ils grossissent librement et donnent de la gemme.

 

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Le gemmage des pins.

 

"L'homme, avare bourreau de la création

Qui ne vit qu'aux dépens de ceux qu'il assassine.

Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon.

Sans regretter son sang qui coule, goutte à goutte,

Le pin verse son baume et sa sève qui bout,

Et se tient toujours droit sur le bord de la route

Comme un soldat blessé qui veut mourir debout."

Théophile GAUTIER.

 

 

La production de la gemme est le but de la forêt landaise.

 

La gemme est un liquide visqueux, odorant, insoluble à l'eau, qui coule de la blessure faite à l'arbre en entaillant l'écorce et en mettant l'aubier à nu. C'est une transformation de la sève.

 

Les pins de place ne sont gemmés que vers la trentième année quand ils atteignent un mètre dix centimètres environ de circonférence, à hauteur d'homme.

 

Les diverses opérations du gemmage se font tous les ans de février à octobre.

 

Autrefois, on creusait simplement un trou dans la terre au pied de l'arbre (le clot) et la gemme suintant en gouttelettes brillantes se rendait dans ce récipient rudimentaire où elle était recueillie très impure, souillée de terre, de feuilles, de débris d'écorce et de bois.

 

Une partie de la gemme ayant un long parcours à effectuer le long de l'arbre se desséchait avant d'arriver au pied et était perdue.

 

Vers le milieu du siècle dernier, un propriétaire du Bordelais nommé Hugues, préconisa l'emploi d'un pot en terre cuite. Ce système, qui porte son nom, se généralisa bientôt et il est depuis assez longtemps le seul employé dans les landes du Bazadais.

 

Il y a peu de temps, certains propriétaires ont essayé un procédé italien, le procédé Bellini, dans lequel le pot est remplacé par une bouteille. La forme de l'incision est aussi modifiée. La gemme obtenue est beaucoup plus pure.

 

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Les opérations du gemmage.

 

En février, on installe à la base de l'arbre un pot en terre vernissée ou en ciment,

 retenu  par un pointe et surmonté d'une bande de zinc ou crampon, formant gouttière.

 

En mars, le gemmier fait sur le tronc, au dessus du pot, après avoir enlevé l'écorce, une courte entaille longitudinale: "la care."

 

 

La care.

 

La gemme ou résine coule sur la care et conduite par le zinc se rend dans le pot. Mais une partie de la gemme reste sur la plaie et ne tarde pas, en se solidifiant, à boucher les canaux qui l'ont déversée. 

 

Pour déboucher ces canaux et provoquer un nouvel écoulement, le gemmier enlève avec son "abchot", un mince copeau de bois. C'est l'opération du   "piquage", qui allonge de plus en plus la care vers le haut.

 

A la fin de la première année, elle atteint de 60 à 80 centimètre. Le gemmier fait un piquage par semaine, au printemps, d'eux en été. De mars à octobre, il ne quitte donc pas la forêt qui absorbe presque tous ses instants.

 

Au début de la deuxième année, le pot est placé à la partie supérieure de l'entaille et l'opération continue vers la cime pendant cinq ans.

 

Au bout de trois ans, on commence généralement une entaille nouvelle sur une autre face de l'arbre de telle sorte qu'il y ait deux blessures qui saignent à la fois.

 

Ceci est le gemmage à vie qui donne deux litres environ de gemme par an et par arbre et qui n'empêche pas le pin de grandir et de grossir normalement.

 

Il n'est pas rare de trouver de vieux pins qui sont encore très vigoureux et qui ont reçu de quinze à vingt cares. On voit même des arbres de 3m5O à 4 m qui en sont à leur trente cinquième care.

 

Vers la soixantième année, quelquefois plus tard, quand l'abattage des arbres est décidé, on procède au gemmage à mort en faisant jusqu'à six cares à la fois.

 

Tous les mois environ, le pot est plein de résine, le gemmier vide dans un seau en bois ou en métal   "la quarte", en se servant de la "curette". La résine de chaque "amasse", mise en fûts, est portée à l'usine pour y être distillée.

 

A la fin de l'été, la gemme qui a séché sur l'arbre "le barras" est enlevée à l'aide du "barrasquet". Le barras, mélange de gemme et de bois est payé moins cher que la gemme.

 

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Le prix de la gemme a beaucoup varié depuis vingt ans.

 

En 1901, elle valait environ, 0 fr. 18 le litre;

en 1914, 0 fr. 20; 

en 1920, 2 fr. 20; 

en 1926, 4 fr. 90; 

en 1933, au début de la campagne, 1 fr.; 

en fin de campagne, 0 fr. 50.

 

 

 

L'exploitation des produits de la forêt est faite rarement par le propriétaire lui même; presque partout, en Bazadais c'est le métayer qui est en même temps résinier.

 

Il gemme  les pins et touche la moitié du prix de la résine. Les frais de matériel: pots, crampons, barriques sont supportés par le propriétaire.

 

 

Les ennemis de la forêt.

 

La forêt a plusieurs ennemis dont certains sont redoutables: les parasites, insectes et champignons et le feu.

 

 

Les parasites.

 

Certains insectes rongent l'écorce des jeunes pins, tel "l'hylobe" qui détruit parfois tout un semis, d'autres creusent dans le bois des galeries qui peuvent entraîner la chute du tronc lorsque le vent souffle violemment.

 

La chenille processionnaire s'attaque aux feuilles.

 

Un champignon provoque la maladie bien connue sous le nom de maladie du rond qui se propage par les racines et fait mourir l'arbre dont les feuilles jaunissent. On la combat en faisant autour du pin malade un fossé circulaire et en coupant les racines pour éviter la contamination des arbres voisins.

 

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La chenille du pin ou chenille processionnaire.

 

(d'après J. H. Fabre ( 1825/1915), entomologiste français. Observations faites en son Observatoire de Marmas).

 

Les chenilles du pin cheminent en un seul rang, en cordon continu, chacune touchant de sa tête l'arrière de la précédente: d'où leur nom. Chacune bave un fil fin, la seconde le double, la troisième le triple, etc.... il reste finalement du passage de la procession un étroit ruban brillant.

 

 

Les métamorphoses.

 

La ponte.

 

Le papillon qui ne vit qu'un jour après être sorti de terre pond ses oeufs, 300 environ, sur les branches basses du pin, dans la première quinzaine d'août. On dirait un chaton de noisetier d'aspect soyeux et blanc roussâtre enveloppant un groupe de deux feuilles du pin.

 

 

L'éclosion.

 

En septembre, de chaque oeuf, sort une chenille d'un millimètre à peine, d'un jaune clair à tête noire. Elle se met tout de suite à ronger les feuilles du pin et à filer un nid autour des feuilles qui sont grignotées jusqu'aux nervures et se dessèchent. Les chenilles vont alors faire de nouveaux nids sur les branches de plus en plus élevées et continuent leur destruction.

 

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Le nid.   La société.

 

A l'approche des froids de novembre, les chenilles qui ont atteint une longueur de 2 centimètres, construisent au sommet des branches un nid ovoïde formé d'un réseau de soies entourant les feuilles de l'arbre qui constituent la charpente.

 

Pendant tout l'hiver, elles continuent à dévorer les feuilles qui sont à proximité du nid.

 

 

Le papillon.

 

En mars, les chenilles quittent leur arbre, en procession, cherchent un endroit ensoleillé, le pied d'un mur, par exemple, creusent la terre, s'ensevelissent, s'entourent d'un cocon blanchâtre et la métamorphose s'accomplit.

 

A la fin de juillet ou au début d'août, le papillon perce la terre. Parvenu à la surface il étale ses ailes, déploie ses antennes, vole sur les branches basses des pins où il pond ses oeufs.

 

Les chenilles processionnaires causent des dégâts en dévorant les feuilles des pins. Elles ne s'attaquent heureusement pas aux bourgeons terminaux qui sont protégés par leurs écailles et leurs vernis résineux.

 

Pour les détruire, on peut, à l'aide d'un sécateur emmanché d'une longue perche abattre les nids pour les brûler, mais la besogne est pénible et gare aux démangeaisons provoquées la peau par le contact du liquide que les chenilles sécrètent dans les poches de leur dos.

 

Il est préférable de détruire les oeufs pondus dès le mois d'août. Il est utile aussi de couper toutes les branches de pins qui traînent à terre ou qui sont à moins de deux mètres du sol. De cette façon, le papillon qui vole fort mal ne parviendra pas à atteindre les branches pour y déposer ses oeufs.

 

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LE FEU.

 

L'incendie est pour la région landaise un danger très grand et très redouté. Il fut autrefois une des causes de la destruction de l'ancienne forêt qu'il avait changée en lande. Depuis le reboisement, il a souvent causé de véritables désastres.

 

A l'époque des grandes chaleurs, le feu prend rapidement sur cet arbre sec et résineux et les sous-bois souvent abondants, ne font qu'aider à la propagation du fléau. L'incendie est souvent due à l'imprudence, allumette mal éteinte, jetée par un chasseur ou un promeneur, meule du charbonnier, foyer du résinier, des nomades, incinération des landes et quelquefois aussi à la malveillance.

 

Arrêter un incendie dans la forêt est chose très difficile, surtout quand le vent souffle. La flamme bondit d'un arbre a l'autre avec une rapidité surprenante, sautant les routes, les voies ferrées, menaçant les habitations.

 

C'est un spectacle sinistrement beau et terrifiant. On prévient ou on combat les incendies de pins par le pare-feu, le contre-feu, le débroussaillement. Le pare-feu est un long espace vide de tout bois. Quand le feu l'atteint, il s'arrête faute d'éléments à brûler.

 

Le contre-feu est un amas de branches et de pins qu'on allume de façon à diriger ce nouveau foyer au-devant du foyer déjà existant. Les deux foyers se rencontrent et le feu s'éteint faute d'éléments à consumer.

 

Ces procédés ne sont pas absolument efficaces et les incendies, quoique plus rares depuis quelques années, font encore trop souvent des dégâts considérables.

 

Le débroussaillement consiste à nettoyer périodiquement les sous-bois: bruyères, ajoncs, fougères. Il est largement pratiqué dans toute la forêt Bazadaise avec des machines modernes. Il n'est pas absolument efficace, car les  débroussailleuses  abattent le sous-bois mais ne l'enlèvent pas et le sol reste recouvert d'une couche assez épaisse de branchages, de fougères sèches, de feuilles de pin qui brûlent très facilement mais produisent cependant une flamme beaucoup moins élevée que les arbustes debout.

 

Depuis quelque temps, on utilise l'eau avec succès pour combattre l'incendie à son début. Des associations de défense se sont formées un peu partout. Elles disposent d'un matériel important transporté rapidement sur le lieu du sinistre, tonnes, pompes, barriques, pompes à mains, ustensiles divers. 

 

Dans la forêt, on creuse des puits, on installe des réservoirs pour alimenter ces appareils. Des équipes organisées d'avance, connaissant bien le pays, routes, chemins, sentiers, se portent promptement sur le point incendié et étouffent parfois le feu avant qu'il ait eu le temps de se propager.

 

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REPARTITION DES FORETS DANS LE BAZADAIS.

Région landaise.

Cantons de :   hectares  
Saint Symphorien 26.000
Villandraut 21.500  
Captieux 13.650  

Régions des côteaux et de la vallée de la Garonne.

Bazas 7.600
Grignols 5.400
Auros 3.900
Langon 3.700
Dans ces nombres, sont compris les terrains plantés de chênes, d'acacias, de châtaigniers.

 

Enfants, n'allumez jamais du feu dans la forêt ou à proximité de la forêt. Fumeurs, ne jetez jamais de bouts d'allumettes ou de cigarettes dans les bois.

GARE A L'INCENDIE.

 

 

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L'INDUSTRIE DE LA GEMME.

 

 

Septième leçon.

 

La gemme est le grand produit de la forêt landaise, elle procure un revenu variable mais toujours assuré au propriétaire et au gemmier qui n'ont pas à craindre la grêle, la gelée, la sécheresse, les maladies cryptogamiques qui anéantissent parfois, en quelques jours, en quelques minutes même, les autres récoltes de la région : blé, tabac, vigne, etc.

 

La gemme portée à l'usine, par le résinier, est distillée et donne les produits suivants:

 

L'essence de térébenthine (environ 20 %), liquide incolore, très inflammable;

Les brais et les colophanes (produits secs, environ 70 %).

L'évaporation et les impuretés contenues dans la gemme donnent donc un déchet de dix pour cent.

 

Les brais forment le résidu solide de la distillation. Les plus beaux brais, les plus clairs sont appelés colophanes. On les expose au soleil dans des plateaux pour obtenir une coloration très claire, transparente.

 

L'essence de térébenthine, les colophanes et les brais constituent des matières premières pour de nombreuses industries.

 

 

LA DISTILLATION DE LA GEMME.

 

Autrefois et aujourd'hui.

 

La gemme portée à l'usine n'est pas pure. Elle contient du sable, des débris d'écorce et de copeaux, des aiguilles de pin, des insectes.

 

L'épuration.

 

Avant de la distiller on la débarrasse de l'eau et des impuretés.

 

Pour cela on augmente la densité de l'eau en mélangeant la gemme avec du sel. On chauffe, on brasse, on filtre. L'eau dissout le sel et plus dense, reste au fond, entraînant une grande partie des impuretés.

 

Au-dessus de l'eau salée, on trouve une couche de gemme contenant encore quelques impuretés. Enfin, la couche supérieure est formée de gemme très pure: c'est la pâte de térébenthine. Cette pâte, distillée donnera, l'essence de térébenthine et les belles colophanes claires, pâles, d'un beau brillant.

 

La deuxième couche de gemme impure, donne, distillée à part, de l'essence de térébenthine et du brai.

 

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Distillation.

 

Autrefois la pâte était chauffée à feu nu dans une chaudière. Ce vieil alambic est abandonné et remplacé par des appareils chauffés à la vapeur, dont les plus nombreux sont à marche continue. On fait en sorte que la distillation ne dure que très peu de temps, quelques secondes à peine, car plus la durée de la distillation est courte, moins la colophane est colorée et plus elle a de valeur.

 

L'essence, dirigée vers un condensateur, est filtrée et mise en fûts.

 

La colophane est coulée dans les moules ronds où elle se solidifie en se refroidissant. Elle est ensuite exposée au soleil pendant quelques jours. Cet ensoleillage la rend, nous l'avons déjà dit, plus claire, plus transparente. On la met ensuite dans des fûts en bois et on l'expédie.

 

L'ESSENCE DE TEREBENTHINE.

 

L'essence de térébenthine est employée en médecine comme révulsif, (ne l'utiliser que mélangée à de l'huile). On peut provoquer un abcès artificiel de dérivation en injectant quelques gouttes de ce liquide sous la peau. Des inhalations d'essence ont un heureux effet à sur l'appareil respiratoire. 

 

Ce précieux liquide sert à fabriquer la terpine qui entre dans la composition de certains médicaments employés dans le traitement des affections pulmonaires. La terpine sert surtout à fabriquer le terpinéoI, produit incolore ayant l'odeur du lilas. On l'emploie pour parfumer certains savons, et pour faire des parfums.

 

L'essence de térébenthine est utilisée comme solvant et l'industrie des peintures, des vernis, des couleurs, des cirages, des encaustiques en absorbe de grandes quantités.

 

Grâce aux progrès de la chimie, les dérivés de l'essence sont, de jour en jour, plus nombreux et plus employés. L'essence de térébenthine a atteint, il y a quelques années, un prix très élevé, ce qui a provoqué pour certains emplois (fabrication des peintures par exemple), son remplacement par des produits meilleur marché, mais de qualité inférieure; l'essence minérale, le white spirit, importé d'Amérique.

 

Dans l'intérêt de notre pays et de notre région, n'utilisons donc que la peinture à base d'essence de térébenthine garantie pure.

 

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LA COLOPHANE.

 

Les colophanes que les usines du Bazadais produisent très pures, très claires, très belles, ont des applications de plus en plus nombreuses. Autrefois, elles ne servaient qu'à la fabrication des allume-feux, des vernis bon marché et du savon mou. Aujourd'hui, les usages de la colophane se sont extrêmement développés et se développent tous les jours.

 

Depuis quelques années, l'industrie des savons durs en consomme des quantités considérables. Le savon à base de résine a des qualités appréciables: il est légèrement parfumé et fortifiant, il se dissout même dans les eaux calcaires et saumâtres. Aucun savon n'enlève aussi bien le cambouis. Utilisons donc les savons résineux.

 

Les colophanes servent encore à la préparation des beaux vernis incolores, des peintures laquées, de la poix de brasserie, des cires à bouteilles, des huiles de résine utilisées dans la fabrication des encres d'imprimerie, des graisses de voitures, des huiles de transformateurs; elles trouvent de nouveaux débouchés dans le travail du caoutchouc.

 

L'industrie pharmaceutique et l'industrie des matières colorantes en font un usage de plus. en plus grand.

 

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LES BRAIS.

 

Les brais sont surtout employés dans les papeteries, pour l'encollage des papiers, ce qui l'empêche de boire l'encre, de rester buvard.

 

Ils servent de revêtement aux fûts de bière pour empêcher le contact du bois avec le liquide.

 

Ils alimentent les foyers contre les gelées dans les champs. Ils servent à fabriquer des bûchettes allume-feux.

 

L'industrie des produits résineux est loin d'avoir dit son dernier mot. Certainement, la science leur trouvera dans un avenir rapproché d'autres utilisations qui seront pour notre région une nouvelle source de revenus.

 

Les usines qui distillent la gemme sont nombreuses dans la région landaise du Bazadais. Peu de communes en sont dépourvues. Certaines localités importantes en comptent même plusieurs : Saint Symphorien, Hostens, Villandraut, Préchac, Captieux, etc.

 

Pourquoi l'essence de térébenthine doit-elle être employée dans les peintures ?

 

Parce que l'essence de térébenthine facilite le séchage des peintures et des vernis gras. En effet, l'essence de térébenthine est susceptible de fixer facilement l'oxygène de l'air en s'épaississant et formant ce qu'on appelle l'essence grasse. 

 

Cette essence grasse cède une partie de son oxygène à l'huile de lin dont elle active ainsi la siccativation, en favorisant le séchage rapide de la peinture. D'autre part, cette essence grasse demeure dans la peinture et le vernis dilués à l'essence de térébenthine en leur donnant du corps, de la souplesse, de la résistance, en un mot en améliorant leur qualité et leur durée.

 

N'employons comme peintures, savons, encaustiques, etc., que des produits à base de térébenthine, brais ou colophane. Nous nous en trouverons bien.

 

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L'INDUSTRIE DU BOIS DE PIN.

 

Huitième leçon.

 

Et quand les veines de l'arbre martyrisé n'auront plus de sève, l'homme le marquera au flanc. D'autres bourreaux feront leur oeuvre. Le pin qui montait droit comme une colonne vivante, sera abattu dans la bruyére et de cupides marchands le dépèceront ...

... Car eux, les pins à l'immortel feuillage ne meurent qu'en tombant, fauchés par la hache et s'abattent de toute leur hauteur dans les clairières, sans avoir vu jamais leur front découronné par l'automne.

E. Delbousquet.  

 

 

Le bois de pin n'a pas toujours été apprécié comme il l'est aujourd'hui, Il fut un temps où on ne lui reconnaissait aucune qualité.

 

Il était tout juste bon, disait-on, à construire des parcs à moutons dans la lande, à donner du bois de chauffage et à fabriquer du charbon et du goudron. Les architectes refusaient de  l'employer dans les constructions.

 

Le bois de pin est pourtant d'excellente qualité aujourd'hui, sa valeur et sa puissance de conservation sont reconnues par ceux qui l'emploient en France et à l'étranger.

 

Nous allons passer en revue ses nombreux usages.

 

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Bois d'éclaircissages.

 

Les premiers éclaircissages donnent des lattes, des échalas, des manches à balais, du bois pour les boulangers, du bois de chauffage.

 

Entre la vingtième et la trentième année les Pins d'éclaircissage donnent les poteaux de mines.

 

Jusqu'à ces dernières années, les bateaux anglais qui venaient porter de la houille dans les ports de Bordeaux et de Bayonne, repartaient pour l'Angleterre chargés de poteaux bruts, non pelés, destinée à étayer les galeries des mines.

 

Ces poteaux, expédiés en très grande quantité durant de nombreuses années, ont donné aux propriétaires de la forêt landaise d'importants revenus et procuraient du travail à un grand nombre de bûcherons, de muletiers et de bouviers.

 

Depuis trois ans environ, l'Angleterre ne nous achète presque plus de poteaux et l'exploitation est devenue à peu près nulle. Mais notre région expédie des poteaux pelés aux bassins houillers français du Nord et du Massif Central et aussi aux mines belges.

 

Elle fournit aussi à toute la France et même à plusieurs pays étrangers des Poteaux télégraphiques choisis parmi les plus droits et les plus sains.  Avant d'être expédiés, ils sont injectés d'un liquide composé de créosote et de sulfate de cuivre, liquide qui augmente leur puissance de conversation et de résistance. 

 

Malheureusement pour notre région, l'emploi des poteaux en ciment se généralise et les poteaux télégraphiques en bois de pin sont de moins en moins demandés.

 

 

LES SCIERIES.

 

Les pins de place que l'on abat à partir de leur soixantième année sont vendus à des industriels qui les transforment en traverses de chemins de fer et en planches.

 

Autrefois, le sciage des planches était fait par des équipes de scieurs de long dispersées dans la forêt où elles vivaient dans des  huttes. Deux scieurs de long faisaient à peine de vingt-cinq à trente planches par jour.

 

Les scieurs de long devinrent bientôt insuffisants et les premières scieries mécaniques firent leur apparition. Les premières scieries à vapeur utilisèrent la scie alternative droite, qui fut bientôt remplacée par la scie circulaire. Cette dernière a fait place à la scie à ruban qui peut donner plus de mille planches par jour.

 

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SCIERIES VOLANTES ET SCIERIES FIXES.

 

Les scieries sont de deux sortes; les plus anciennes, les scieries portatives ou volantes, ont remplacé les scieurs de long ; elles vont trouver le bois dans la forêt, à l'endroit même où il a été abattu, parfois après un incendie. Elles sont encore nombreuses dans notre région. Elles transforment les pins en traverses de chemins de fer et en planches.

 

Sur la lisière d'une pinède incendiée, ronfle, siffle et fume la machine d'une scierie volante. Des cabanes de planches abritent toute une tribu de bûcherons nomades. Des femmes vont, de-ci, de-là, un mouchoir d'indienne noué sur leurs cheveux poudrés de sciure d'or. Des enfants se vautrent dans les monticules mouvants de  bren  (son de bois) amoncelé autour. Les hommes déchargent les troncs gluants de sève où les cares anciennes sont des plaies blanches veinées de rose et de bleu et les font glisser sur la scie.

Le fer crisse. Il mord le bois qui semble gémir douloureusement. Une à une, avec un bruit strident, chaque lame se détache. Des mains attentives la saisissent avant qu'elle ait touché le sol.

A quelques pas, les piles de planches s'échafaudent en hautes tourelles hachurées, de forme rectangulaire ou carrée, qui rayonnent toutes d'ocre ou de chrome dans la noire étendue des sables. De loin, on dirait les ruines d'une ville morte.

E. Delbousquet  En Gascogne .

 

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Les scies fixes.

 

Les scieries fixes sont de véritables usines, remarquablement outillées.

 

Les billons transportés de la forêt à l'usine par des bouviers ou des muletiers sont écorcés et transformés en planches par des scies à ruban. Les planches sont portées par des wagonnets sur rails au magasin, vaste emplacement qui avoisine la scierie; là, elles doivent sécher pendant six mois au moins avant d'être utilisées. Dans certaines usines, le séchage se fait plus rapidement dans des étuves.  

 

Les planches sèches sont rapportées à l'intérieur de la scierie pour être transformées en un grand nombre de produits.

 

L'usine de Villandraut de la Société Soprofor par exemple, fabrique les objets suivants avec des planches de pin: des caisses en fardeaux prêtes à être montées ; des parquets prêts à être posés, de divers modèles; des moulures pour canalisations électriques, des maisons et baraquements démontables, des douves, douilles, fonds et porte-fonds pour barils d'emballage, des caissettes, cageots et paniers pour fruits et primeurs; des boîtes pour envoi d'échantillons et pour colis postaux; des étuis perforés pour flacons; des manches pour balais, balayettes et pinceaux ; des cales de barriques pour expéditions par chemin de fer et pour caves, des ruches à cadres, des fagotins, allume-feux, provenant des déchets de la fabrication des caisses, etc...  

 

La Société Soprofor est une des plus importantes maisons d'exploitation de bois du Bazadais. La première usine fut fondée en 1862, par M. Jean Marc, dont le nom et l'oeuvre sont encore présents à l'esprit de tous les anciens du Bazadais.

 

La Société compte actuellement deux scieries fixes : une à Préchac et une à Villandraut, la plus importante. Il y a quelques années, avant la crise industrielle, ces usines débitaient annuellement vingt-cinq mille arbres et occupaient trois cents ouvriers et ouvrières.

 

M. Jean Marc fut un des principaux créateurs de l'industrie du bois dans la région Bazadaise.

 

Cette industrie a eu une heureuse influence sur les populations de la région landaise. Elle a considérablement augmenté les revenus des propriétaires de forêts de pins, elle a donné du travail à un grand nombre de personnes (hommes et femmes) bûcherons, bouviers, muletiers, ouvriers et ouvrières des scieries. 

 

Ses produits vont dans toute la France et luttent contre l'importation étrangère; ils

 vont même dans les pays voisins et ont fait de cette pauvre région, à peine agricole, un pays industriel exportateur.  

 

Parmi les nombreuses scieries fixes et volantes du Bazadais, les plus importantes sont celles d'Hostens, de Saint Symphorien, de Villandraut, de Préchac, de Captieux, de Beaulac. Il en existe même hors de la région landaise: cinq à Langon, une à Castets en Dorthe, une à Toulenne, une à Auros, une à Savignac, une à Bazas, deux à Grignols, etc. Certaines ne font que la planche, d'autres les manches à balais, les parquets, les caisses. D'autres usines font aussi les pavés en bois pour Paris et les planches dites planches d'Espagne, etc.

 

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AUTRES DERIVÉS DU BOIS DE PIN.

 

 

Tous les bois ne vont pas dans les scieries ; nous avons déjà parlé des jeunes pins d'éclaircissage, des poteaux de mines, des poteaux télégraphiques. Les cimes des pins de place abattus donnent un excellent bois de chauffage vendu dans tout le département. Les branches sont souvent transformées en charbon, dans la forêt même, soit par l'ancien système des meules (charbonnières), soit par le procédé nouveau des fours métalliques qui suppriment les dangers d'incendie.

 

En chauffant en vase clos les parties de l'arbre riches en résine (souches de pins abattus) et tous les déchets, on obtient du goudron.

 

 

La pâte à papier.

 

Le bois de pin est utilisé depuis quelques années pour fabriquer de la pâte à papier employée dans plusieurs papeteries du Sud-ouest notamment celles de Facture, de Mios et de Beautiran dans la Gironde et celle de Monfourat dans la Dordogne, mais il est regrettable que, la pâte à papier importée de Suède et du Canada puisse être livrée à ces usines à un prix inférieur à celui de la pâte à papier provenant de la forêt landaise. Cet état de choses prive notre région d'un important revenu.

 

 

Le carburant national.

 

Enfin, le bois de pin et le charbon de pin sont peut-être appelés à fournir, un jour, le carburant national destiné à remplacer l'essence, produit d'importation très couteux. Des camions utilisent déjà des gazogènes alimentés par le bois de pin ou le charbon de pin.

 

Et ce n'est pas tout; nous n'en finirions pas si nous voulions continuer la liste de tous les produits que l'on a retiré du bois, de l'essence, de la colophane, liste que des recherches d'inlassables techniciens allonge tous les jours. 

 

Le bois de pin est encore utilisé pour fabriquer des barriques servant à l'expédition des colophanes et des brais et pour faire des allumes-feu, petites chevilles trempées dans du brai, il en existe une fabrique à Captieux.

 

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L'Institut du pin.

 

L'Institut du pin sous la haute direction de professeurs de la Faculté des Sciences de Bordeaux avec la collaboration de chimistes, de techniciens, d'industriels de la région landaise (Gironde et Landes), a développé considérablement depuis une dizaine d'années la connaissance des produits et des sous-produits de la forêt et de leurs utilisations industrielles. Toute la région landaise, que le pin fait vivre, lui doit beaucoup.

 

Utilisons les produits de notre forêt landaise, le bois de Pin maritime sous toutes ses formes, le papier de bois de pin; les peintures, les encaustiques, les cirages garantis à l'essence de térébenthine pure, le savon de ménage garanti à la résine.

Tous ces produits sont d'excellente qualité.

 

 

LES COTEAUX DU BAZADAIS

Leur aspect. Le sol. Les habitants. Les cultures.

 

 

Neuvième leçon.

 

Aspect.

 

La partie du Bazadais située entre le Ciron et la Garonne est une région accidentée formée par les côteaux des cantons de Bazas, de Grignols, d'Auros et de Langon.

 

On y trouve des plateaux assez vastes, généralement inclinés, séparés par de profondes coupures: les vallées du Lisos, de la Bassanne et du Beuve, des élévations de terrain d'étendue plus modeste sont liées les unes aux autres par des pentes ondulées conduisant à des vallons sinueux où coule souvent un joli ruisseau.

 

En raison des nombreux accidents de terrain, cette région offre des sites pittoresques. Le plateau de Gans, par exemple, au nord-est de Bazas, domine les vallées et côteaux environnants et les yeux sont ravis par un splendide panorama qui s'étend à des kilomètres à la ronde.

 

La riante verdure de la vallée se marie harmonieusement avec toute la gamme des couleurs changeantes des côteaux de l'arrière plan au-dessus desquels se dresse la fine silhouette du clocher de St Jean de Bazas, tandis qu'à l'horizon s'estompe le sombre ruban des landes girondines. Couronnez tout cela d'un sanglant soleil couchant et vous aurez un tableau digne des meilleurs pinceaux.

 

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Le sol. Les habitants. Les cultures.  

 

Vers le nord l'argile domine, côteaux d'Auros, de Langon, de Sauviac, d'Aillas, de Bazas, de Grignols. On la trouve mélangée surtout à la chaux (terrains argilo-calcaires), mais aussi au sable (terrains argilo-siliceux) et à la grave. Tous ces terrains sont fertiles.

 

Vers le sud ouest des côteaux, à proximité de la zone landaise (Lerm et Muset, Beaulac, Uzeste, Noaillan), le sable domine de plus en plus et la fertilité diminue; les cultures deviennent moins abondantes, la forêt de pins commence.

 

Mais dans presque toute la région des côteaux, il n'est pas rare de trouver sur le même plateau, dans la même commune, à très peu de distance, sans transition, des terrains argilo-calcaires, d'autres argilo-graveleux, d'autres argilo-sableux et même des terrains essentiellement sablonneux ne pouvant recevoir d'autres cultures que le pin. C'est ce qui explique la grande variété des cultures et la présence de bosquets de pins dans tous les cantons du Bazadais jusqu'à Langon.

 

Les pentes sont surtout boisées et gazonnées (taillis de chênes, d'acacias, de pins maritimes, pacages). Les vrais terrains de culture sont ceux des plateaux. Au fond des vallées sont les grasses prairies où paissent de nombreuses bêtes à cornes (boeufs et vaches).

 

Dans son intéressant ouvrage: 

En Gascogne, Emmanuel Delbousquet décrit la région des côteaux Bazadais en ces termes:

 

De Bazas à Langon, la forêt se morcelle, coupée de cultures, de vallonnements verts, de prairies, de vignes en hauteur, de champs de maïs et de tabac. Sur les routes passent de grands chars à deux roues, attelés de Bazadais trapus, aux cornes courbes, encapuchonnés de draps blancs. Ils sont tels ces attelages que ceux de l'Albret, de la Chalosse, de l'Armagnac et du Béarn.

Jusqu'à la rive du fleuve que j'aperçois dans les bosquets, au bas des côteaux dorés que bleuit à peine la vapeur du soir, leurs bouviers accusent la même race que ceux des bords de la Midouze et de l'Adour. Leur visage est fin et brun. Guêtrés d'ampêles, coiffés du béret, ils parlent le dialecte gascon à peine altéré par le voisinage de la Garonne, ce grand chemin d'eau que suivirent tant de races et qui sépare nettement les deux pays.

Au bas des deux collines sablonneuses, Langon, ombragé de platanes, étale son port où, naguère, affluaient les bois de la Lande.

Qui dira le charme unique et mêlé, fait de joie plantureuse et de mélancolie de cette sorte de Normandie gasconne à la fois fraîche, verte et ensoleillée où les grands bois encadrent les riches cultures, les vignobles fameux ? . E. D. (En Gascogne).

 

M. Duprat, ajoute:

 

Toute la contrée est d'un charme prenant, avec ses vallonnements aux lignes souples, où les haies bleuissantes festonnent de leur ombre les pins et les champs; tout respire la paix et la fraîcheur, la joie du travail calme, la sérénité.

 

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Les cultures des plateaux.

 

 

 Le climat girondin permet de pratiquer sur les plateaux de notre région toutes les principales cultures auxquelles on se consacre en France: le blé, la vigne, le tabac, les betteraves, les pommes de terre, le maïs, l'avoine, le trèfle, les légumes, les arbres fruitiers occupent parfois la même parcelle de terrain. 

 

De même que le département de la Gironde, dont ils font partie, les côteaux du Bazadais sont une région de cultures en mélange. Cependant, trois cultures sont particulièrement en faveur, celles de la vigne, du blé, du tabac.

 

La culture en joualles est presque partout pratiquée : 2 rangs de vignes assez rapprochés (un mètre environ), sont séparés des rangs voisins par plusieurs sillons de terres cultivées (céréales, plantes fourragères, tabac, légumes). Autrefois, on trouvait même des joualles de 3 rangs de vignes ; aujourd'hui on ne voit, le plus souvent qu'un seul rang.

 

La culture du blé.

 

La culture du blé peut se faire jusque dans les sables vers Captieux et Lerm et Musset, mais la récolte n'est vraiment abondante et rémunératrice que sur les terrains plus consistants (surtout argilo-calcaires du nord et de l'est du Bazadais). Le blé est partout cultivé entre les rangs de vigne et presque partout en billons, surfaces bombées d'un mètre à un mètre vingt-cinq de large au maximum.

 

La culture en billons constitue une sorte de drainage à ciel ouvert, drainage nécessité par le peu de profondeur de la couche végétale et le peu de perméabilité du sous-sol formé presque partout, soit d'argile soit d'alios. Si le sol n'était pas bombé, lors des grandes pluies, la terre végétale serait rapidement saturée d'eau et le sol serait noyé.

 

 Ces billons ont un grand inconvénient : ils empêchent l'emploi des machines agricoles modernes qui ne peuvent circuler que sur des surfaces planes (semoir mécanique et moissonneuse lieuse).

 

Les cultivateurs du Bazadais auraient intérêt à les supprimer, à la condition bien entendu, d'approfondir les labours pour briser la couche imperméable, du sous-sol et favoriser ainsi l'infiltration de l'eau.

 

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Variétés de blé cultivées en Bazadais.

 

Les variétés de blé sont aujourd'hui très mélangées comme origine. On a suivi l'entraînement des nouveautés alors qu'il était indiqué de sélectionner dans les sortes locales:

 

Blé rouge de Bordeaux, pour les terres légères chaudes.

Blé blanc dit de Gironde, pour les "boulbènes" saines. (Terre douce sablo-argileuse assez fertile, analogue aux terres appellées "bouvées" sur différents points du département.

Blé dit Flouquet, pour les terres froides, sujettes à l'humidité printanière et au tassement estival.

 

Cette variété qui ressemblait à l'inversable comme aspect et stature à paille plus fine était caractérisée par quelques arêtes sur les épillets supérieurs et sur les glumes un léger velouté.

 

Le grain était des meilleurs pour la meunerie.

 

Le blé d'oiseau, que la légende veut venu d'un grain trouvé dans le gésier d'une palombe, a l'aspect d'un blé de la Baltique, il a une paille haute et fine de bonne tenue, rougeâtre à la maturation au-dessous de l'épi blanc, effilé, à grains fins mais lourds. Il convient aux terres assez chaudes et assez profondes des plateaux.

 

Ces variétés ont disparu devant l'influence déprimante, pour elles, des engrais favorisant la verse, sur les terres à tabac. Aussi, les cultivateurs sont-ils à la recherche des variétés de paille de bonne tenue.

 

Le défaut est de vouloir deux choses inconciliables : la paille haute et la rigidité pour des terrains sursaturés d'engrais azotés.

 

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On rejette aussi les variétés à barbes qui sont pratiquement plus rustiques et plus prolifiques. On leur reproche de ne pas permettre l'emploi des balles et des menues pailles qui sont utilisées pour mélanger aux navets hachés comme fourrages. Petit inconvénient pour une grosse perte sur les rendements en grains. Les blés barbus résistent généralement à la coulure et à l'échaulage.

 

S'ils ne donnent pas les rendements exceptionnels des blés nouveaux, ils en donnent aux cours des années de plus réguliers, tel le blé rouge, magnifique dérivé du Bordeaux.

 

Les semailles se font à l'automne vers la fin du mois d'octobre (aussitôt après les vendanges), surtout à la volée. On ne met guère d'engrais pour les blés : ils bénéficient de ceux, très abondants, pour le tabac.

 

Au mois de juillet, on procède à la moisson, l'ancienne faucille est remplacée par le volant et on utilise de plus en plus la faucheuse avec appareil à moissonner.

 

Autrefois, on dépiquait le blé sur l'aire à l'aide du rouleau de pierre suivi de la traîne. Ce procédé est remplacé par celui des batteuses mécaniques à grand travail qui appartiennent à des entrepreneurs de battage ou à des coopératives. Les voisins s'entraident  par 18 ou 20 pour le dépiquage de leurs gerbes.

 

La récolte locale du blé ne suffit pas, à la région, surtout si on l'étend à la partie boisée du Bazadais.

 

Autrefois, ce blé était porté aux moulins à vent des côteaux,  les moulins à vent ont disparu et disparaissent aussi ceux qui sont mus par les cours d'eau : Lisos, Bassanne et Beuve.

 

Les agriculteurs avisés s'inquiètent d'améliorer les rendements et la qualité de leur récolte de blé. Ils choisissent, à la moisson, quelques kilogrammes de beaux grains puisés dans les touffes les plus saines, les plus précoces, celles qui sont le moins atteintes de rouille et les sèment à part. Ils gardent chaque année le grain pour les semailles suivantes. Chaque métairie devrait se munir de sa batteuse à petit travail, maintenant surtout que l'électrification des campagnes le permet.

 

C'est le canton de Bazas qui cultive le plus de blé 1.700 hectares; puis vient le canton de Grignols, 900 hectares, puis le canton de Langon, 760 hectares, puis le canton d'Auros, 740 hectares. Le canton de Villandraut y consacre 120 hectares, le canton de Captieux 70 et le canton de Saint-Symphorien, 25.

 

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Le seigle.

 

La culture du seigle se fait surtout dans la région landaise. Sur les côteaux, le seigle est aussi largement cultivé comme fourrage et aussi pour fournir les liens qui servent à entourer les gerbes de blé.

 

Le canton de Bazas consacre 300 hectares à la culture du seigle, le canton de Grignols, 230, le canton d'Auros, 63, et le canton de Langon, 52. C'est le canton de Villandraut qui en cultive le plus, 1.900 hectares, puis vient le canton de Captieux, 1.300, puis le canton de Saint-Symphorien, 800.

 

 

L'avoine.

 

L'avoine est moins cultivée qu'autrefois. Chaque cultivateur récolte surtout l'avoine grise d'hiver et seulement la quantité nécessaire aux besoins de la ferme.

 

 

Le maïs.

 

Le maïs fourrager se rencontre un peu partout. Les sols très différents lui conviennent. Il pousse aussi bien dans le sable (région landaise) que dans les terrains argilo-calcaires des côteaux et de la vallée. Autrefois, le maïs, réduit en farine, était utilisé dans notre région pour l'alimentation de l'homme. Aujourd'hui, il est cultivé en vue d'engraisser les volailles et les porcs.

 

On fait peu de maïs à grains sur les plateaux, seulement ce qui est nécessaire à l'engraissement du porc et des volailles de la ferme, encore en manque-t-on souvent (1.400 hectares pour tout le Bazadais).  

 

Enfin, chaque métairie cultive la pomme de terre (1.200 hectares sur tout le Bazadais), la betterave fourragère et le rutabaga (700 hectares), le topinambour ( 100 hectares) et toutes sortes de légumes que les ménagères vont vendre au marché.

 

Les prairies artificielles sont assez nombreuses un peu partout, ainsi que les prairies naturelles et les pacages.  

 

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LES FORETS.

 

Les forêts occupaient autrefois la majeure partie des côteaux. Depuis un siècle, de grands espaces ont été déboisés et livrés aux cultures.

 

 

Le robinier ou faux acacia.  

 

L'arbre appelé communément acacia est en réalité le robinier. Son nom vient de Robin qui l'importa d'Amérique vers 1600.  On trouve un peu partout des pièces d'acacia, surtout dans les cantons de Villandraut et de Langon. Il en existe près de 1.500 hectares disséminés dans les communes de Villandraut, Noaillan, Uzeste, Léogeats, Sauternes, Fargues, Langon, etc...

 

L'acacia s'accommode de sols sablonneux et même des sols les plus divers pourvu qu'ils soient assez meubles. Les souches émettent de nombreux rejets, ce qui assure la perpétuation des taillis.

 

Comme le pin, l'acacia donne lieu à plusieurs éclaircissages. Ces éclaircissages fournissent des échalas pour la vigne, des carrassonnes, piquets pour la vigne employés surtout en Médoc, des piquets. La coupe principale qui a lieu vers 25 et même 30 ans donne des pièces de charronnage, des jantes de voitures, des madriers, des merrains, bois de tonnellerie. Le bois d'acacia est très dur et très résistant.  

 

 

Le chêne et le pin.

 

Sur les pentes, les champs sont entre-coupés de bosquets, de taillis de chênes et de beaux chênes-rouvre. Le pin maritime se dresse sur tous les terrains où le sable domine, jusqu'à Langon.

 

Le pin tend même à prendre une place plus grande depuis que l'oïdium du chêne réduit le départ des pousses après les coupes et provoque la mortalité des souches.

 

On trouve des châtaigniers un peu partout dans le Bazadais, mais surtout vers Grignols. Il est cultivé davantage pour son bois que pour ses fruits. Son bois est utilisé en tonnellerie.

 

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Les arbres fruitiers.

 

Dans le Bazadais, les arbres fruitiers, disséminés dans les vignes ou en bordure d'allées, ne sont guère cultivés que pour la consommation familiale des fruits. Les poiriers, les pommiers, les pêchers et les châtaigniers sont les plus nombreux, puis viennent les cerisiers, les pruniers, les abricotiers, les framboisiers, les groseilliers et les figuiers.

 

Les prunes, notamment la variété "ama" blanc, riche en sucre, tendant à disparaître. C'est dommage, car elles fournissent d'excellentes marmelades et aussi, séchées, elles donnent un pruneau doré, charnu et parfumé, supérieur au pruneau d'Agen, pourtant très renommé. Autrefois, le pommier était assez cultivé. Il disparaît lui, aussi, peu à peu.

 

Dans la vallée de la Garonne, vers Barie et Bassanne, on plante depuis quelque temps des poiriers, notamment la variété Williams, qui donne un fruit délicieux destiné à être vendu à Bordeaux et même en Angleterre.

 

Dans notre région, et il en est malheureusement ainsi sur beaucoup de points en Gironde, il n'est pas rare de trouver, dans des vignobles très bien tenus des arbres fruitiers absolument négligés, poussant sans aucun soin et par conséquent en très mauvais état.

 

La culture des arbres fruitiers est, en effet, trop négligée. Elle pourrait fournir des revenus appréciables à de nombreux propriétaires, mais il faudrait se borner à la culture de quelques bonnes espèces et les soigner. Nos arbres pourraient approvisionner en fruits toute la région, les villes voisines et, en partie, les confiseries de Bordeaux. Nous ne verrions plus nos marchés envahis par des fruits étrangers qui ne valent pas les nôtres.

 

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L'introduction de la pomme de terre dans les cultures du Bazadais.

 

C'est au 18e siècle, sous le règne de Louis XVI que la culture de la pomme de terre fut introduite en France.

 

Voici, d'après M. Rachel Séverin, comment elle fit son apparition dans notre région:

 

"Au 18e siècle, les disettes éprouvaient d'autant plus la population des cultivateurs bordelais que les grains, blé, maïs, millade et sarrazin constituaient leurs seules ressources pour tout l'hiver. On ne cultivait pas encore la pomme de terre qui donne dans nos terrains, des produits si avantageux et si délicats, constituant pour l'approvisionnement alimentaire un appoint si précieux.

 

Les premiers essais de culture de la pomme parmentière, comme on appelait alors ce tubercule datent de 1769.

 

Le subdélégué Bourriot s'appliqua énergiquement à vulgariser, en Bazadais, la culture des pommes de terre. Durant l'hiver, il fit répandre une brochure donnant sur cette culture toutes les indications utiles. Il fit avec le plus grand soin, préparer le terrain par les propriétaires qui voulurent bien se prêter à cet essai. On lui annonça soixante-dix barriques venant d'Irlande, qu'il attendait à la fin de février, mais qui n'arrivèrent au port de Langon que fin avril.

 

Bourriot craignait de planter trop tard et hésitait à réaliser l'expérience de la nouvelle culture, par appréhension des chaleurs de mai et de juin qui auraient pu brûler cette plante venue d'un pays froid.  On le rassura et il put bientôt annoncer à l'intendant, la distribution aux expérimentateurs des semences reçues en bon état de conservation.

 

Les cultivateurs montrent beaucoup d'empressement à entrer à cet égard dans les vues de monsieur l'Intendant, écrit-il le 20 avril 1769.  Mais de la part des métayers qui vivent d'emprunts au détriment de leurs maîtres, il est loin d'en être de même; ils s'imaginent que ceux-ci voudraient substituer les pommes de terre au blé qu*ils ont coutume de leur prêter.

 

Malgré tout, Bourriot insiste, dit-il, auprès des métayers en leur exposant que la pomme de terre n'est pas seulement une ressource inestimable pour l'alimentation de l'homme; qu'elle peut servir aussi à l'engraissement des bestiaux. Il y a lieu d'espérer, ajoute-t-il, que ce dernier avantage engagera les métayers à se porter aux vues favorables des propriétaires pour cette culture.

 

Lentement, cet espoir se réalisa. On jeta dédaigneusement les premières récoltes aux pourceaux.

 

Cependant, les résultats obtenus furent si démonstratifs, et la pomme de terre, à titre de culture nouvelle, se trouvant exemptée de dîmes, peu à peu les métayers eux-mêmes se décidèrent à la cultiver...  

 

Grâce à la pomme de, terre, la grande disette de 1789, n'éprouva pas les populations du Bazadais, aussi impitoyablement que celles de beaucoup d'autres parties de la France. La pomme de terre remplaça le blé dont la récolte fut presque nulle. Il atteignit cette année-là, un prix excessif qui souleva dans un grand nombre de régions les populations déjà excitées par le mouvement politique.

 

En Bazadais, la population fut calme."  

 

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Réalisée le 17 décembre 2003  André Cochet
Mise ur le Web le   décembre 2003

Christian Flages

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